This is a reproduction of a library book that was digitized by Google as part of an ongoing effort to preserve the information in books and make it universally accessible. Google books https://books.google.com Google À propos de ce livre Ceci est une copie numérique d’un ouvrage conservé depuis des générations dans les rayonnages d’une bibliothèque avant d’être numérisé avec précaution par Google dans le cadre d’un projet visant à permettre aux internautes de découvrir l’ensemble du patrimoine littéraire mondial en ligne. Ce livre étant relativement ancien, 1l n’est plus protégé par la loi sur les droits d’auteur et appartient à présent au domaine public. L'expression “appartenir au domaine public” signifie que le livre en question n’a jamais été soumis aux droits d’auteur ou que ses droits légaux sont arrivés à expiration. Les conditions requises pour qu’un livre tombe dans le domaine public peuvent varier d’un pays à l’autre. 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Vous pouvez effectuer des recherches en ligne dans le texte intégral de cet ouvrage à l’adresse http : //books.gqoogle.com v SOCIÉTÉ ROYALE Gap messes * “+ QT MÉMOIRES DE LA Le SOCIÉTÉ ROYALE D'ARRAS. d POUR L’ENCOURAGEMENT DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES ARTS. SÉANCE PUBLIQUE DU 26 AOUT 1823. ARRAS, | TOPINO, Libraire, rue St.-Aubert. BEEN De l'Imprimerie d'Edmond Bouray, Imprimear de la Préfecture et de la Société, 1824. Lo LA + , ë à < r. % Lg. ARLES je à ” ATEN “ne Ty LES LAVER AUEN Ana SÉANCE PUBLIQUE Du 26 AourT 1823. - me -e-uuere cn DISCOURS D'OUVERTURE Par Mx THELLIER DE SANS, Caancrrtra, | ! mOi s— ." E repréite the vivement que l'absence du digne Président de la Société nous enlève le pré- _cieux aväntage de l’éntendre en ce jour, et les regrets que j'éprouvé sont d'autant plus réels que je sens combien il me serait difficile de le rem- : placer dignement ; aus je dois m acquitter du devoir que vos. suffrages m'ont imposé, et j'ai droit à ce titre de compter sur votre indul: pos | L | . (2) Chaque année nous venons à cette époque au milieu des fêtes que nous célébrons dans cette ville, en mémoire de l’événement heureux qui nous a conservé le beau nom de Français, nous venons , en décernant les palmes que nous avons accordées, rendre compte en même tems de nos travaux et des efforts que nous ne cessons de faire pour répondre au but de notre institution. Répandre le goût des sciences, des lettres et des arts, voilà l’objet que nous nous proposerons sans cesse, persuadés, malgré les brillans so- phismes d’un illustre écrivain que les sciences et les lettres ne peuvent que contribuer au bonheur des hommes ; qu’elles sont même utiles pour le maintien de la religion et la tranquillité de l’état ; en effet, l'homme vraiment éclairé s’attachera plus particulièrement à la religion, cette pre- “mière base de la société, se soumettra à ses dogmes sacrés également par conviction et par ‘amour : il cramdra d'y porter la plus légère at-+ teinte, lorsqu'il se rappellera les maux innom- ‘brables que l’impiété a attirés sur notre belle Patrie et dont nous avons été pendant un grand nonibre d'années les malheureuses victimes, Ce que je dis de la religion s'applique dans (C3) Fordre politique au principe également conser- vateur de la légitimité. En comparant le repos dont nous jouissons depuis que la divine pro- vidence a rendu à nos vœux cette Famille Au- guste à laquelle sont attachées les destinées de la France, aux troubles qui ont. agité pendant si longtems ce royaume, dans l’absence de son Roi, noüs demreurerons convaincus que ce re- tour, objet de tant de vœux , était le seul moyen de rappeler parmi nous la paix et le bonheur, de nous ramener à l'amour des sciences , des lettres et des arts, qui adoucissent les mœurs et font le charme de la vie ; et nous nous souviens drons toujours avec recormaissance que c’est à notre Auguste Monarque que nous devons le ré- tablissement de cette Société qui a succédé à l’an- cienne Académie d’Arras, si justement célèbre et qui à laissé non-seulement dans cette ville ; mais dans toute la province d'imposans souve- nirs. Nous mous efforcerons de marcher sur les traces de nos devanciers, en inspirant le goût des études, en propageant les saines doctrines ; en cherchant enfin à améliorer Île sort de nos concitoyens ; heureux d’être secondés dans ce noble dessein par la protection éclairée du pre- mier Magistrat de ce département, dont le nom seul est un éloge et dont l’administçation sage et 4) paternelle nous fait bénir chaque jour davantage le choix de Sa Majesté. _ Parmi les arts, il en est un surtout qui doit attirer toute notre attention, puisqu il contribue si puissamment à la prospérité de l'État et au bonheur des individus : ici, Messieurs , vous avez déjà nommé l'Agriculture, cette première source de toutes richesses. Quoique sous un grand nombre de rapports notre département n'ait rien a envier à cel égard aux autres départemens du royaume , nous pensons néanmoins que la cul- ture des terres est encore susceptible de beau- COUP d'améliorations | | principalement dans x arrondissemens de Boulogne et de St. Pol, que l’on peut espérer de voir par la suite, sinon détruire entièrement, du moins diminuer le grand nombre de jachères qui affligent les re- gards particulièrement dans les deux arrondisse- mens que je viens de nomnmier. Quoiqu' il en soit , nous osons espérer du moins que nous n° aurons pas en vain fait un nouvel appel à ceux qui s’ ap- pliquent à l'étude de cette branche importante des connaissances humaines, Îl serait sans doute superflu que je vous rap+ pellasse combien l'agriculture a été honorée dans fous. les siècles. Les peuples de. l'antiquité pla: TT — | 65) çaient au rang des dieux ceux qu’ils croyaient avoir été les inventeurs de ce premier des arts} Osiris , en Egypte; Cérès , dans la Grèce ; Janus , chez les Latins , en sont des exemples. Les Rois ne dédaignèrent pas d’exercer cet art : le pre- mier objet du Législateur des Romains fut l'agri- culture ; les premiers de ces peuples furent labour reurs. Dans les premiers tems et les beaux jours de Rome, l’agriculture était dans la plus haute estime et dans la distinction des citoyens Ro- mains , les plus considérables , les plus distin- gués furent ceux qui formaient les tribus TUSr tiques. Cicéron écrivait qu *l n'y avait rien de plus beau, de plus utile que l'agriculture, ni de plus digne d'occuper les loisirs du peuple Ro- main. Constantin-le-Grand ordonna aux receveurs des deniers publics, sous peine de mort, de laisser en paix le labourenr indigenit. Tout le monde st en quel honneur l'agriculture est dans la Chine. Il est tes que le Français avide de tous les genres de gloire , tourne ses regards vers gette branche féconde de la prospérité nationale. Avant de terminer, qu'il me soit permis de déplorer avec vous la perte que nous avons faite, cette année, de M. le baron Deslyons, l’un des membres honoraires de cette Société. Il appar- C6) tenait à l’ancienne Académie d'Arras, où à se fit connaître par plusieurs mémoires qu'il publia sur les antiquités de la province d’Artois et les différens peuples qui l’ont habitée succes- sivement ; l’âge n'avait pu ralentir son zèle, et lorsque la mort l’a frappé il s’occupait encore d'un ouvrage sur l’histoire de notre pays; es- pérons que s’il a eu Île loisir de l’achever, ses enfans ne nous priveront pas des derniers tra- vaux de notre digne collégue. La mort vient de nous enlever également M. Je prince de Béthune-Hesdigneul , autre membre honoraire de la Société , connu aussi d'une ma- nière très -ayantageuse à l’ancienne Académie d'Arras. Nous aimons de nouveau à le proclamer ; nous avons contracté de grandes obligations : le desir d’être utiles nous les fera remplir’, «et si nos ef- forts sont couronnés du succès , nous serons trop heureux d’avoir pu contribuer au bien-être de nos concitoyens : nous répondrons ainsi aux vues bienfaisantes d'un Prince dont tous les momens sont consacrés au bonheur de ses Sujets et dont la noble ambition est de consolider et de per- fectionner les institutions que sa haute sagesse nous à DonnEes | | | C7) ‘Je laisse maintenant à notre Secrétaire per: pétuel le soin de vous rendre compte des tra- vaux auxquels nous nous sommes livrés pendant le cours de cetie année , et depuis notre der- nière séance publique. 68) RAPPORT SUñ | LES TRAVAUX DE LA SOCIÈTÉ ran M: T. CoRNILLE, SECRÉTAIRE PERPÉTUEL. ES MESSIEURS; | or que j'ai l'honneur de vous pré- senter, est céllé dés Sois qüé Vous multipliez pour répandre parmi vos concitoyeus les lumières et les connaissances qui provoquent ou font ac- cepter les découvertes utiles : sans elles les amés borations en quelque genre que ce soit devien- draient impossibles ; il ne faudrait même plus espérer d'augmentation ni dans la prospérité du pays, ni dans le bonheur de ses habitans. _ Lorsque je prends Îa parole en votre nom ; je n’ignore pas que ce doit être uniquement pour rendre compte de vos travaux ; je me renfermerat (C9 ) | donc exclusivernent dans les :attributions qui mé sont données, .et.ne retarderai paint par des .di- _gressions.étrangères, l'intérêt que doivent.inspirer d’antres lectures auxquelles. cette séance est aussi consacrée ; je.me ‘hâte d'entrer ,dans :mon :sujet. Le PARTIE. — SCIENCES. MÉTÉOROLOGIE. Nous. -vous disigns. la année dernière FA se fait intéressant de connaître jusqu'à quel .point la :secousse atmosphérique .qni à produit, ,le 24 au 25 décembre 821, d'abaissement :subit du baromètre ,.ayait été simultanée ,.parce que :nops étions,convaincus.qu'i existe peu. de. phénomènes dont:les -conséquences , puissent ‘être plus. impor- tantes , et: l'explication Soit plus difcile. | Cette réflexion a inspiré : à nes membres dela Société l’idée de:faire ‘des recherches, et fe prendre à ce sujet :de nouvelles .informa- tions. Ïs vous ont communiqué les unes ;pt les autres.:Il en résulte effectivement. que cette dépression barométrique s'est fait sentir :prea- qu'en .même -tems dans :foutes les régions: Cés grandes modifications aïmosphériques :qu'on | ui à (ro) trouve très-rarement l’occasion d'observer, ont paru d'autant plus difficiles à expliquer, qu’elles ont eu lieu par des tems si calmes, qu'aucun mou- vement de translation de l'air ne semblait devoir les occasionner d’une manière aussi générale. Un autre fait non moins digne d'attention, n'a point échappé à nos collégues, c’est celui de l'élévation de la température plus qu’extraor- dinaire pour la saison, et qui a eu lieu dans presque tous les pays en même temps que la Chûte du barométre. Ces deux phénomènes arrivés à la même heure sont-ils dus à la même influence ? la remarque faite dans beaucoup d’en- ‘droits, d’éclairs-et de tonnerres, pendant ce pa- roxisme de l'atmosphère, semblerait rendre assez plausible l'explication qn'on a cherché à en don- ner, en-les attribuant à la grande rapidité des mouvemens de l’électrique. 3. Les mêmes collégues en vous communiquant ces réflexions , vous faisaient encore appercevoir ‘que l’année 182r, qui vous avait montré le. mini- :mum de la hauteur barométrique, se. distinguait ‘également par le phénomène opposé : en effet ‘le 6 février, le barométre atteignit une hauteur .non moins inconcevable ; la différence .de cette | (zx) pression atmosphérique entre les deux limites extrêmes d’oscillation barométrique naturelles en 1821, correspondrait, à-peu-près , ainsi qu'il est dit dans un journal savant , à l’effet que pro- duirait sur le baromèêtre une ascension e 2,060 pieds. # L'année 1822 présenta un fait météorologique moins extraordinaire à la vérité, mais heureu- sement assez rare dans nos contrées ; 1l est relatif à une trombe qui, le 6 juillet, fit sentir ses funestes “effets dans l'arrondissement de Si.-Omer, et vous a été retracé avec des détails circonstanciés par MM. Duhays et Desmarquois. I paraît que le six juillet à une heure et demie de l'après midi, des nuages venant de différens points se rassemblèrent avec précipitation dans la plaine d’Assonval, pour ne former qu’un seul nuage qui, tout--coup, obscurcit entièrement l’horison ; une vapeur épaisse, couleur de souffre en combustion, en sortit, descendit sur la terre et forma, en tournoyant avec une vitesse incon- : cevable, une masse oblongue de 30 pieds environ, s’éleva ensuite avec le bruit d'une bombe qui éclate , laissant sur la terre un enfoncement en . forme de bassin, de 20 à 25 pieds de EE | rence, C12) . Cette trombe suivait sa‘route à la’ manière d'un boulet qui frappe la terré et se relève ; plusieurs personnes assurent avoir vu'sôon: mouvement de rotation sur elle-même , et sortir de son centré des éclats de vapeurs, précédés d'une: lumière instantanée. ” Après avoir exercé de grands ravages dans divers endroits , elle parut se diviser : une partie se dissipa dans les airs; l’autre chassée par un vent impétueux se dirigea vers Lillers ; bientôt affaiblie dans sa marche, elle se dissipa égale- ment , et le tonnerre qui n'avait cessé de gronder , cessa au même instant de se faire enfendre. . Jusqu'à présent les membres de la société qui s'occupent le plus dé météorologie ne s'étaient appliqués qu'à vous en' signaler les circonstances les plus intéréssantes. Vous aviez souvent ma: hifesté le désir de posséder des observations suis Viés ét raisonnées dont Putilité est si bien dé: montrée. Pour répondre à ce désir, M. de Missy; _ depuis le r..F janvier dernier à remis, chaque “fois, sur lé bugedn un tableau où les hauteurs du thermormiètre au-dessus ef au-dessoùs de Ra glacé; sent indiquées atec soin pour chaque jour, et où l’on trouve des remarques particulières sur ” (13) chaque fait important qui. a pu:se présenter dans le mois; l'invention de ce genre de tableau appartient, il est vrai, à M. Francœur, mais M. de Missy y a apporté des. perfectionnemens qui le rendent plus précieux encoré, et ajoutent au mérite des: observations. ANTIQUITÉS. … Le zodiaque de Deridéra: qui péñidarit quelques tes a occupé plusieurs savans de l’Europe, a été pour M. Donop l’objet de réflexions écrites dans lesquelles. il rappelle Fopinion émise pat M. Biot dans un mémoire lu à l'institut; les discussions savantes de MM. Jomard et Cham- pollion le jeune ; les recherches aussi curieuses qu’intéressantes de MM. Helma, Fourrier et Sickler, et s’attaclie à démontrer Pincertitude qu règne encore sur l’époque à laquelle on doit faire reménter ce précreux monument des connaissances astronomiques des anciens Egyptiens. M. Donop dans ce même écrit envisage Île voyagé de M. Caillaud dans la grande Oasis sous le-ræpport des découvertes heureuses qui én ent “été le fruit; il y parle également des véyages et- Cr4) trepris depuis le mois d'avril r822 sur les bords dn Nil, et fait des vœux pour que de nouveaux _ voyageurs soient assez heureux pour découvrir de nouvelles inscriptions hyérogliphiques, afin que M. Champollion le jeune puisse, à l’aide de son alphabet, exercer sa sagacité à les traduire, et à nous en faire connaître le sens, le but et l'âge. Espérons, âvec notre collégue, que l’usage de cet alphabet dissipera l'obscurité qui couvre en- core à nos yeux l’époque de l'édification ou du rétablissement des anciens monumens de l'Égypte. PYROTHECHNIE.. Anciens artifices de guerre. Ï y a vingt-cinq ans qu’un accident arrivé dans Ja maison occupée aujourd’hui par M. Jean-Baptiste Désir, révéla l'existence de pièces d'artifices fort anciennes, trouvées dans le fonds d’un puits qui avait été comblé, | En vidant ce puits, le feu se communiqua à l’une d'elles, il y eut explosion; un ouvrier en fut la victime. (15) À la suite de cet accident, ces pièces d’arti- fices furent transportées dans les souterrains de la mairie, d’où notre collégue M. Cot en fit tirer deux de nature différente, l’une noire; l’autre jaune, pour les soumettre à votre examen. _ Îl résulte du rapport qui vous a été présenté pour la partie d'artillerie par M. Faille, que l’une et l’autre de ces pièces d'artifices étaient connues sous le nom de balles à feu, qui se projetaient sur l’assiégeant soit pour éclairer les travaux exécutés par lui pendant la nuit, soit pour in- cendier ses magasins ; que dans l’une on devait mettre des grenades chargées pour donner de la pesanteur à ce projectile et disperser la matièré enflammée lorsqu'il éclate; que dans l’autre on devait placer des bouts de canon de fusil ou de pistolet chargés de balles, afin d’écarter ceux qui auraient voulu les-éteindre. Cependant on n’a trouvé dans aucune ni grenade, ni bout de Canon. CL Cas | L'analyse chimique a donné les produits SUIYANS : | Pour la balle noire : quatre grammes de ma- tière résmeuse; douze de nitrate de eee ; buit de charbon ; huit de soufre. (16 : Pour:la balle jaune : deux grammes. de matière résineuse ; huit de :nitrale de potasse.; six .de soufre. Ainsi la différence la plus essentielle existante entre la balle noire et la balle jaune, est que çelle-ci contient -yne’ assez grande quantité de charbon, tandis qu'il.n’y en.a pas dans J’antre. La combustion de la balle jaune est beaucoup plus vive, ce qui s'explique par la proportion considérable de.nitrate qui s’y trouve. ‘Quelles qu’aient été vos recherches, vous n’avez pu fixer d'une manière certaine l’époque de la confection de ces artifices ; cependant tout a dà vous faire penser qu'il faut la remonter au tems du siège d'Arras, arrivé en 1654. - ARCHÉOLOGIE. L'origine des villes et des lieux habités ne. peut se découvrir qu'eu perçant à travers une. nuit profonde ; les traditions au lieu d’être un guide sûr ne servent ordinairement qu'à égarer; la vé- rité est .environnée d'erreurs -qu’il est d'autant plus difficile d'éviter, qu'elles sont souvent ac- créditées par le tems; ces difiçultés toujours ee féndistanies ,cès Échcils sans nbiibte n'ont as découragé, ni ralenti le zèle de M. + lorsqu'il a entrepris l’essai ( dotit il vous a fait hommage ) sur l’origine. et l'ahtiqüité des :comt mures du département du Pas-de-Calais. 4 Pour composer cet essai M Harbaville na trouvé que frès-peu de lumières dis ‘es monumens historiques ; à a dû seche à avdir recours auk étÿ mologies boit ne pas s’é garer il a consulté les tems et les: Hedx;-A fie de cette méthode il a pu classer les lieux par ordre de tea, tt &eloh leé diverses périôdes politiques par Jequéles le ; pays à 4 passé: Nr. Son ouvrage est donc divisé en phusiénrs pet ques ; le nombre et la nature des établissemens “qui $é rapporteïlt à Chatuné d élles, donnent ne 4dèe précise de l'état du ps. de L dtété ” Le progrès de K ciibatioht. ue TO ne STE “La is re est tnte à l’arrivée a Romains: dans, les: Gaules, : ra 5110 si: RE TELE c! : Pp detiiêtné , ‘depuis eh 5 #4 540 fic: ‘9 et dy mains jusqu’à l’ufäsion dés _—— | : NE Là krôisiié À , depuis l'nvaston des a CR ‘46 jusqu’ au he sièclé, er 3 (18) La quatrième, ne l'an goo jusqu ’au dou- rième siècle. | * L'auteur attribue au 6 our des Romains dans le pays des Atrébates et des Morins les plus heureux changemens sous le rapport de l'agricals ture, de l'industrie et de la civilisation. | 1 pense que Îles habitations encloses et isolées des Francs ( appélées Curtis ), ont ‘été le noyau de la. plüpart .des us dont u est ail dans a dissertation. | à © M. Harbaville est loin d'affirmer que toutes les étymologies auxquelles il a eu recours, sont exac tement en rapport àvec les circonstances > qu'il : ‘eur assigne. | Porte © Pour justifier celles qui pourraient paraitre for- cées ou hasardées,, il observe que les seules choses ui, selon lui, doivent et. puissent guider l’étymos logiste sont : le génie des langues ; leurs rapports entre elles ; les altérations et changemens qu'elles _ ont subis aux différentes. époques de la civi- sation ; la relation des noms avec les D et les circonstances politiques. … Cet écrit qu'on ne peut sidi que par me ‘ecturè réfléchie, et qi ; ee des | ( 19 L | DEN les plus multipliées, a éxigé u uné êtde profonde des tems, des choses et des lieux : contient l’étymologie de quatre cent dix communes. On regrette de ne pas y voir figurer la nomen- clature d’un grand nombre de villages des arron- dissemens de St.-Omer, Boulogne et Béthune mais il parait qu'elle a présenté des difficultés insurmontables à cause. du mélange des racines celtiques avec la terminaison de plusieurs idiômes très-dificiles à connaître. ee .… Les dernières réflexions de l’auteur sur les éty: mologies annoncent qu’il n’a adopté celles qu'il indique qu'avec la plus grande réserve et une extrême précaution. . BOTANIQUE. + ui A nt Gi ii de te païtée | culière, dans laquelle on se soit plu à décrire lés fleurs de ëhaque canton, en suivant la nue Lun Lu de M. de Eamarck. CR. Les départemens du nord de la France et sug- fout la Belgique, ont eu aussi leurs botanagraphes, : parmi lesquels il faut placer au premier Pre notre compatriate M. Lestihoudois. : | + Quelles qu'aient été les recherches Lu À 2° > miers , is n ont pu, réussir À à nous faire connaître toutes Îes richesses végétales qui Pare € et ‘en | bellissent r noÿ provinces. PNR | © Pour remplir autant que possible les lacunes ‘que ces auteurs’ ont: Jaissées dans Jeurs écrits , M. Desmazières ; ‘de Lille, membre correspon* ‘dant, a ‘fait paraître un ouvrage qui contient lè ‘Catalogue raisonné des plantés indigènes qui. ont ‘échappé aux invéstigations de ses prédéces” pars . | + Avant: de livrer cet ouvrage à l'impressién M: Desmazières vous avaif déjà adressé une not ice sur les lycoperdon: dé Einné, et sût une nouvelle espèce de carpobolus ; Mficheb. :. " ? Plein de respect et d'admiration pour l’im- mortel Linpé,: notre collégue ne cherche: point à Afétacher le moindre fleuron de sa cogronne il se plait, au contraire à lui rendre. fous les -hon- neurs qui lui sont ‘dûs, mais il fait remarquer avec raison, que depuis l'é l’époque à laquelle le na- Auraliste Siddôis ” a publi k° vingt - quatrième lasse de son systéme, “üu ‘sà cryptogamie , s'est’ opéré une’ “révolution totale dans la mak nière d'envisager es pe: bi elle” ren | ne Pi EE de eu ne 2 dérpne., PUS MECS Pare UE . 1.5) 44 S PR + : - ù “4 D ( 21 } M Demers après ayolr-obsetvé mr’ + prganisatiqn aussi. variée présentait.pae série du caractères propres à établir non-seulement :dg gouveaux genres ,: mais, encore plusieure ordres paturels, parle des deux.ordres coniegant trenis et un genres , sous lesquels M. Persoon, dans son synopsis fungorum , a placé les lycoperdon de Linné ; il pense que eelte classification est encore insuffisante et doit être susceptible de sous< divisions. D'après les considérations qu'il! éet, san.avis sexait donc d'établir quatre ordres dant Jui, viendraiept se ranger plus naturellement leg gspèces du genre lycopèrdps:de Eiané, ainsi qne tous les genres des deux ordres dont on vient ge paske D ne £ | ‘y s'ocpape eng. aérilemeot du gévie cat | pobos, et en ‘attribue la NES à ns qui l'aurait ainsi nommé. À | s t M a he (Ja sil des és at empires qui come posent, , quant-à-nrésent ce genre , est appelé dyrcoperdon çarnobolus, par Vinné, et sphæroholas stellatua, par Tode ; la seconde désignée par M. Desmarières , sons le nont-de camnohahss-cfiioz Rhone à WE DM, core été :décrite, elle a Gi | faratssaieht inévitables et devoir . nes re Ehafnénhént le malade. : CHIMIE APPLIQUÉE À LA pntsiéroëik. ee , Deux savans de Genève, MM. Préro. et IMas-, 8e. Sont occupés de l’eramen. microôs- copique du sang, et de son action dans les divers phénomènes de la vie. Leur travail a paru si important | à M. Donop qu'il vous.a remis, aussitôt pn, essai ‘dans Jeguelil cherche à démontrer com- bien cette déconverte doit présenter d'avantage sous les rapports pathologiques, par: les. résul- jats. .que la: médecine ‘peut en: retirer -pout ÿé- gonnaitre. les, causes de divers accidens PR logiques et les soulagemens. a RU parait qu'on pourra procurer aux malades, soit dans l'hy- dropisie générale: et l'hématose, .soit . dans certaines . affections. telles que Ja goutte et la pierre : les réflexigns: de.notre rollégue prouvent combien il est: à. ‘desirer que, MM. Prévost et )hmas. se. livrent à de nouvelles. expériences ist da ag canal au. épis dun DEL DE PE .. 4 PE ouia ” ve probe Ras üti été Contiinées * avec Ptrsévétänee: * (25) Plusieurs dès émissions qué vous àvez noms mées pour prépare l’ouvragé dont-vous vois . occupez, ont présenté leurs Poe Er 0 un M Leducq a déjà remis ; eur ce sujet , “un tras vail. ane qu'il a divisé. € en phases articles: æ Le 1er, sous. le titre de Notices Héslonigres , rappelle les troubles qui ont eu lieu en 1578; ainsi que les calamités que les Artésiens ont foi bird ên 1339; 1355 et 136g. . 7 7"... é ous : + e | …. p. 'Cé article renfer ‘mé aussi des remarques d' une éertainé étendue sur l'histoire 4 én, général, et sur l'histoire éécléstästiqué. en paiculier; il contient | A+ ss. à la : Protinée où relatifs à des personnages Lé EX ärtiéle intitulé : tnsuëliois publique , ; “Énoncé qu'en 1757 or avait futihé À ‘Arras dre “ééole d'anatontié ; et qu en 197 es États aVäïert ‘tésolu’ d'en’ établir time ‘pui Pinéiruchon dés aë- ‘coucheusès dés. Villés-et “des fathipagties ‘dé là province. | | : Deux ‘autres érticlés” off ptint" objet fun. les “eaux minérales : de Se “Afnakd ; l'äutre là topo graphie, PR moe + SO JE RAR EREERES ‘ 4 Ça 26 ) MX. Herbet et Duchateau vous ont nas des faits de chronique et d'histoire. RE La ville d'Arras , Si Pa oable par les évé- nemens qui y sont:arrivés, et par les établis- semens. que l’industrie de ses habitans y avait formés , a été le principal objet d'un rapport que MM. Thellier de Sars et Harbaville “vous e ‘hgnpail Pendant que, dans le sein. hs de la Société: vous vous livrigz à ces essais historiques, M. Scou- rion, membre correspondant, parcourait les an- ciens comptes de la ville de Brüges, et recueillait : les mentions assez remarquables qui pouvaient avoir “quelque rapport avec la ville d'Arras. ; Il vous a fait parvenir celles iso dans les comptes de 1290. et 1340 ; elles prouvent qu'à ces époques la ville d'Arras était déjà bien floris- sante, puisqu' il y existait des hommes qui exer-: çaient avec talent les arts libéraux . et des négo- Sians qui faisaient un fréquent usage a Lis de change. | | : M. Scourion. assure .que ; si | dans les villes importantes comme la nôtre, il se trouvait des personnes qui voulussent parcourir les anciens \ ne: C27) | _ comptés, elles seraïént bien dédommagées dé léwrs - peines par les découvertes qu’elles y feraiemt. Il justifie cette opinion en citant les choses cu- rieuses et intéressantes pour l'histoire qu’il a ren- contrées dans les comptes. de la ville de Bruges. M. François père, Yous à envoyé un essal sui les submersions et leurs effets ; je n'artéterai pas votre attention sur ve mémoire , (d’ailleurs plein de’vues ütiles et de bonnes intentions ) , parcé que l’auteur l’a également adressé À lau- torité supérieure ; mais je la fixerai d'une mai mière spéciale en vous parlant de l'ouvrage de M. Philis, sur l'origine .du ministère. public , et | dont l'introduction vous à été lue. nn © Je ne ‘crois pas pouvoir mieux exprimer le prix ‘que vous attachez à un écrit de ce genre, qu’en disant, que c’eût été déjà avoir acquis des droits À votre reconnäissance, que de contevoñé cette grande idée d’un travail éminemment utilé et d'une exécution si difficile. _ Quand on considère oités de l'institution du ministère public, le grand nombre d’hommes qui se sont illustrés en en remplissant les fonctions délicates , le éourage qu'ils ont déplogé dans: de | grandes et périlleuses occasions, 02 Si En nER (28 ) que cette question est une des. plus Mb qui ait Jamais Été ie TES. .. ‘Où la trouve encore la plus difficile quand on songe aux anciens monumens historiques qu'il est nécesèaire d' interroger et au peu de lumières qui s’y trouvent ; on convient alors qp’il faut boau- coup de sagacilé pour déçouvrir et fixer l'origine de cette belle institution, que le génie n’a pu nous donner, et qui est née du tems et du he- soin des bonnes lois. qui agite sans Cessg . les hommes... | - | Le fragment lu par M. Philis vous a fait ph vivement désirer que ses occupations‘ hi per- mettent d'achever cet écrit susceptible d'offrir un double intérêt : celui de nous fixer sur un peint très-obsçur de notre. histoire, et cet autre de pré senter le tableau des services que ‘le ministère public. a rendus par les hommes nfègres et cou- _ Fageux qui l ont honoré, IL. PARTIE — ARTS AGRICULTURE. ni n test. pas de préjugé plus funeste aux en àe l'agriculture ;que. l'opinion assez généralement C9) répandue parmi les häbitans-des ‘campagnes ; qu : pour réussir dans ce premier des arts, iln'est point nécessaire d’en étudier les régles, et qu'il | suffit de connaître, et de mettre en pratique les méthodes ais ie dans chaque saint | Ce préugé ‘est une des principales causes qi empéchent de tirer de la culture des terres tout le produit-possible. On ne le détruira qu'en ré pandant chez les habitans des campagnes l instru; tion qui, pour eux sur-tout, serait le premier . des bienfaits ; elle seule peut leur faire apprécier les nouvelles piioe et tes nouvelles D de culture, Fa $ ‘En attendant, on ne doi guère remédier ÉE ce mal trop réel qu’en parlant à leurs yeux, “et avant tout, à leurs intérêts. + … Ces motifs vous font sentir: depuis long-tenips Pa nécessité. de. vous livrer .vous mêmes: à diffé: rens essais de culture, afin d'en monirer les ann ” les Tee: “AS en Ra. VOUS : avez. er la is ‘du blé cornu d’Afrique, du. grand maïs de Pen- Sylvañie, du pastel des teinturiers, de l'avoine de Philadelphie; de l'orge à. deux rangs, du. (3) frpment printañier, et de plusieurs autres espètes de graminées; vous avez aussi a là di see du bé , RS : É L orge. à Fe rates est très ad: ; dent décilitres ont été récoltés sur un terrein d'un détri cenfiare (ce qui férait trentc-deux hecto- tres , trente littes l'Hectare y, cependant les sé- dlietesses de l'année ävaient été peu favorables À id ns La demande de l'humidité. :: Le frôment si qui à beaucoup d'ana> ogie avbc le blé de Tangarock, et qui est aussi productif, a réussi parfaitement ; les chaleurs de : J'étén'ont pas mui à son développement. Vingt- deux. grains ont fourni avai s épis. : + 1,9 Le blé de Tangarock offre chaque PA des wésoltats eheore plus satiséaisans ; VOS -espais tréi- iés en oni déjà mis une certaine quantéé à voiré cépostion. HS ed AA aps nu a Le pastel des teinturiers n’a | laissé rien Là de- ahér; & l'on pouvait en rende da semence plus Part fl dériendrait d'une eessoarce thcalculable dané les ünhées de grands froids sk préjudiables &hos prries artifiéiclles ; J'ex ed « 31 ) rience à démontré que donné en vert dl eft nb excellente nourriture pour les bestiaux. ‘: = L'avoine de Philadelphie offre des avantages. qu'on ne s’aurait trop indiquer ; après uné v& gétation, qui .s’est constamment maintemme , elle à surpassé en hauteur et'en force l'avoine blariche,: dite de Flandre, qu’on cultive généralement dabs cet arrondissement. Il paraît évident qu’à quantité nus de terréin elle donnerait phis de produit ; ; d’ailleurs la grosseur du grain, sa pesanteur et ‘son abondance la rendent supérieure ; si sa paille convient peu pour fourrages, celle des autres ere” ii prés ente es DE TLicocsr Mc a été d'üne force: eitréordinaire ; ; Ë était “d'uné hauteur et d'une aspect imposant : er pro- “duit s’est trouvé être dans là | proportion d de mille trois | cers is quatre-vingt-un grains pour trois. L 4, v Z'i" | “Cépeñdant, , “ paraît qe a cailturs d mas | quarantin” serait préférable ; parce que ses pro duits” sont ït plus € certains, | | L2 Ts + "à , s 7 À eus iQ sa 3 A Ji 2 4 5! Vousipüsséder ; sur la culture de chactné de .æs graminées , : des instructions prévienses ; vous (a) des devèz; en “des partie, à M. Petit, de St.-Nicolas. | 2 «" Ce cultivateur’, dont le zèle ñe pent étre trop Joué, vous a:envoyé un mémoire détaillé renfep- Ananttoutes les observations que ses connaissances en théorie, et sa pratique fondée sur des expé- -Fiences raisoñnées lui ont fait. recueillir, 7 0 1. devez ; à M. Harbaville, uñe notice se k culture du maïs de. Pensylvanie, il y-a joint Je compte de qnelques essais relatifs à d’autres céréales, , tin : Les renisélgiémens que vous avez obienus cetie année, et les observations que vous avez faites , “tous ont démoniré jusqu'à l'évidence que la “ciliure des plantes dont nous venons de vous jparler (le maïs excepté peut étre), pourrait s’ine trodnire facilement. dans nos contrées et offrirajt unè ressource’ incalculable ; sur-tout ‘après des hyvers, désastreux qui détruiraient plusieurs pro- : ‘ductions indigènes, Puissent : ‘ces. vérités arriver ‘jusqu’ aux” ctltivaienrs et les’ ‘ convaincre ; : elles seraient pour eux une. Sourcé de prospérité. | | e Parmi les CR l'convieñdrait de-rendre _snelles. daps-nos: r dimats” il faut encore placer, ‘ (33) | peut-être du premier rang, l’arachide ou pis- ‘tache de terre (plante africine oléagineuse }, sur laquelle il vous a été fait un rapport étendu par M. de Missy. L’arachide fournit en France une huile limpide, inodore , moins grasse que l’huile d'olive la plus fine et égale à la meilleure d'Aix. La culture en est très-facile , il paraît même qu’il n’existerait pas un seul canton dans tout le royaume qui ne lui offrit un sol ‘et une exposis tion favorables. On lu: donne la double propriété de suppléer au défaut de récolte des ohviers , et de fournir dans.ses branches et ses feuilles un excellent fourrage. . Ces renseignemens vous ont séduits ; déjà vous avez demandé des semences que vous vous pro, posez de confier à laterre au mois d'avril prochain. Mais, il faut le dire à regret, tant que vos “expériences seront faites séparément par quelqués membres de la Société, elles n’obtiendront point Île caractère d'utilité et d’importance qu'il est-es- sentiel de leur donner; dans cette persuasion É | veus cherchez depuis quelque temps à vous pro- £urer un terrein d’une .certaine étendue ; sur | 5 | (34) | lequel, vous vous livreriez aux différens essais qui vous seraient inspirés par le désir des . amorations. Ne pouvant en obtenir un par des sacrifices, vous vous étiez adressés à l'autorité locale , pour la prier de meitre à votre disposition , et aux conditions qu'il conviendrait de vous imposer , une propriété communale que vous aviez cru libre et sans emploi. Le désir d'encourager et de se- conder vos efforts , n’a pu éette fois faire ac- cueillir, quant-à-présent, votre demande , et il est à craindre que vous ne puissiez vous livrer vous mêmes, cette année, aux expériences projetées. ÉCONOMIE RURALE. Un mémoire relatif à un mode de couverture imcombustible pour les habitations rurales , dif- férent de ceux qui vous ont été déjà indiqués, . vous à été soumis par M. Tillette - Mautors de Cambron. Ce mode est simple, les moyens de construc- tion sur-tout sont d’une extrême facilité et nul- lement dispendieux. Il consiste à verser successivement, sur chaque couche de paille placée et étendue de la ma- nière ordinaire , de l'argile délayée avec de l'eau; (35) | les couches de paille né doivent avoir que la moitié de l'épaisseur des couvertures ordinaires , c’est-à-dire , environ sépt à huit pouces et même un peu moins. : . Cette couverture est d’une grande solidité, di M. de Mautors, et se trouve également à l'abri du vent-et.du feu; elle n’est’ sujette À aucune autre réparation qu’à l'entretien du faîtage’ qui se fait avec de la boue ou de Li Len grasse. HE | . . 3 M. Tillette de parle que après ses prôpres expériences , ‘et assure que dés couvertures sem- blables , par lui consiruites depuis cinq ans, D ‘ont | éprouvé aucune altération. Pour fortifier ses expériences particulières , il annonce que ce mode nouveau, pour la France ,: est connu et adopté .en Russie où l’on 3 eu sou-: vent l’ occasion de se convaincre de son effçacité:, * : En même - terms que vous veilliez à ce que l'habitant des campagnes ne soit pas sans cesse exposé à être la victime des crimes ou de la négligence, en cherchant à le garantir des in- cendies ; vous song:ez aussi à faire connaître les inconvéniens très-graves qui résultent du mode presque généralement adopté pour la constructién : , *. (36) des bergeries. Comment se fait-il qu’en voulant préserver les brebis des maladies auxquelles elles sont sujettes, on n'ait employé les moyens efficaces pour les leur danner toutes ? Un ouvrage, intitulé lÆgronome , veut que le plancher des bergeriés soit /ort bas et la fenétre fort petite, afin que ces animaux y soient plus chaudement. e Ce précepte à fait tout t le mal, il a été suivi exactement , peut-être précisément, parce qu'ik fallait faire tout le contraire. On renferme donc dans de chaudes étables et dans des bergeries étroites, presque sans ouverture et par-consé-. quent très-milsaines, des animaux nés pour vaguer sous le ciel. a | : C'est une absurdité qu’il faut combattre et dé- truire : avant tout il fallait connaître positivement VPétat des bergeries dans les arrondissemens voisins du notre, vous avez, à cet effet, nommé une commission dont le rapport doit vous être communiqué incessamment. INDUSTRIE. Il n'est aucun genre d'industrie qui vous-soit | ” indifférent : tous les arts sont utiles, vous les _. aimez et encouragez tous ; ainsi, lorsque M.. (37 ). Wagner , Juthier à Arras, vous à informés. qu’il venait de construire un nouveau. piano avec les perfectionnemens et additions pour lesquels il a. obtenu des brevets du gouvernement, vous vous êtes empressés de nommer une commission pour examiner cet instrument. Lorsqu’ après le. rapport qui vous a été fait an. nom de cette commission, par M. Cot, vous, avez vu, dans M. Wagner, un artiste modeste, possédant toutes les connaissances de son art ; doué d'une intelligence précieuse et ayant apporté des perfectionnemens notables dans la partie prin- cipale de son étät ; vous avez voulu accroître : encore en lui le désir des recherches , et vous vous êtes plû à lui décerner une médaille d’en- couragement comme le juste prix de son talent ; et la récompense due aux progrès dont son art lui est redevable. NÉCROLOGIE. Je devrais maintenant vous entretenir des re: lations que vous avez établies avec la plüpart des sociétés d'encouragement , et des heureux effets qui en sont résultés, mais j'ai déjà excédé les limites imposées à la lecture de ce rapport, et je finis en remplissant un triste et saint devoir : celui de rappeler à la Société la perte qu'elk a ” (38) ‘ faite par la mort de M. lé baron Deslyons , né à Arras, et décédé à Charleville, et d'exprimer la douleur qu’elle éprouve d’avoir laissé refroidir sa cendre sans lracer quelques lignes Dour rendre hommage à sa mémoire. Jusqu'ici privée de os positifs sur les derniers instans de la vie de M. Deslyons, la Société n’a pu rhême obtenir la cruelle satis- faction de faire lé juste ee _ ses vertus et . ses talens. | Ses EE à qui pouvaient ainsi s 'adoucir , se: sont augmentés par la privation de: cette unique. consolation réservée à ceux-qui, dans un collégue- respectable, voyaient encore un compatriéte qué a emporté avec lui l'estimie et l’anjitié de ses epacitoyen ens;: 5 ( 39 ) R APPOR T SUR LES CONCOURS DE L'ANNÉE 1823, FAIT A LA SÉANCE PUBLIQUE . Du 26 AoUT, | Pan Mit L'Assé HERBET, MEMBRE RÉSIDENT. Le. au désir que vous avez exprimé , je “vais, Messieurs , vous rendre compte de la ma- ‘nière dont on a répondu aux ‘différentes ques- tions que vous aviez mises au concours. Si la maturité et la sage lenteur qui ont accompagné vos délibérations ne m'ont point permis de donner à ce rapport toute l'étendue et les agrémens qu'il ‘semblait réclamer , il aura du moins le mérite de l’impartialité et celui d’être le fidèle interprète de vos sentimens. AGRICULTURE ET COMMERCE. . L’Agriculture et le Comnierce sont les ds premiers arts qi éveillent chaque année votre C4o ) sollicitude et sur lesquels vous. aurjez voulu pro clamer dans cette séance solennelle d’utiles ap- perçus. Animés par ce doux espoir, vous aviez demandé quelle est la situation agricole de ce département et quelles sont les améliorations dont elle est susceptible ; vous aviez également pensé qu'il serait satisfaisant pour cette vilke de trouver dans un ouvrage court et substantiel l’his- torique des anciennes manufactures d’Arras suivi de l'mdication raisonnée de celles qu’on pourrait ÿ établir aujourd’hui avec le plus d'apparence de succès : il est enfim une justice à vous rendre, c’est que rien n’a été négligé à cet -égard pour exciter l’émulation des concurrens et encourager ‘leurs laborieuses recherches. Mais soit que leterme de rigueur fixé pour l'envoi des pièces ait paru trop rapproché, soit plutôt que la difficulté dr travail ait fait reculer ceux qni étaient en état de l'entreprendre, vos louables efforts n’ont ‘point eu du moins pour le moment, les effets salutaires qu’on s’en était promis :.1l ne vous. reste que la gloire toujours flatteuse d’avoir voulu ‘le bien, et le droit d'espérer que le jour n’est: pas éloigné où nous serons enfin plus heureux. | LITTÉRATURE. + “Une autre question avait été offerte aux médi-. tätions des hommes observateurs ; elle était ain$i C4) conçue : Quelle fut sur la litéralure en gériéra} l'influence des Romans Français ou traduits de l'étranger qui ont eu le plus de di étérairé he le 19° siècle ? : Pour traiter avec “a antiré ce sujet, il fallait une plume habile, une sage réserve et de. l’érudition ; vous avez trouvé ces belles qualités. _ dans l’auteur de l'unique mémoire qui vous fut adressé, Voici seulement quelques imperfec+ tions que la Société a cru devoir rélever dans le mémoire précité; l’une, c'est que l’auteur s’est éloigné sans raison apparente des opinions avouées et les mieux établies sur l’origine des. ouvrages ns ainsi il ne fait remonter cette origine qu'aux 9.° et r0.° siècles, tandis que les critiques les plus versés dans cette matière s'accordent à la placer plus haut. Une autre obsérvation plus importante, c’est qu'on ne saurait partager le désir nianifesté dans cet écrit de voir relacher le principe d'unité d’äc- ‘ fion., de tems et de lieux qu’on à coutume de \ demander à l'épopée ét surtoit à la tragédie: Nous pérsistons à croire avec le législateur du Parnasse Français que cette unité est vraiment nécéssaire , surtout dans ces sortes d'ouvrages ; pour que l'intellisenéé humaine, naturellement faiblé et-débilé, puisse mieux èn saisir et “pe 6 L | Lo, (4) préciér l'ensemble ; nous croyons que sans elle ” où ne sautait goûter aussi bien les beautés poé- tiques du genre élevé. Enfin on pourrait se plain- dre de ce que l’auteur a laissé un certain vague dans ses conclusions et de ce qu'il passe trop rapidement sur plusieurs parties de son travail ; mais d’une autre part, il a racheté ces défauts par un rare talent. En général il défend avec intérêt et chaleur la cause des bonnes doctrines littéraires : les connaissances qu'il. montre , la pureté de sa diction , l’ordre méthodique qu'il s’est prescrit ét dont il ne s'est point écarté, sont autant de titres qui parlaient en .sa faveur: vous les avez trouvés sufhsans br li HUReE la palme pro- inise. | POÉSIE. . ‘ J'arrive au sujet de poésie que vous aviez proposé : combattre un préjugé féroce qui, suivant l’expression du citoyen de Genève, met _ toutes les vertus à la pointe d’une épée, et n'est propre qu’à faire de braves scélérats ; un | préjugé qui défie toutes les lois divines et hu- maines et outrage l’honneur en prétendant s’en _ appuyer ; en un mot combattre le duel, mais . par le sentiment plutôt que par le raisonnement, telle est l'invitation que vous aviez faite aux oo (8) Muses : elle a été parfaitement accueillie. Comme l’année dernière, une riche et agréable diversité s'est montrée dans les différens ouvrages que vous avez reçus; chacun même ayant pu suivre le genre pour lequel il se sentait le plus d’ins- piration; odes, épîtres, poëmes, discours , dialogues, tout jusqu’à la satyre a été mis en usage contre le duel, antique enfant de la bar- barie, et plus d’une fois, en lisant ces différentes productions, vous avez regretté de n’ayoir qu’une couronne à donner. Le n°1." offre un dialogue assez plaisant et quel- quefois burlesque qui porte pour épigraphe ces mots : Mitte gladium tuum in vaginam. Cet ou- vrage suppose de Îa finesse et de l’enjouement , mais il ne peut être regardé au fonds que comme la boutade d’uu homme d'esprit qui cherche à s’égayer sur une matière qui prêtait difhcilement _u mot pour rire : en le parcourant, une autre idée vous à frappé; c’est que le talent de l’auteur pe se soutient pas toujours ; il n’est pas donné à tout le monde, comme à Molière, de faire rire . longtems. | L . Le n.° 2 a voulu s’élever à hauteur de l’ode: nous y avons remarqué particulièrement les strophes suivantes : (44 : Jusques à quand, furear ‘impie; | Dégradant les plus nobles cœurs Déchireras-tu ms patrie En immolant ses défenseurs ? Faut-il qu'un préjugé barbare Vomi des antres du Ténare, Déshonorant l'humaaité, Dégoûtant de sang et de crimes, Exige encore de ses victimes La louange et l'impunité? Que me diront pour ta défense Les partisans de tes horreurs ? Quelle est la loi, quelle est l'offense Qui puisse excuser leurs fureurs ? Qu'aux déserts un lion horrible D'un autre lion plus terrible . S'apprête à déchirer le sin, Le besoin grossier qui l'abuse - Peut au moins offrir pour excuse Un brutal amour où la fair. Ailleurs s'adressant au duelliste, il lui dit : Ouvres les pages de l'histoire, Eu Grèce, à Rome, des Païens Connurent-ils la fausse, gloire | C45) | - D'égorger leurs concitoyens 2. . D'un homme respectant la vies, Les ennemis de leur patrie _ Pouvaient seuls tomber sous leurs coups, Et sans occuper leur courage: ” © D'un faible et personnel outrage ,: Étaient-ils moins braves que mous ? ‘ On voit par cet extrait que le poète lyriqué à du mérite, de la noblesse dans les images ét de la facilité ; malheureusement il est loin d’être égal à lui-même : on trouve dans k suite de cette _ production une foule de ces lieux. communs qui annoncent toujours une certaine stérilité dans la pensée. Les observations qu'il présente sur les édits lancés par nos Rois contre le duel, sw _ Jes causes qui ont pu paralyser leur action , sur leé moyens à prendre pour y suppléer, peuvent renfermer de sages vues et d’excellens principes ; mais on conviendra sans peine que ceité espèce de discussion législative n’était pas du domaine ‘de l'ode. Je ne m’étendrai pas sur le n.° suivant. Par une modestie peu commune, son auteur avait eu la bonté de nous avertir que son écrit d'étre lu serait même élonné; nous en avons pris con- naissance cependant, parce que tel était notre (46) devoir, et nous avons été parfaitersent de son avis. | Il n'en est pas de même du n° 4. Cet ou- vrage suppose un talent exercé. El est fâcheux que le poète m’ait pas rempli une des conditions rigoureuses du programme qui demandait au moins deux cents vers ; nous regreltons encore . que la forme épistolaire qu'il avait adoptée ne Qui ait pas permis de ces traits brülans qui en- trent profondément dans l'âme: du reste son introduction est belle, ses raisonnemens sont solides, et si l’on en excepte quelques négli- gences, son style est généralement pur, noble et intéressant. Nous ne citerons de lui qu'un . pisode qu’il a su habilement fondre dans som sujet. Il suppose un jeune chevalier romain qui, plein d’un courage impétueux, vint un jour pro- voquer un vieux centurion blanchi sous le casque. ‘» Jeune homme, lui répond soù paisible adversaire, » Où va donc s'égarer tou aveugle colère ? n Dis-moi, le jour que Rome , au sein du champ de Mars, n T'a confié ce fer, appui de ses ramparts; » Est:ce du sang romain que ta jeune vaillance _» Fit sermient d’abieuver ton épée et ta lance? 19 N'espères pas qu'ici, parjure citoyen, -n J'expose à tes fureurs les derniers flots du mien: a.Ce sang qui tant de fois à fui de mes blessures C4). # Pour se tarir sans fruit a des sources trop pures; n Il est à la patrie, et ses restes pieux » Couleront pour sa gloire et celle de nos dieux. » Ne crois pas cependant que ta vaine menace : =» De mon front vétéran ait pu glacer l'audace : » À l'ennemi demain on marche au point du jour; n C'est-là que ma fierté te provoque à son tour. n Voyons qui des Gaulois bravant le choc rapide » Portera dans leurs rangs un bras plus intrépide : » Du moins , si nous tombons, notre rivalité » Servira la patrie et non la vanité, . Le camp dormait en paix et l’aurore prochaine s Vit devatit l'ennemi planer l'aigle romaine, | _ Le jeune chevalier veut , avide d ‘exploits : Se frayer un passage au milieu des Gaulois ; ; Il frappe; il frappe encore; mais la foule ennemie, L'entoure ; et sa valeur va lui coûter la vie. Soudain , dans ce péril, le vieux centurion Le voit, renverse tout , combat comme un lion s Et loin du fier rival. que défend son courage, Son fer libérateur a détourné l'orage, Voilà, voilà l'honneur! conclut l'écrivain : ce seul morceau suffit pour vous le faire apprécier. / _ Le n.° 5 ne saurait en aucune manière soutenir le parallèle avec le précédent. Il y a à la vérité (48) quelques ‘idéés dans ce poëme, qui a pour épi- graphe : Tout honneur avilit qui ne l'honore pas : elles sont même quelquefois assez bien rendues : mais l’auteur ne connait pas la rime, et il s’est permis des fautes de langue trop fortes et trop fréquentes pour qu'on puisse s'y arrêter plus lonstems. | Le n° 6 est intitulé : Discours en vers sur le Duel : plusieurs expressions triviales ou hazar- dées , des comparaisons qui DOiyeent être mieux choisies , assez souvent de ce qu’on appelle du remplissage , voilà ce qu'une critique sévère pour- rait lui reprocher; du reste l’auteur né manqué pas de sensibilité, de mouremens , de forcé e d'énergie. Aujourd’hui que nos mœurs , suivant sa pensée, ont dépouillé leur native rudesse , il s'étonne avec raison de nous voir encore dominés par le faux point d'honneur. On conçoit, dit-il, que des barbares... Des procès par le fer abrègent les lotigueurs ; Et sans interroger T'hémis et sa balancé : 4 la poinie du glxivé enlèvent leur sentence; Laissons cette justice et cés affreut procks se à Aux fils de Fou tatesss . Mais nous sommes de Lee oo -"Retontant à l’origine du duel , d'se demande i (49) Qui sema sur nos bords ce poison destructeur? “Quel 4 démon le nourrit ? le dirai-je? l'honneur. .. Eh! quoi! fl ‘honneur pour nous serait l'appas du crime] 1 Rassurez- “vous, guerriers, élite mâgnauime Ce. n ‘est point. cet honneur qui produit les laurièrs ? | L honneur qui vous est cher, le dieu des chevaliers ; Mais: une. affreuse idole, un préjugé gothique Flétri depuis longtems et toujours tyranniques. Ce faux dieu s'éleva du sein de noç tournois, Nousne suivrons point le poète dans le déve- lost qu il donne à à cette dernière idée ; ce développement nous a paru gracieux. Bientôt il revient plus: directement à.s0n :sujet, et après | avoir opposé à..cette: irascibilité que. tout. effa- rouche l'exemple. sublime. de . l'Homme Dieu priant pour.ses bourreaux, .il.s’écrie : - , "Et! tu ne peux souffrir ‘une légèreinjuie : : “Aux flots de ton orgeuil superbe créature Il faut des flots "de sang... ‘‘ -" Erxicore si le. duel n'était que l'effet d’un pre: “nier mouvèment, mais non ; © c'est de sang: froid que l'arme du dueltisté. LA e- S'enfonce dans le sein d un fils de la patrie; La vengeance a pesé ses calmes attentats Et la raison préside à des assassinats, . 2 a. - 7 C5o ) Ni la voix puissante d'une ancienne amitié, ni les douleurs d’une jeune épouse qui a surpris le fatal secret, rien ne peut arréter les infor- tunées victimes d’un préjugé cruel... L'heure du rendez-vous a sonné — Les voilà sur l'arène. Malieureus! s'égorger et ne point se baïr; S'égovèer quand un mot pourrait les réunir : Ce mut coûte trop cher. ..... Bientôt le fer a prononcé ; c'est l’offensé qui succombe : qui ne s "écrierait alors avec le poète: Contemple t advre et jouis de ta dure - Mbrrstre. «. Mais poûles-tu les fruits de ta victoire? - Ton cœur tresadille-t=il de ces doux batteruens Qu'enfantent du suceès les purs énñivretsents ‘à Tu frémis. .. Ton regard silencieux et: sombre Se détourne et confus tu te caches dans l'ombre. …. Comme un vil scélérat. -. Noms. ne citérons plus de ee discours que f'en- “dvoit: où l’auteur fait vivement ressdrtir l’absur- . dité du duel par l’immortel exemple des naüons les plus valeureuses de l'antiquité; si la plâpart ‘des concurrens ont fait usage de cette considé- ration, il en est peu qui l'aient fait valoir avec autant de bondteur: et d'énergie. | # C51) Reines des nations, illustres républiques Des Grecs, et des Romains cités patriotiqnes, Vit-on jamais, vit-on sus vos sacrés ramparis Les fils contre Jes fils aiguiser leurs poignards 2 Vos soldats citoyens pour vuider leuxs querelles Allaient-ils de leur sang arroser les ruelles, Et par le vil abus des combats singuliers Prostituer le fer protecteur des foyers? Non , nou : les fils de Rome avaient une autre escrime, , Ses rivaux se piquaient d'un défi magnanime, A l'envi l’un de l'autre ils allaicnt aux combats ; Ils s'immortalisaient et ne s'égorgeaient pas, En résumé nous avons reconnu dans cet ou« vrage un pinceau mâle et vigoureux, souvent une touche brillante et coloriée : si on en excepte quelques négligences , il a été écrit sous l’inspi- ration d’un vrai talent. Les n.* 7, 8 et 9 n'ayant rien de bien frap: pant, si ce n’est des hors-d’œuvre et des défauts ; je passe au n.° 10 qui à pour titre : Dialogue entre ur officier et son ami. Ce n’est pas que ce dialogue, d’ailleurs trop court, soit fortement pensé; mais il est du moms élégamment écrit, et sous ce rapport 1l mérite, Messieurs, vos encou- ragemens. Le n.° 11 vient se placer dans un rang plus élevé. Pour donner plus de couleur et de vie (52) À ses tableaux, l’auteur a transporté la scène dans un cértain avenir qui ouvrait un champ-plus vaste aux fictions de sa muse. À cette’ époque que son imagination -a créée, il suppose qu'un sage dé- crive à quelques disciples choisis le fléau dont nous sommes D les témoins. Le duel (dit-il) est son nom, le sang est son hreuvage, Sæ victime, un ami, son prêtre, un assassin ,. . © La vengeance homicide habite dans son sein ; _ Sa puissance, san art, sa vie est de. détruire ; 1! régne par le fer dont il tient son empire, Et souillé de forfaits sur un monceau de morts | étouffe en riant le blâme et Île remords. ‘ Le sage continue , et parlant plus loin de l’im- punité du duelliste, il ajoute ; Rien ; rien ne dévougit sa tête aux échafauds; Que dis-je ? Environné de louanges stupides ; Beau de meurtre. et de sang, illustre d'homicides ; . D'un encens sacrilège il offensait le ciel, Âlors, malheur à l'homme exempt d'art et de fiel, Qui du juste et du vrai se faisant l'interprète, Permettait un reproche à sa ‘bouche indiscrèle ; La. franchise de suite appellait le trépas , : | Li mot trop mérité ne se pardonnait pas ; Pour un coup d'œil du sang... du sang pour uünñ sourires (53) Une parole, un geste, un rien savait proscrire’, ” Et la vérité même aux regards ingénus Fuyait le front voilé devant les glaives nus. Tandis que l'ami de l'humanité s’exprime de cette sorte, voici qu'un spectre hidenx s *échappe du fonds des abîmes ; on l'écoute... Il a plaidé la cause du duel, voyons avec quelle vigueur de logique le sage l’a bientôt confondu, — Un vil | insolent t'a outragé, eh! bien : : " S'il dit vrai, , change toi Sinon tu peux choisir le mépris ou la loi : Parle ; avons nous quitté la sauvage nature, Pour y rentrer sans cesse à la voix d’une injure ?. De la société le pouvoir protecteur N'est-ce qu'un mot stérile, uu appareil menteur ! . Et repoussant des lois le solennel refuge : Serasita seul , toi seul, bourreau, partie et juge? : J'entends:..., Les tribunaux tardent trop à punir ;. Ton avide. fureur ne veut point d'avenir, u Et l'instant de l'affront raconte la vengeance. — Mais, reprends-tu, le code .a négligé l'offense.. — Eh! bien ce que Thémis ne condamnerait pas Oses-tu le punir par un sanglant trépas ? Du crime un tort léger portera le supplice , : Æt ce lâche attentat tu veux qu'ou l'applaudisse:! .Crois-tu sur ‘quelques mots déjà. morts en ‘naissant (54) Jusüfier la main qui frappe l’innocent? . Nul ne méconnaîtra ce grossier stralagème, Ton plus graud ennemi, le sais-tu ?.. C'est toi-même. Qui s'estime en son cœur sourit aux vains propos Et ne leur permet point d'atteindre son repos. La voix des gens de bien consolait Aristide. Il n’en fallait pas davantage pour faire sentir aux disciples du nouveau Mentor dans quels rangs était la vérité; aussi en songeant à toute l'horreur du érime que éelai-ci leur avait dépeint, ils ne pouvaient concevoir que des peuples entiers . eussent autrefois sacrifié à l'eute/ d'une pareille coûtume, et ils se demandaient en tremblant si par hasard à eet âge l’homme vivait sans Dicu, sans avenir, sans consoience. Témoin du salutaire effet de ses .doctes leçons, l'auguste viedlard ÿ applaudit, et peur les confwmer. dans ces sentimens vertueux, il leur expose le fat de -deux amis , autrefois riches d'éjude, de jeunesse, et de courage, mais que le malheur d’un duel précipita dans un même tombeau, On ne peut contester que la marche de cet écrit ne-soit intéressante : le plan en est heu- _reux ; mais l'exécution ne l’est pas toujours; on - y voit même régner trésor j je ne sais quel (355) air de sécheresse. En sant cette production, nous avons pensé que l'esprit devait être eoù- vaincu sans peine: de Pabsüfdité et de l’infatnie du duel. (Eh! cexmént ne le serait-il pas? ) Mais nous avoits craint que le.cœur ne fût point très-vivement touché. Pourquer surtout cet épi sode qui, en couronnant les leçons de la sagesse devait laisser. dans l’âme deb auditeurs des mr pressions vives ef profondes , n'est-il point plis circonstancié, plus entrattant? Pourquoi n’y a-t- on pas vu de ces détails: pris dans la nature, qui vont droit à l’âme, ét qne les grands maîtres savent si bien apercevoir: et saisir ? En rendant hommage aux talens dé Fatteur, noës: avois dû lui faire observer qu'il n’a point donmié à ses idées l'étendue et le développement qu’elles semblaient réclamer : son écrit a plutôt le ca- ractère d’une. belle sil Mu rs - su celui: d'ur poëme. sé | Ce qui manque àk Me des ouvrages que nous venons d'étaminer, nous le trouvons enfin dans le x° 12%, espèce d’élégie inti- tulée : Le Dueliste. Peut: être l'auteur n'a point assez attaqué’ le duel dans. ses principes : il s'est peut être trop appesanti sur des détails accessoires; mais d'un autre côté combien son éloquence est pénétrante et persuasire Avec (56) quel art il nous apprend à détester ces combats féroces en nous en montrant les déplorables . suites! Paraît-il s’écarter un’ moment de son sujet? c’est pour y revenir bientôt. Nous. croyons rendre justice à ce poëme en disant qu’il. res- pire partout un sentiment vrai; le travail ne s'y fait pas sentir, et cependant la propriété des expressions ne l’abandonne ‘pas ; ses: pènséés «t son élocution sont d’une élégance qui n’exclut pas la force, enfin dans toutes les parties de son ouvrage le poëte a su répandre ‘une douce et vivifiante chaleur. On. voit d’abord ou plutôt ‘on croit entendre les remords du duellisté..….….. Depuis as Eu il:a dl bien cher sa funeste victoire, . | | fotite, depuis. deux ans, la terre dévorante. Recèle dans son seit ‘MA victime innocénte ; ‘ Ds es Evvain ma honte et ines: dangers. :; M'ont fait errer longtems sur des hords. étrangers; | Gant) je revois ces lieux tout remplis de mon crime, ‘ Je sens renaître : ma terreurs oi, n ; Le né du ciel et, me presse et. m'opprme , : Et malgré moi je retrouve mon cœar, '! "Oo Paris ! ‘qui jadis eut. pour mor tant de Fe ; Où les étres'chénts à qui je dois le jour $ ”:Oët à mes premiers ‘ans prodigué’ tant: d' amour ». [3 € 057) j :. Oh j'étais sans reproche et viysis sans allermes. ! 52 Qui m'eùt dit qu'à l'aspect de ton. heureux séjour Mes grux se. rempliraient de larmes ? Bi ‘à -Fout-il que sous es murs at près de mon berteau, ; 7, Ma inisin de mon semblable ait creuséle tombesn ? Faut liqu'un.sort cruel ait protégé mês grines 2 Di. te ut e lt assassins Hé! il n ‘opposait à mon bouillant transport ee + Que la candeur d’une âme püréi Mais de: mes attentats j'ai comblé ‘a mesure, J'a “forcé svt sure à recevoir’ i mort 2e est égalément bien touchante la peinture qu'il nous fait + derniers adieux de son inno- s ; Re ,. Lt Etüte viétithes RER, | + LS dd ‘ni RS 5 .s Bientôt, a voix s'éteint, san front se décolore ;. = EU son Qil terni ne voyæl plus.le cel, Et posr son assassin il l'imploraît: én6ore :. 54 3 : ‘Jme tendait encorg lé main.....: it 41k ramimait pour moi sa. force défaillante, + 2. E le dernier. soupir échappé de son: sein HS % . "DRE mon D de sur sa bouche mourante. | Toute la suite de ces plaintes. nous a paru animée des mêmes sentimens.: Re Poursuivi ET (58) par ses remords, où ira donc le meurtrier dévorer l’amertume de ses. chagrins, et se dérober, s’il est possible, à un ciel accusa- teur ? Mélancolique «et pensif, il ira interroger la poussière des tombeaux... Ce lieu n'est pas plus triste que. son cœur ; et c’est là en même tems ‘que la Providence lui ménageait une des scènes les plus attendrissantes qui existent et dont le dénouement va rouvrir toutes ses plaies. Ce bel épisode remplit le reste du poëme; on pourra l’apprécier par la lecture que voudra bien en donner un de nos honorables collégues. De tous les autres ouvrages nous n'avons, plus distingué que les a.” 16, 17 et 18. Dans le 19° beaucoup d'esprit brille à la vérité, mais l’auteur s’est contenté de montrer l'empire du préjugé ; il n’a rien fait pour le détruire.-Le 16. qui a pour épigraphe cette apostrophe : Oèvas-ts mal- heureux ? a une forme particulière. C'est un dia- logue dramatique assez bien conçu .et:qui a des endroits touchans ; seulement les discours ‘sont trop longs, souvent prosaïques , tt quelquefois . invraisemblables. Est-il d'usage, par exensple, que Mirville déjà sur le terrein, adresse de longues remontrances à son antagoniste avant-de se battre? Est-il croyable que Florval blessé à + + mort - parle- aussi PER qu'on le suppose avant d'expirer ?. ‘ Le n.° 17 à plus de mérite; A une .. à un jeuñe militaire. Nous y avons remarqué le passage suivant où le poète s'indigne de l'impu- nité dont jouissent les spadassins de profession. Quand ( dit-il) le fils qui pressé par la seule misère, Dérobe un pain fartif pour nourrir son vieux pères A d'ignobles travaux par les lois condamné | _ Au banc du déshanneur va gémir enchaîné ; Ces meurtriers , parés de leur ignominie, Étaleront partout une audace impunie. Le vieillard dont leur rage immola les enfans ; L De leur coupable aspect subira les lourmens, | _ Et sa tremblante main dans la foule “égarée, | Rencontrera peut être une mai abhorrée, . Plus loin en supposant que son ami triomphe, il fait retenir d'avance au fonds de son cœur la voix puissante des remords. - -Malheur i à l’homicide ! une ombre vengeregse , De ses cris menaçans te poursuivra sans cesse ; Ses cris retentiront dans tes’ rêves. affreux : . ‘Jusqu'aux pieds des autels, jusqu'aux sein de tes jeux, * Debout à tes côtés, le fantôme -livide . -: Répéters : ‘malheur, malheur-2 l'homicide!- | ( 60 ) Une autre fois lui faisant envisager les suites: de sa défaite et de sa mort, s’il vient malheureu- sement à succomber - il lui adresse ces paroles | accablantes : . 5 à NUS Gr à «: 3 5 tt ‘13: v. ; .©} L >» i _ | Songe à ta pauvre. mère, _ DES DR Le ciel sur ses vieux jours fait peser la misère ?. Mais ‘on amour lui reste. … Hh bien ! tu lui suffs, Pr LAN à | ‘Le trésor d'une mère est le nr de son fils, Ingrat ! lorsqu’ envers toi prodigue ‘de tendresse, Sa main dans ton berceau balanca ta faiblesse, Tu veux de tes secours priver sei _ pas tremblans, Et d'un deuil éternel couvrir ses cheveux blancs! Tu deviens parricide : Ê ‘à peine o on lui révèle De ton soudain trépas la sanglante nouvelle, ; Je vois couler ses pleurs. … j ‘entends tonner ses cris, Je la vois s'élancer vers tes pâtes débris, Et murimurant ton not à sùn heure suprême, Sur ton corps expirant expirer elle-même. A cet affreux tableau si tu nt n'as pas frérni , Barbare , va mourir , ‘tu n'es” plus mon ami! Nous aurions désiré que tout le reste fût de la même forèe : mais il faut bien l'avouer, plu- sieurs endroits sont faïbles ét sdné couleur ; beaucoup d’idéés sont restées £ans: développe- \ / ; \ (65) ment sous la:plume-de l’écrivar; les conparai- sons qui s'y rencontrent: dés'dents de Cadmus, du bloc de marbre, pouvaient être mieux choisies; on désirerajt surtout dans le cours de cet ouvrage plus d’aisance, de clarté, de naturel : une versi- fication coulante est le ton essentiel de l’épître. Avant de terminer ce rapport , 'je dois, Mes- sieurs, ne pas ôublier le n.° r8. Ce poëine est intitulé : Rousseau et le Duelliste ; etil est digne de figurer parmi ceux qui ont quelque tems ba- lancé la victoire. C'est avec plaisir que vous y ævés: recorinu de la verte, de belles images, et un ton. soutenu de, dignité : pour me borner à une seule citation , le poëte ne s'est-il pas élevé à la hauteur de son sujet quand il place dans la bouche du Philosophe de Genève, parlant à un jeune homme égaré par le ressentiment , le tableau suivant d'un avenir vengeür ? essssessessosss Toi qui d'un front tranquille. Courais braver la mort, y chercher un asile, Jeune homme » as-tu percé cet immense avenir . Qui commence au tombeau pour ne jamais finir ?. As-tu d'un ciel obscur éclairci les nuages, _ Sonidé cet'océan suns fonds et sons rivages? ‘ … Œitcce un diéu de cléienee, est-cù un dieu de courroux; :" €e died drui nôus “atfénd, qui duit übus_joger tous? C62) -”" Eot-ce un jour de bonheur', estrce un'jour de vengennee; .” Le jour qui-doit finir ta fragile existence ? :" Tu n'en sais rien encore, jeune honime ; et tu pourrais © D'un destin inconnu devancer les arrêts, L " Craïis un: affreux réveil à ton heure fatele, * Crains de rentrer trop 1ôt dans la nuit sépulchrale. : Ah! moi-même courbé sous ‘un ‘doute accablant *: Au bord de mon tombeau, je m'arrête ets * Quelques faibles vertus me rassurent à peine, 7" Et peut être, $ mou' Dieu, j'ai mérité ta ER Grand Dieu! quand les humairis‘au tribunal érntués PÜes, dans la poussière à tes pieds prestérnés' ‘ Attendront de leur sort l'éternelle sentence s | Peut être en ce grand jour sigralant ta clémence : | De tes fils égarés excusant le alhéède. : | oi. Tu pourras pardonner l'ignorance ei l'erreur FN | Mais le cœur inhumain qui de vengeance avide Éteiguit ‘daus le sang une soif homicide, Mais le cœur qui n'a si pardonner un kon à Dieu vengeur, pourra-t-il pre le pardon? Non > mon file, non jamais, Dût voire décision paraïtre cruelle, le ton général de l'écrit vous. a-semblé: néanmoins :trop peu varié; .on voudrait que.sans.s’abaisser, la (63) inuse: du poète eft su quelquefois descendre. Le n.° 12, son rival, a moins de vigueur dans certains endroits, mais il a toujours plus de grâce et d'entraînement ; si l’un est plus brillant, plus porapéux , lauitré test d'une éloquencé plus facilè, On pourrait encore reprocher au n.° 18 moins de correction dans Île choix des épithètes, une rime négligée, ‘et une certaine obscurité dans le “éhonement ; ‘tes’ motifs vous ont déterminé , Messieurs , Lu ne “ki assignèr que la seconde plie 0 nn 7 D'après l'exposé que l’on: vient d’entendre, R jugement de la Société doit ‘êtré connu : il.ne. reste plus qu’à déchirer le voile qui couvre encore , le nom des vainqueurs. Le n° 12 portant pour “épigraphé CES mots (Übt èst frater luus P à paru ‘réunir te que Voù ‘devait surtout ‘désirer; vous - lui avez décerné le prit de poésie, et vous ac- cerdez une mentsan, honorable aux auteurs. de plusieurs autres: onvrages dns l'ordre suivant : n.* 18, 6, te à RS L C64 ) OMS DES AUTEURS oo “DONT LES OUVRAGES oué cormaés o aonianasharorablonns é. 14 : en *è ne ji" 5 ‘57, ep de 1): 11) PET TILL ne t: ne . : à F j "# ” is DE dec ‘r _ HS LMÉRATURÉ nn M: Corne (Hyacinthe). d'Apas : pour à Don, est auteur du mémoire çogronnf. sur, ce . sujet : Quelle fut sur la littératüre en général l'influence des Romans Français ou traduits de d'étranger qui ond'au € Len de. dal littéraire sb Las Se, L SU A Li PRE er POSTE. ro . su us M “Chaillen. { Nicolas) $qus- chef, à.lad- poivistration de la. Loterie, Rayalp..à Paris,.e est auteur _du.poëme couronné SUF le Duel. . ini ‘ Les:auteurs. des. poëËmes ,:sur ke:même:sujet , auxquels .des.réentiôns : Lieueer Été 1a€t cordées , sont : TR. es ® M: Corne (Hyacinthe), d'Arras, Avocat à Douai. | 2° M: anonyme. 7 : 3° M: G. Defelice, demeurant à Strasbourg. 4° M: . fils, dé Strasbourg. Le 65) | LE DUELLISTE, F ee. | re a: : Pois covzonné, PAR. My N. CHATILLON. CRIE De \ | E. vain, : députs Fe _—. la terre . Recele dans son sein ma victime innocente; : ,, Én vain ma honte et mes dangers, . M'ont fait errer longtems sur. des bords étrangers ; Quand je revois. ces: lieux tout remplis de mo crime, Je sens renaître ma terreur : , | Le poids du Ciel etme press et m'apprime 5 Et malgre moi je' retrouve :mon:cœur, ‘O Paris !:qui jadis eut pour moi tant: de charmes ; ::: Où Jes êtres. chéris nà iquis je: doisrke joun' PE sci > 152 Ont à mes premmigts:ans prôdigué: tdnt: d'amour ‘! 7": Où j'étais sans. rèprophe: et vivais!sais ‘alarmes ÿ> © ‘1 Qui m'eût-dit'qu'àll'acpect de ton heurenx séjour: ‘ Mes. yeux ‘se rempliraient: de: tarmniéÿ À sit. Faut-il que, sous tes rhurs;'et près de môh'bercedu ? Ma main de môn! semblable ait creusé le: tortibéau ! pe à Faut-il qu'un s6rt' cruel ait ‘protégé tés drnies !..., Horrible préjugé, voilà: donc :tei biènifaits! + Verrons-nous chaïjue jour ton audace impumie : Ériger en vertus les' plus hideux forfaits’; RE | | D C6). Et sar l'orguël-tx- puissance aflerinie Propager ces combets, :indignes des grands cœurs, Où les vaincus et les vainqueurs _ N'ont que‘le choix de l'infémie? . Quoi ! lorsque sous no yeux :d hemiaides succès Font pleurer la patrie et rougir la victoire , Nous tolétons ‘enèdé ‘ces critninels excbs 7 ‘ Un trépas sans honneur, an troimphé sans . _ Devraient-ils plaire h'4es Français? : : Vous dont leé armes protecttices . Ont su défendre et le Prince ét' l’État, ©: - Montrez vos hôbles cicatrices ‘5° C'est le parure du soldatiir 1" Mais cacher-neos cette “indigne blessure, Triste et, coupable érüit d'un meurtre médité:" ::: 1 ” Sur le corps d'un guérriet ce n'est qu'une souillures ::-: Sur Je corps. d'an: chrétien c'est une -flétrissure. :: : : - Puissé des :magistrats-l'inflexible: équités.….: :: ::°! Mais. que disrje ? des dois ij'appelle la vengéanée;: ::: : Et sur qui ? malhearepx !.. Rands-grâce à lenr;.cMmence : UF rauçais, sops,tes oups, a, terminé .50n artl Héles ! il n'opposait à mou bouillant transport ... Li Que la çandeur d'une Ampspura; Mais de mes attentats j'ai comblé la mesure; J'ai forcé son courage. à recevoir la mort, _. . .. ; Combien j'ai déploré: mon injustice extrême _. : C67Ù En le voyant, à mes pieds abattu, ‘. Eniourer son ‘heure suprême -"." ,; : De tout l'éclat de sa vertu! r, Quand. son sang, à grands flots, sillonnait la pos ; Il adressait à Dieu sa tranquille. prière : _. 2. Se résigsant sans prine et sans fort, . Ale clarté du, jour il: fermait la peupière. Comme le juste gui s'endort. Lorsque chacun maudit.ma faseur meurtrière Lui seul n’accuse point son eanermi cruel s. . Il s'offre en sacrifice à ce Dieu qu'il.adore # Bientôt sa: voix s'étaint , son front se décolore ; Déjà son œil terni ne voyait plus le 4idl' .: Et pour son assassin il l'implorait encore ;. /__ I me tendait encor la main ; . Ï ranimait pour moi sa force défaillante ; Et le dernier soupir Æchappé de son: sein Déposa mon pardon sur sa: bouche mourante. Ah!si, pour appañser des regrets. doulonreux } Son âme douce et. bienfaisante A voulu me laisser ée pardon généreux, Pourquoi donc ai-je vu son ombre. menacante ? : Je devais espérer que moine infortinée,. .: : Mais Jes remords rongeur se su'onk point pardonné, Chacnse de me nuits m'est qu'une: longue veille : Le ciel ne persmet. pas. qé un meurtrier sommeille ; C68) Et si parfois le sort, fatigné de mes pleurs, Dans les bras du repos assoupit mes douleurs, Ma conscience crie, et soudain me réveille. Le jour accroît encor les maux que je ressens : Il montre à tous les yeux le trouble de mes sens, Et me rend le témoin de l'horreur que j'inspire. Hélas ! pour mettre un terme à mon cruel martyre _ Tous les secours sont impüissans : Le monde et ses plaisirs sur moi n'ont plus d’empire ; L'amour n'a rien qui puisse me charimer : | Ma bouche ne sait plus sourire, Mon cœur n'est plus fait pour simer, Le sombre ennui, qui vient ie cousumer ; Compte tous les instans de l'heure qui s'écoale ; Autour de moi tout frémit et se tait : Je reste seul au milieu de la foule’, Et malgré meés efforts chacun me onnaît. Tl semble que du ciel le courrôux légitime À laissé sur mes traits l'empreinte de mon crime , Et que, pour inspirer un salutaire effroi, | Le tems, devant qui tout s'efface, N'a. pas encore séché la trace. Du sang que la victime a fait jaillir sur moi, Tel, vengeant la nature et le trépas d'un frère, Dans l'enfance du monde, on vit l’Être éternel Marquer du sœau de sa colère (69 ) Le front sanglant du .meurtrier. d'Abel. Foyons, sbandonnons une yille importune ; Mais hélas ! dans quel lieu ‘porter mon infortune? Par-tout du sang! par-tont un ciel accusateur !... N'importe; allons des bois souder la profondeur : Du noir chagrin qui me dévore Sans me contraindre au moins je aourrirai mon cœur ; Seul, je saurai dusort épuiser la rigueur ; | Partons, délivrons-nous d’un monde que j'abhorre. Je découvre déjà le fertile vallon Qui de Paris entoure les murailles; Déjà je reconnais le sinistre sillèn | Que creuse dans les champs le char des funérailles | 11 renouvelle en moi de pénibles regrets; Mais il conduit au moins au séjour de la pair. Allons y retrouver l'ombre mélancolique | Et du saule funèbre et. du triste cyprès ; Mais gardons-nous d'entrer dans ce lieu magnifique, Où chaque jour des monumens nouveaux Font accourir tout un peuple idolâtre Qui, semblant adorer le porphyre et-l'albâtre, Rend moins d'houneurs aux morts qu il n'en rend aux tombeau ; Où l'intérêt, seul Dieu qu'on trouve en cet asile, Nous vend, au poids de l'or, une terre stérile ; Où, grayant en airain les vertus qu'il n'a pas, .C70)) L'orgueil -véut: vivre encor :au-delà dut trépas. D'un siècle qu'éblonit une fausse lumière Voilà. les utiles bienfaits: . | Quaud la-pauvre.qui.sauffre attend una chumère, . Pour us oorps insensible on oanstruit un : palais ! J'aime mieux pénétrer dans cet enclos agreste : Où la prière est humble et la douleur modesée : | J'y saluerai la tombe avec un saint respect ; _ Et par-tont de la croix le consolant aspecb , . Elevera mon cœur wsrs le trône céleste. Entrons ; dans ce séjour de silence et de deuih Je veux offrir à Dieu mon éme repentante; . Et de la. cendre du cercueil . Je veux couvrir ma tête pénitentes: Mais du champ de la mort quaud je frauchus le seuil Quel jenne cufant à mes yeux se présente ? Ses traits expriment la douceur : > 4 Sur un sol inégél ; qne sans cesse tourmente . L'infatigable fossoyeur , Son sèle vigilant protège de sa sœur . La marche incertaine et trembilante ; Puis, me tendant une main suppliante: « Ah! dit-il, si le ciel, pour nous rendre nn appui, » Vous amène en ces lieux paisibles, » Ne trompez point l'espoir que nous avons en’ lus » La pitié des âmes sensibles (71) » Est le seul bien qui nüus:reste aujourd’hui. »° Arraches notre mère à: des tonrmeris horribles : * so » Elle t'a: pu recueilli: dé matin!" "7 » Que quelque nbutrftüte-ànoûs seuls ‘réservé ; ru »: Voyez, Montieut, quel ést notre châgrin ! » Pour nous elle s'en est privée, 2 » Et nous tavezs encor bien-faim ! » ‘’ À ces mots, prononcés-d’uün' tôn Siraple ‘et timide , Il baisse ea rougissaht iuñt paupière hüide, : ‘| Hélas ! poñituoi cé‘jeudné"itifontuné " * A langair sur: térré tstuil’ dbüi condamhé? “1°! Il n'a pu'rmpritér: sèn Hein” déplorable , a ‘n'a point dans de sang trempé sa main “coùpablé, di Il ignore le-crimté ; et pourtant ‘1e malheur‘ """" ts Vient lé frapperen entrant Uañs' la Viet He Le désespoir :déjh #étrit: son cœur; HD 42388 Où le repousse, on l'hmmiäiei “©. Et le refus oroel #épond: 4sa: dohledé,! ‘: © -"" 3 Tel et'lervort du pauvre qui ‘feridie D AL À ses gémissemèens és hommes restent -soùrds A Eee Plus on est matheurédx: moitié ‘on a’ de seèdurs! 2 * ‘* « Tiens, dis-je a:xét énfant', réniais'à Pespérance : « Si je.ne peux tavir les pleurs du l'indigence. : ‘© n Aumoins j'en suspendrai le ‘cours ; : 1e » Prends, et vas de ta nière appaiser lé souffrance, » Il court ; mais tout-à-coûp revénant sur 565 pas; (72) « Monsieur, dit-il, ne vous tromiper-vou pas ? « Quoi ! tant d'srgent...à nous? c’est Dieu quivousenvoie!» II me baise les mains, il sanglotte tout bas; |. Mais combien cette fois ses larmes ont d'appas ! . . . __ Ge sont les larmes de la joie. . : : 11 part. | Eu Se. RS fe de O que le ciel au . peu de bien qu'on fait Sait attacher de jouissance! D 11 semblait que déjà la paix.de l'innocence : .:. Etait rendue à mon, cœur satisfait : | Déjà mon song plus pur circule daus mes. veines, © ”. L'air est plus: calme, et: pèse moins sur: moi x. . De sauglans souvenirs, n'aigrissent- plus Ames peings ;. Sur ce terrain grossi de dépouilles. humaines. Je lis mon avenir, et l'attends sans effrois : Mais lorsque de ces lieux je parcours l'étendue, Quel objet cepeudant afllige encor ma vue ? : Près d'un tombeau c'est; une femme en pleurs :: Des enfans sur, son sein m'annonçcent, qu'elle est'mère , Ses habiis eg lambeaux révèlent sa misère. ©: Son teint. pâle et. “hvide attestent ses douleurs, Sans doute elle a dy. Ciel mérité, la, colère ! , i Mais ne pourraisrje pas , sans en £tre apperçu.… .: » Oui, tout seconde ici le desir qui.me presse: . A la faveur de la çharmille épaisse Je peux entendre,, et rester inconnu: : (73) » Ne-pleure plus, nra boune mère = Disait l'un des enfans, « Tant d'argent à la fois ” Promet à l'avenir un destin plus prospère. * ” » Grâce ‘au bienfait qu'aujourd'hni je reçois : » Nous ornerons de fleurs la tombe de mon père j ; » Ettu nous donneras, j'espère, _» Du bon pain blanc comme. autrefois. » Oui ; mon fils y Mais FRE ; dans ton impatience ; » Às tu bien exprimé notre reconnaissance » À ce charitable étranger | à = Qui sait plaindre le pauvre et vient le ‘soulager » Ila fait plus, h hèlas ! pour votre faible enfance | n Que ces êtres indiens hs Qui n'ont jatiais su voir dans le nom de parens n° Que 1e ‘hazard de la naissance, | Les nôtres, que le ‘sort ‘combla dé’ ses faveuis F3 Auraient dû ‘de nos maux sdoucir les dre À : Mais ils ont: mésuré notre ‘Tongüé infortuhe ; 3" # + S 3% Ils ont va nos malheurs, et se sont détournés ; » Puis, repousant une plainte importune, n Ils nous ont tous abandonnés !... | » N'accusons point, mon fils, la justice divine ; » Le Seigneur veut qu'on l'aime et non qu'on le devine : » À souffrir sur la terre il nous a condamnés ; n Mais nos maux vont finir ; et bientôt je l'espère, » Nous irons dans les cieux rejoindre votre père, 19 (74) C'est là que l'indigent n'est plus humilié : = n C'est là qu'au sein de Dieu-, dans le concert des anges, Votre bouche , vccupéé à chanter ses louanges, » Perdra le goût amer du pain de la piliés | | » Cet espoir enivrant dissipe mes alarmes : » Oui, mon cher fils, ton père et mon époux » Près du très-haut intercède pour nous : » 11 Jui dit nos douleurs , il lui montre nos larmes, » Je le vois Lu dégagé des liens de la mort : ÿ De la paix éternelle il savoure les charmes, n Puisse son meurtrier jouir d'an pareil sort ! » Au nom de meurtrier qui frappe mon oreille | Le remords engourdi dans mon cœur se réveille :. Je nié 5603 tout-à-coup saisi d'un froid mortel ; | Et de ma main tremblante écartant la charmille, Je lis. ces mots gravés : ICL REPOSE.... D ciel ! : C'est lui ! ! voilà sa tombe. ! Lise et voilà sa famille !!! , C5) = : SE … ca ; k RAA L + ‘ : où à L L F ‘ SUR 0 LA LES ROMANS ET LE GENRE ROMANTIQUE : Par M: H.-Conn : Avocat à Douai. SL à CHALET A ENSI que le monde politique, le monde lit- _téraire a eu ses révolutions, C’est que l'esprit humain est le même en tout ; c’est qu’entraîné par une farce irrésistible qui ne lui permet pas de rester stationnaire, il tend un cesse vers un mieux. qu'il né connaît pas, ei s'engage quelque- fois dans des sentiers, quil’en écartent, lorsque ses. yeux, momentanément obseurcis , ne lui per- mettent plus de distinguer le vrai but, ou lorsque h.satiété de la j users a enfanté le dégoût e et da soif de la nouveauté. ” Jamais ces principes de révolutions n'ont fer- menté avec plus de force dans le sein de la répu- blique des lettres que pendant les vingt - cinq années qui viennent de s’écouler. | : Deux siècles de gloire ent accumulé les chefs-d'œuvre sur toutes les routes ouvertes au génie , et les successeurs de tant de grands hommes | C 76 ) contempläent d’un œil abattu ces colosses de talent et de renommée. Il fallait lutter encore avec des ÂAthlètes tant de fois victorieux , et leur disputer dans le temple des muses des trônes que la voix des siècles a depuis si longtems lévitimés ; ou. bien , fuyant un combat trop inégal, il fallait s’aller confondre dans la foule obscure des imitaleurs qui se groupe autour de leurs staiues. _Dans cette PORN alternative, quelques | hommes audacieux ont élevé la voix et ils ont dit : « Tous les chemins qui. mènent à la gléire ont-ils donc été parcourus { ? Il en reste encore ‘que le génie peut s'ouvrir. Brisons enfin le joug humiliant de ces antiques modèles, et méritons de devenir hous-mêmes modèles pour la ponte » Ils disent ; et l'esprit de tin: Ja fu- reur d'indépendance et d'innovation dont ils soit armés, leur font bientôt une multitude d adeptes. Enfans perdus d’une secte naissante, quelques ouvrages où l’affranchissement des anciennes règles est préconisé et mis en exemple, viennent sonder le goût ei les dispositions du public. On le. suppose las de ses .anciens trésors , et avide de jouissances nouvelles. Des plumes exercées, des imaginations brillantes et fécondes, sacri- Ed (97) fiant à l'idole du jour, se vonent à la nouveauté, amoncent des prétentions d'envahissement et dé: plaient ne hennière ennemie. Le monde littérairé est en alarmes. Les uns s’arment pour détruire, Jes autres pour défendre l'édifice antique, la guerre est déclarée, et la liftérature française attend avec inquiétude la décision de la'grande querelle éntre es romantiques et les classiques. "A + è S'il estun genre de littérature moins soumis que les:autres à des règles invariables, et qui pérrnette aux xovafeurs de mettre en pratique ét d'accréditer plus aisément leufs théortes, c’est sans contredit le roman. Aussi est-il dévenu bientôt - #sous:leur plume , comme le manifeste des nou: elles. doctrines, Mais avant de: considérer la ré- volution qu'ils Jui ont fait subir, et les résultats qi doivent s’étendre.sur la littérature én général; al ne sera pas inutile de tracer d’abord un histo- rique abrégé dé ce genre, pour faire connaître ce qu'il avait été jusqu’à nos jours , ce qu'il est devenu et peut devenir encore entre les maïné des ROPAEUTS, Rs L'enfance- du roman se _ Fe 1 ténèbres du moyen âge, et c'est en vain qu’on voudrait la faire remonter jusqu'aux siècles. antiques de la Grèce. Quelques contes de Lucien, la pastorale ° (78) de Daphanis et Chlaë, attribuée à Longus, se rattachent à d’autres genres , et ne méritent pas le titre de romans d 0 quelques savans leur ont donné. nn 2 | Citoyens , guerriers, juges et législateurs tour- à-tour , les. habitans des anciennes républiques de la Grèce et de l’Ztalie, avaient une existence trop active et trop réelle pour songer encore à vivre . dans un monde imaginaire. Au milieu: du tumulte des cités, ils aimaient quelquefois, il.est vrai, à reporter leurs regards sur l'innocence et leg charmes de la vie champêtre , et de R, naquit la pastorale ; maïs comme ils tenaient-encore l'a mour renfermé dans.les bornes de la nature , et que des occupations sérieuses , .de.grands..inté rêts politiques, ne permettaient pas à ce sentÿ- ment d’usurper ug empire exclusif sûr leurs. âmes, ils ne pouvaient concevoir un genre important de dittérature totalement destiné à retracer les doù- * ceurs., les combats et les tourmens d’une. seule passion. Ils. ignoraient également le roman dé mœurs , et laissaient la comédie seule en pos- session de livrer les vices et les ridicules à la risée publique. Cherchons donc l'origine du roman dans cette nuit profonde où la barbarie avait replongé l'Europe et où dormaient encore les | germes de la civilisation qui devaient là régénérer. C9) Aux neuvième, et: dixième’ siècles , lorsque le Nord épuisé-cessa de précipiter sur le Midi ses bordes innombrables et sauvages ; lorsque du mélange des vainqueurs et des vaincus naquirent des idiômes plus ou moins barbares, quelques traditions de la langue des Romaïns, conservées dans les provinces méridionales de la France, se mélèrent avec le Her “et'il en résulta un idiôme particulier qu'on appela la langue romance. IL est facile d'y reconnaître l’étymologie du not de romances donné aux premiers ouvrages qui furent composés dans cette langue. Sous un ciel riant qui rappèle celui de la Grèce, les Proven- çaux , doués d’une imagination vive, et munis d’une langue assez propre à.la: poésie, cédèrent les premiers à ses inspirations , et les bords de la Durance, comme ceux ‘de l'Ebre autrefois : retentirent d’une mélodie inconnue, Bientôt les. tournois où l’on voyait une no- blesse brillante et guerrière disputer le prix de la valeur, et recevoir la couronne de la gloire des mains dela beàuté , bientôt ces jeux cheva- leresques , en consacrant le règne de la galan-_ _terie, ouvrirent un vaste a aux Ce Les croisades inspirées par l'exaltation us sentimens religieux et l'ardeur des conquêtes, _ €) | allumèrent au plus haut degré, dans l'imagination des poëtes de.cette époque , le goût des fictions gigantesques. Ces expéditions singulières et loin laines, ces aventures inouies où se confondaient tons les genres de merveilleux, le Dieu des chré? tiens, les génies des Orientaux', les : fées dés Arabes, les mœurs bizarres et faroüchés des Musulmans, les haüts faits d'armes des cheva: liers, et l'amour de leurs dames, auraient pu, s'il se fut alors rencontré un Homère, faire étlore un poème épique ; mais cette gloire était réservée au seizième siècle et à l’Zfalie. Nos poëtes _ provençaux maniaient encore une langue trop _indocile. Rebutés des difficultés de la poésie qui ne leur: permettaient pas de se livrer à toute lVardeur de leur imagination, ils finirent par | prendre un interprète moins noble, mais plus souple, moins hardi, mais plus rapide, et aux romances succédèrent alors les /Ægendes en prese d’où naquirent bientôt les romans. Les plus anciens qui soient parvenus jusqu’à nous sont les amadis de Gaule et autres romans de la fable ronde. Au milieu d'un fatras d’exa- gérations chevaleresques, on y retrouve ‘la -pein- ture assez fidèle des mœurs de ces anciens tems où un certain héroïsme , une véritable élévation de sentimens , une courtoisie galante formaient tn) un contraste bien étrange avec des débèrdémens effrénés, la plus profonde ignorance et une égale barbarie d'usages et. de préjugés. Du mé: lange des romans de chevalerie et des contes merveilleux inventés. par le génie oriental des | Arabes, naquirent plus tard les chevaliers érrans qui eurent une grande vogue dans le midi de L'Europe, et surtout'en Espagne, jusqu'à ce qué ces grands pourfendeurs de géans , ces champions nés de toutes les dames opprimées par quelque | enchanteur , vinssent expirer sous les traits satÿ- riques de l'inimitable Cervantès. Déià , véié Là fin du quinriéne ‘siècle, les : soupirs des:hergères avaient fait tomber en ds: crédit les grands coups de dance de nôs clteva: lers'; nos ‘guerres de l'Itdie, en épaisant France ; lei avaient du moins fait entrevoir dé _ précieux trésors littéfaifts. Nos auteurs ; adsei pauvres de leur propre fonds; s’émpressèret de recourir à cette source abondante; et l'æ- mable conteur Bosace, ke ‘tendre: Péträrque', eurent chez nous .de re Hitätèuts _ la nouvelle et la Po: un. Fa He re | Cependant Lt : 4 sn aüroré ,: con: mençait à régénérer ka Frwive. De nouvelles mœurs s'introduisaient, de nouveaux besoins ET (82) créaient de nouvelles jouissances inconnues à nos rustiques ayeux. Le galant François L‘ avait | attiré les fermes à sa cour , ‘et quoiqu’au milieu des orages des guerres civiles et religieuses , les . rois ses successeurs ne cessèrent de $’entourer dans l’oisiveté de leur palais de ce sexe aimable, dont'le goût exquis et l'esprit délicat, non moins puissans que ses charmes , exercèrent sur la na- tion une influence profonde, dégrossirent les mœurs , commandèrent la politesse des manières et nous révélèrent dans la littérature comme dans le commerce de la vie, ce sentiment si pur des convénances qui n’a pas peu contribué à nous rendre les chefs de la civilisation ‘européenne. | harement. chez les Français, une impulsion: donnée n’excéda pomt les bornes. À la renais- sauce des lettres, les femmes, oracles et idoles des auteurs ; polirent les mœurs ét les ouvrages de l'esprit, mais les -affadirent également. Une galanterie raffinée, un sentiment quintessencié , une .affeterie au delà des dernières hmites du ri- dicule.infectèrent surtout les romans. Ce fut alors qu'on vit M Scudéry évoquer les Horaces, les Clélie, les Brutus, toutes Îles grandes ombres de l'antiquité , pour les affubler grotesquement d'un habit de cour ,.et leur faire débiter, èn voguant sur le ffeuve du tendre, des fadaïses l Le | C 85 ; prétendues pastorales. On travesti l'histoire, on défigara le cœur humain. Des seritimens.factices, un style maniéré remplacèrent le langage mâle et simple des vraies. passions ; mais des femmes de cour, qui avaient épuisé ou corrompu en elles la véritable sensibilité, et pour qui l’adulation des hômmes ne pouvait jamais prendre de formes trop'emphatiques, se pâmaient de plaisir, en li- sant ces- prétentieuses niaiseries. Boileau vint enfin qui en fit justice dans un dialogue des morts peu connu maintenant, mais qui fut alors un coup mortel dont ne se relevèrent point les Scudéry et la. Calprenéde. Deux femmes. alors firent encore di par leur exemple que le satyrique par ses plaisanteries. M.» Delafayette, dans Zaïde, et la princesse de Clèves, M." de Sencin, dans le comte de Comminges trouvèrent le chemin du cœur, et surent en tracer l’histoire; le: naturel enim ok rémtégré dans sés droits. Il fut donné à un ouffon. d'enrichir le roman d'une acquisition précieuse. $carron, qui ne s’en- tendait guère à parler le langage du sentiment , voulut. au moins faire un livre avec son esprit. . Il choisit sans doute pour modèle Rabelais dont les satgres ingénieuses, déguisées sous le voile (84). d'une grotesque allégorie , se firent pardonnér à. force de gaieté , la hardiesse et la licence de. leurs peintures Enhardi par cet exemple : Scerron parta ses vues plus loin, et résolut de faire du roman un auxiliaire de la satyre et.de , la comédie. Cette idée, qui domine. dans son . roman comique, boutade fort amusante d’un esprit burlesque, donna l’éveille aux romanciers. Mais ce qui n'avait été qu ‘indiqué par Scron fut dignement exécuté par Le Sage. C'est à cette. main hardie et savante qu'il appartenait d'élever un théâtre immense où toutes les conditions hu- maines viendraient passer sous. nos yeux, -et dé- rouler les replis de leur cœur. Lui seul peut-être , après Molière, était digne de faire parler sur cétte grande scène, des acteurs de tous les âges, de : tous les rangs, avec ce.naturel parfait qui est le. comble de-lart, sans cependant le laisser soup- conner ; et ce qui achève le triomphe de ce grand peintre, c'est qu'il a tellement pris tous les traits de ses tableaux dans le. cœur humain, _qu aujourd'hui même encore, après plus d'un siècle, après des dois totales dans les mœurs , les coutumes et les usages , nous sommes forcés de nous écrier, en reconnaissant chez lui nos vices ‘et nos ridicules : c’est bien celà !.. ” Honneur donc à l’auteur de Gü-Blas { la pos- (85 } | térité. a. déjà marqué sa placa: non loin de l’us- teur du Tartufe. Comme lui il a eu des milliers d'imitateurs , et comme lui. il n’a pas RO" où : d'égal. | _ Parmi ceux qui l'ont suivi de plus près on. compte l'abbé Prévost et Marivaux. Célui-ci dans Marianne eut presque fait croire qu’il avait re- trouvé le pinceau de Le Sage, et en général, dans ses romans on rencontre plus rarement que … dass sonthéâtre, ce style précieux et maniéré, ce sentiment alambiqué, pénible ouvrage d’un esprit plus subtil que sensible, L'abbé Prévost, avec moins de finesse, mais un sentiment bien . plus vrai parle au cœur dans Cléveland, le Doyen de Killerine, et sur-iaut dans Manon l'Escaut. Nous lui devons aussi de nous ‘avoir fait connaître plusieurs:romans anglais et entre. . - autres le chef-d'œuvre de Richerdson. Montesquieu, dans ses lettres persannes, faisait, | sous un voile ingénieux, la satyre mordante de son siècle, et dans une composition frivole en apparence révélait au monde littéraire le coup d'œik observateur et profond, et ka touche vigou- D reuse de l’homme qui devait un jour écrire l’esprit : des dois. | Voltaire, dont Le vaste génie semblait reeyeulir ; (86 ) oo. à-ué seul, tout l'héritage du grand siècle. Voltaire, qui-essaya tous les genres et marche au premier rang dans plusieurs , mit dans ses romans cette philosophie satyrique qui corrige par le ridicule, et cet. enjouement vif et malin qui dopne la vie et “met le cachet de son talent aux plus minces ouvrages échappés de sa plume féconde. Heureux, si content de fronder les véritables abus , il n'at- : taquait sans cesse et avec les armes les plus dan- gereuses, une religion , premier présent du ciel; premier besoin de l’homme et des sociétés ! L'esprit et les mœurs d’un siècle ne se peignent nülle part avec autant de vérité que dans sa litté- rature, et dans le roman surtout. C’est dans ce miroir de la société que viennent se réfléchir les tableaux que l’auteur à sous les yeux. C’est-là que chacun vient se retrouver lui-même, ou recon- | naître du moins le monde qui l'entoure: C’est. ainsi, que les scandales de la Régence et la cour voluptueuse de l'amant de Pompadour donnèrent. la vogue ‘aux romans de Crébillon , de Duclos et de leurs nombreux disciples. Dans ces ouvrages . | brillans d’ailleurs, l’obscénité à peine voilée par une gaze légère, faisait les délices. d’un siècle où la licence, fière de trop illustres appuis , se montrait le front découvert, ets ou Pa La sur” les marches. du :#réne. 0 | \ ns 1 (87). . Organes d’une morale plus pure , deux femmes, . vers la fin de ce siècle , soutinrent dans le roman : la réputation que leur sexe y a toujours méritée: M." Riccoboni et Graffigny rendirent désormais incontestable. cette vérité , que les femmes douées . d'une sensibilité. plus vive que-eelle des hommes, d’une finesse de tact plus exquise. doivent exceller dans un genre où l’un des grands mérites -est de saisir jusqu'aux plus légères nuances du senti- ment, jusqu'aux traits de mœurs et de caractère . les plus déliés: +. - Mais aussi, ce ne fut jamais la main d une femme qui conduisit le pinceau des Cervantès , des Le Sage , des Fielding : te pinceau qui pei- gnit à grands traits la société toute entièré’et descendit profondément dans la nature pour:ÿ, puiser ses couleurs, Jamais, aussi il ne fut donné: à une femme de faire retentir. aussi puissarament que Rousseau dans le fond des cœurs et les. saupirs passionnés de l'amour et la voix mâle. et sublime de la raison. : Dans la nouvelle Héloïse , rempli du feu qui le dévore, il s élance par des routes peu régulièr es, mais. partout il marque. son passage en traits de flamme ,. et le lecteur, maïtrisé par T'ascendant de son. génie est. forcé | de le suivre et’ de. l’admirer jusque dans ses, écarts. nu _— . + se y ; « & . ; “. . CRE *: % e - PE + É Asset ete PS tit = * à Ne .> (88) . Digne élève de Jean-Jacques, Bernardin de _4W.-Pierfe, avec. une imagination ioins fou- gueuse, mais plus doute et plus riante, un cœur moins passionné, mais aussi tendre , nous tràça le charmant tableau de Pan] et Pirrinée. Amant de lu belke tiature, il était digne d'et peindre l'idéal ; ét les charmes d’iüné vie couté dans da simylicité de l'mnocente', ‘sous l’treu- reuse influente du plus beau cie de l'univefs , ont pris sous son pinceau pijtoresque et mélanto- lique des couleurs si séduisantes , qu'on regrette, en le lisant, de ne pouvoir aller , Loin de notre monde dépravé , réaliser dans la solitude ces rêves enchanteurs . Singulière destinée à des nb: hommés !fotts de leur seul géhie:, ils montent à l'innortalité par des sentiers inconhus au vulgaire, et le vul- gaire qui ne s 'apperçoit pas que la bartière s’est refermée après eut, se précipité aveuglément sur leurs traces, et ne trouve qu'un écuüeil où ils ont trouvé la gloire. Rousseat , Bernardin de St-Pierre èt Boffon, dans des genres différens :. mais avec.un talent égal, sémblaient avoir dérobé à la-poésie tous sës ttésors pour en enrichir la prose; sous la plume de ces grands maîtres , etlè charmaït pär son coloris gracieux ; elle en- chantait par sa mélodie, elle entraînait par ses | 8) ) | élans rapides. Mais s'ils l'avaient portée au plus haut degré de splendeur, ils étaient trop habiles : pour DE les ques pe par le goût. Vint bientôt Le EUR peuple des cnlstes qui. défigura tout. La noblesse devirit emphase ; la grandeur aëteignit le gigantesque ; toutes les çouleurs furent chargées ;. un long roulement d’é+ pithètes sonores -tint lieu- d'harmonie. Dans le langage des. passions, une déclamation outrée remplaça l’éloquence , et le naturel qui n'exclut pas le sublime, mais qui fuit devant l’enflure , ne reparut plus dans les ouvrages infectés de cette innovation corruptrice. | Ja se elle - même , par la fausse direction qu’elle suivit alors , .prolongea cette malheureuse aberration de nos prosateurs. Doué par la nature de R plus riche et de la plus féconde palette , Delille répandit avec profusion ses brillantes cou- ‘ leurs sur tons les objets qui séduisirent son ima- gination. Le public ébloui lui prodiguait les ap plaudissemens ; .et. Delille fatiguait. l'admiration: du public par. de nouveaux poëmes- descriptifs. Dès lors la mamie descriptive devint uné fureur ; ce qui ne doit étre qu'un ornement agréable |: , .… employé avec discrétion ,‘ devint l’objet principal d’un roman comme d’un poëme. On ne songea | 12 s ( 90 ) oo plus à noyer une action, à ménager des con- trastes, à faire parler ses persannages suivant leur caractère ou leur position, à entrainer le lecteur par des situations attachantes jusqu'à un dénouement frappant ou pathétique ; on ne songea qu'à lui faire parcourir une longue galerie de ta- bleaux monotones où ses yeux se promenèrent _ sans cesse d’une eurore, sur un coucher du soleil, d'un orage, sur des ruines, des bords rians d'un fleuve, aux sommets sourcilleux des monis. Une manie aussi fastidieuse ,un tel contresens de la prose et du roman n’avait cependant pas infecté toutes les plumes ; et le goût si ouver- tement outragé comptait encore d’habiles et nom- breux défenseurs. La diction naturelle et correcte de M" de Genis, le stile tendre et passionné de M."° Cattin , soutenait le roman classique contre les aitaques des novateurs ; et si la verve comique et mordanie de Pigault- Lebrun effarouchait trop souvent la morale par dés peintures licencieuses , . elle respectait du moins et défendait par son exemple les antiques doctrines littéraires... Deux grands talens s’élevaiént alors dans la république des lettres , et semblaient appelés à la dominer un jour. Il ne manquait rien à M." de | Staël & à M de Chéteaubriant pour suivre de {gr ) \ près nos grands modèles dans k route des an- ciennes traditiôns, ou. pour devenir eux-mêmes Les ceryphées brillans d’une secte nouvelle. Deux sentiers s'oüvraient devant eux, ils ont dédaigné celui bäâttu par les classiques, et si l'on penthe à -creire qu’un choix raisonué eut autant de part que l'entrainement dans leur détermination, du moins faut-il convenir que jamais novateurs n’a- vaient renconité de circonstances plus favorables. © Pour un esprit observateur ct fhdicieux , il ñ ‘était. pas difficile d’appercevoir la révolution morale opéréé par lé contrecoup de nos révolu- tions politiques. Deux siècles semblaient avoir passé sur la France, en dix ans. Du sein de la tourmente était sortie une génération nouvelle, entièrement séparée par son éducation, $és opi- nions , ses intérêts , de là génération précédente. Religion, ‘lois, mœurs, usages, littérature, tout semblait avoir été englouti : ; tout semblait être à recréer pour le Français moderné. Comme la société demandait des lois et des institutions nouvelles, on erut que là littératuré ne pouvait rester immobile au milieu du mouvement général ; ei qu'elle demandait aussi de nouvelles règles, une nouvelle direction. M." de Siaël et M: de Chdeaubniant sè chattèreñi de les lus donner Le d'y joindre leurs dl e (92) Ici mon sujet s'agrandit. J'ai suivi d’abord le roman pas-à-pas , depuis son berceau jusqu’à nos jours , tant qu'il s’est resserré dans ses li- mites et n'a exercé aucune influence bien directe et bien prononcée sur des genres qui lui sont étrangers ; mais aujourd'hui que l’école roman- tique semble le revendiquer comme sa propriété exclusive, et veut en faire le symbole de ses étranges doctrines , je dois me placer dans une ‘sphère plus élevée et plus étendue pour embrasser tout l’horison de la littérature. Je ne m’arréterai . pas à analyser minutieusement les diverses produc- tions de M." de Staël et de M: de Chéteaubriant, mais je m’attacherai à en étudier l'esprit, à en découvrir les théories lorsqu'elles n’y sont pas formellement exprimées, et sur-tout à en dé- voiler les conséquences. Ces deux écrivains ont chacun leur école, et chaque école a sa tendance particulière qu’il importe de signaler. Je com- mencerai par celle de l’auteur de Corinne et de l'Allemagne, comme l'ennemi qui a cherché à porter à notre littérature les ne les plus mortels. | À une raison mûre et virile, M." de Slaël joignait un enthousiasme exalté qu’elle tenait de son sexe et qui mit plus d’une fois son goût en défaut. Passionnée pour les :abstractions méta- | ( 9 ) physiques , elle conçut pourles spiritualités d AI: Jemagne une admiration presqu'idolâtre, et bientôt cet engouement s’étendit à toutes les productions de la littérature germanique. lopstok, Gethe, Schiller lui parurent des génies dont les ouvrages devaient servir de points de comparaison pour juger tous les autres écrivains. Le genre mélan- _-colique’et rêveur , la métaphysique du sentiment _ dont-sont empreints les chefs-d’œuvre de l’école allemande, ces poètes, toujours en contemplation de leur âme ou des merveilles de la nature, en méditation sur des tombeaux et devant les pro- fondeurs de l’éternité, ne pouvaient manquer de captiver une imagination ardente et avide de fortes émotions. Cette âme fière et presque répu- blicaine applaudissait avec transport à la liberté du théâtre allemand qui, à peine sorti de l’en- fance et de l’ornière où il s’était traîné quelque tems sur les traces’ du nôtre, avait enfin pro- clamé son indépendance. Aussi voyait-elle avec indignation la littérature française encore asservie aux antiques traditions de la Grèce: Aussi dans son friumoirat romantique avec MM." Schlégel et de Sismondi ne cessa-t-elle de travailler à briser ce qu’elle appelait le joug d’une superstition servile. sb Voici os l'ensemble d des: que C9) Tèn trouve éparseë dans 5es éérits ou dans ceut des principaux adeptes de la même école : x La Hitlératore d’un peuplé doit éêtte indigène. Elle doit être née sur le sol qu’elle vivifie, appropriée aux mstitutionis, aux mœurs des hothmes dont elle est destinée à charmer les loisirs , à attendrir les cœurs , À éclairer les esprits. Ces Grecs antiques donit , aprés tant de siècles, notre raison liuriliée s’'indigne de subir encore les lois, ont-ils fait atre chose qué ce que noûs recommandons ait fations modertiés? Allaïent-fs chércher sous des climats étrangers et loïntams les sijets de leurs thants et leurs inspirations ? Les vit-ott invoquer , dans leurs poëmes, le Brota de indien , où les divinités de Memphis ? Etalent-ce les rivages da Wil ou de V'fndus qu'ils petgrarent dans leurs ‘flans tableaux? Non, trot fiers de feur patrie, trop riches dé leurs propres trésors potir rien empt'un- ter aux aûtres nations , C'était toujours ha Grèce ; | avec ses dieux , son betü ciel, ses montagties pittoresques , $es vallonis enchantés qu'ils offraient jaux yeux dés Grecs. Îls ptaçaient leur Jupiter et Sa Cour immortellé sur le fidnt Ülympe , Minerve dans /a citadelle d'Athènes, Apoñon sut \e Pinde. C'était le gazon de leirs prairies que les ryraphes foulaient dans leurs danses. C'était les échos de Aeors valides qi retentissaient des chants des ( a® ) muses ; C'était les fontaines de la Grèce que Le agïades alimentaient de leurs urnes. on Pourquoi 2 pas suivre cet exemple ? en fans du Word, qu'avous nous besain d'emprunter des richesses ,. de payer un tribut aux enfans du. Midi ? Si le ciel serein de la Grèce, si ses camr pagnes fleuries égayèrent jadis l'imagination de ses poëtes, le ciel nuageux et mélancolique de la Scandinavie , berceau des peuples du Word, les sombres profondeurs des forêts germaniques, antiques retraites de nos ayeux, sont-ils donç stériles en grandes inspirations ? Les Grecs avajent peuplé la nature de divinités poëtiques. Leur mythologie riante était une source inépuisable de charmantes fictions : eh bien! nos pères n ’avaient- ils pas aussi peuplé la solitude de leurs forêts de génies terribles ou protecteurs ? et ces harpes célestes dont les enfans d’Odin, mollement portés sur les nuages , font raisonner les cordes har- monieuses , doivent-elles se taire. devant la lyre dont les. accords charment les ombres errantes dans l'antique Elysée? Teutalès , le. Gui sacré, . les Druides, les sacrifices nocturnes sont-ils moins poëliques que les dieux de l’O/ympe, et les cé rémonies de leur culte ? Que deviennent enfin les. plus brillantes fables du paganisme devant cette religion auguste et mystérieuse qui est venue dé-. | C 96 ) : voiler aux nations les secrets d’un monde inconnu jusqu'alors ; révéler à l’homme la sublimité de son origine, agrandir l'orgueil de ses désirs , accabler son esprit de toute l’immensité de l’a- venir ? les anciens n’ont pas ‘connu cette source féconde des grandés pensées, ils n’ont fait qu’ef- fleurer le sentiment. C’est à nous de l’appro- fondir, de descendre plus avant dans les mys- tères du cœur humain ; de cultiver cette mélancolie. rèveuse qui se nourrit des spectacles imposans où terribles de Ja nature, et médite silencieuse- ment les grandes leçons des ruines ou des tom- beaux. Enlin, c’est à nous d’opposer au langage méthodique, positif, orné, mais superficiel et froid de la littératuré classique, le style hardi et pittoresque, les tableaux sombres et éner- giques , les méditations nébuleuses et: profondes du génie romantique. Et que dire de l’injure_faite à notre hisioire ? ‘nous l'avons donc crue bien pauvre en grands ‘ hommes, en touchans souvenirs, en.catastrophes frappañtes , puisque ce n’est que d’une main timide que nous avons .osé l’introduire sur nos théâtres comme dans nos poëmes. Pendant un siècle entier:la Melpomène française s’est indignée . de ne célébrer jamais que des héros Grecs et Romains. Serviles imitateurs des anciens, non- \ (97) “seulement nous avons suivi, comme des règles imprescriptibles du goût, les caprices d’ün fai- seur de poétique, nous nous ‘sommes courbés volontairement sous le triple joug des unités d’Aristote , mais encore nous avons eu assez peu de fierté nationale pour bannir de notre scène nos héroïques ayeux, pour n’ériger dans la langue qu'ils ont parlée, dans la patrie qu’ils ont im- mortalisée , de monümens qu'à la gloire des grands hommes antiques. On eût pris les Corneille et les Racine pour de simples traducteurs des Sophocle et des Euripide. Là France avait un théâtre grec. La France n avait pas de théâtre vraiment français. 2 » .Îl n’en était pas ainsi de la noble Angleterre: le génie chez elle n’a jamais connu d’entravés ; c'est à lui de donner des lois ét non pas d’en subir. Au lieu de marcher à la suite d’Homère, Milton s'efforçait de voler son égal ; Shakespeare n'avait point lu Sophocle et devenait le Sophocle de son pays. Sa muse patriotique consacra ses _ chants à la gloire comme aux plaisirs de ses concitoyens , et ses concitoyens n° ‘ont _pas. été avares de leur reconnaissance, » L'Allemagne enfin a suivi ce noble élan: “Ses poëtes, ne prenant plus désormais que la 13 (98 ) nâture pour modèle et leurs inspirations pour guides, se sont frayés, vers la gloire, des routes nouvelles , et cette précieuse indépendance du génie , présage les plus beaux j SRE à la ce | ture germanique. » » Français, négligero ons -nous ces salutaires exemples ? le tems est venu de nous affranchir d’un esclavage volontaire, et de reconquérir une littérature nationale et indépendante. KRepoussons donc enfin ces théories usées qui ne conviennent plus à à un peuple nouveau. Nous y perdrons peut- être une fatigante régularité, mais nous y gagne- rons l'originalité, la force , la profondeur. Notre _ scène s’agrandira en devenant libre. Le génie, que trop d’obstacles rebutaient, s’élancerä dans la lice, lorsqu'il pourra prendre un essor digne de lui, et mille chefs-d'œuvre d'un genre nouveau viendront rajeunir notre vieille littérature et nous charmer par des jouissances inconnues Jusqu'à présent. » DES Telle est en substance la doctrine des écri- vains de l’école : qui se décore du nom vague et | indéfinissable de romantique , école qui doit en grande partie et son lustre et sa vogue à la plume savante de M."° de Siné]. L'impartialité qui pré- side à nos jugemens nous oblige de convenir que .… C8 dans .la foule des principes hasardés:paï les 70- mantiques , s'én trouve dont le développement ,: loin de porter atteinte à notre littérature , pour- rait accrbitre et sa force et ses richesses. Nous: _ fes indiquerons plus turd ; mais il est Important de répondre d’abord aux raisonnemens sophis- tiqües qui servent de base au nouveau systême. ‘La grande erreur des romantiques est de pa- raître croire que nos auteurs classiques se sont calqués sur les modèles de l'antiquité par la con- science de leur propre faiblesse, et qu'ils ont _Sacrifié leur. indépendance à la crainte de s’é- garer, s'ils marchaient sans guides. Ce reproche est injuste, car s’il était considéré. d’une ma- nière plus approfondie , l’on verrait qu’il sé ré- duit à nous faire un crime de n’être:venus qu'après. les .Grees. Ce peuple immortel , qui nous a pré- cédé dans toutes les carrières du génie et de la gloire, fut traité en bien-aimé de la nature. Ima- gination: féconde, sensibilité vive, .coup-d'œil. pénétrant, goût pur et.délicat, tout ce qu'il faut- pour sentir profondément et rendre ses impres- sions avec abondance, justesse et vigueur, tout lui fut prodigué. Entouré d’une nature riche-et belle , il sut l’observer et la peindre. Il décou- vrit dans tous les arts les rapports et les pro- portiotis qui constituent le vrai beaù , et il les fit (160 ). passer dans ses ouvrages. C'est parlà que ses. poëtes, ses peinires, ses sculpteurs ont mérité de devenir les maîtres de toutes les nations ; c'est en atteignant les dernières limites de la per- fection, c’est en réalisant l'idéal de la beauté qu'ils rendront à jamais tributaires de leur génie tous ceux qui ne croiront pas s’humilier, en étu- diant dans les chefs-d'œuvre des maïîtrés de l’art _ les secrets dérobés à la nature. Grèce illustre et infortunée! le glaive du Romain t’avait ravi ton antique liberté. Tu n'étais plus la patrie des Miltiade et des Léonidas. Tu restais du moins la patrie des beaux arts. Le cimeterre du farouche Musulman les a fait fuir loin de leur terre natale, et ne t'as plus laissé que l'es- _clavage et tes ruines. Mais sous ces ruines cou- vait un feu vengeur; comprimé pendant trois siècles, 1l a éclaté enfin : il a foudroyé jes in- fâmes oppresseurs. L’étendard de l'indépéndance victorieuse s'est levé sur les Termopyles. Les. beaux arts, à cet heureux signal, ont tressailli d'allégresse. Ils iront visiter leur antique ber- ceau , et peut-être les siècles modernes verront un jour renaitre , à l'ombre de la liberté, Athènes | et sa splendeur. Mais nous, qui, depuis si longtems, conservons ( zor ) -æn dépôt le précieux héritage des malheureux Grecs, devons-nous le répudier par cela seul que . ce ne sont point des richesses indigènes. Négli- gerons-hous de puiser l'or à pleines mains dans cette mine féconde, pour en aller chercher péni- blement quelques parcelles au milieu de la rouille des traditions gothiques ?. Quand nous ne fai- sions encore que sortir de la barbarie , devions- “nous repousser les règles du goff tracées par des critiques judicieux d’après les ouvrages des hommes de génie? Devions - nous attendre, pour nous former des principes littéraires, que des esprits supérieurs eussent deviné d'eux-mêmes et l’art et le goût et ses principes ? G’eût été pousser jusqu’à un excès bien ridicule la fierté nationale ; nous eussions pu attendre longtems nos Milton et nos Shakespeare , et pour quelques beautés ; vierges encore, mais rudes et sauvages, quelles sublies conceptions n’aurions-nous pas eu à regretter... L’ Angleterre nous vante son. théâtre et s’applaudit. de rie. pas le devoir à l'antiquité ; mais ; je le demande, quel est le Français qui oserait lui .envier_ce triste avantage et se plaindre que le génie d’un Corneille, d’un Racine, d'un Voltaire ait fait alliance avec le génie des Sophocle et des Euripide ? quel est celui, qui, après avoir .. lu les drames , quelquefois sublimes , mais presque ( z02 ) joujours barbares et moñstrueux du théâtré a» glais , ne se félicite de l'heureuse docilité de nos auteurs qui , énrse soumettant au joug des règles , ent prévenu les écarts .de leur imagination’, et l'ont retenue dans les bornes , au delà desquelles il n’y a plus de véritable beauté, mais vas. ration , enflure , mauvais goût? , en | Peut- être he romantiques sont-ils plus heureux et plus justes dans le reproche de timidité qu'ils ont adressé à notre théâtre. Il ne l’à que trop mérité depuis Corredle jusqu’à Poltaire , tant que nos: auteurs dramatiques ont craint d’effaroucher un public ombrageux en puisant leurs sujets dans notre histoire moderne. Le: succès de Tencrède et d’Adélaïde Duguesclin vit ‘ensuite démentirt cette injuste défiance: Les siècles de l’héroïsme et de: la galanterie chevaleresque. offrent à notre théâtre des- caractères nouveaux , et pours ainsi dite .de nouvelles: passions. L'amour surtout y abonde'en effets tragiques inconnus aux anciens. L'amour chez eux, ples voisin de la nature , était plutôt un' instinct qu'une passion, et il ne rencontrait pas assez d'obstacles dans les croyances: religieuses, et: dans les habitudes sociales pour produire, comme.dans:les sociétés moderiies, ces' terribles explosions qui l'ont rendi si intéressant- ( ro3 ) et si dramatique. Nous devons ‘donc aplaudir aux efforts des littérateurs qui ont travaillé à naturaliser notre histoire .sur notre scène. fans doute, en se rapprochant de notre époque, les hommes et les événemiens qu'on nous présente perdent cette grandeur fantastique que produit l'illusion de la perspective ; mais d’un autre côté, ils captivent bien mieux notre attention , en ré- veillant l'esprit national, en mettant en scène des opinions , des intérêts qui sont les nôtres, ‘en liant les destinées des sociétés actuelles aux destinées de quelques génies supérieurs dont l'auteur nous force à admirer les grandes actions, ou à en déplorer les fautes et les infortunes. L'école de M." de Stai, , en. renouvellant contre les unités classiques , l'attaque qui leur a été si souvent livrée, n’a fait que reproduire dés raisonnemens vingt fois réfutés par les maîtres de l’art eux-mêmes. Cependant quelqu’orthodéxes que soient nos opinions littéraires , nous soimes forcés de convenir qu'il est résulté de ces at- taques. une heureuse innovation pour notre lit- téräture. Tout en respectant l’inviolable urité d'action qui est commandée par ‘la naturé même de l'esprit humain incapable de bien suivre deux grandes idées à la fois, quelques auteurs mo- dernes ont dérogé avec “succès” x cette ürité C1o4 ) munitieuse de lieu et de tems qui, pour conserver une prétendue illusion théâtrale, accumule les invraiserblances, fait tramer une: conspiration dans le palais même du-tyran, et entasse en vingt-quatre heures plus d’intrigues , d’'événemens, de révolutions que, dans l’ordre des choses, un mois entier n’en pourrait présenter. C’est sans _doule avec une extrême circonspection qu’une main habile doit innover sur un objet aussi dé- licat, mais nous pensons qu’on rendrait en effet un grand service à notre théâtre, en relâchant un peu les entraves rigoureuses dans lesquelles il a été si longtems comprimé. Nous arrivons enfin à cette seconde division de l’école romantique qui s’énorgueillit d’avoir pour chef l’illustre auteur du génie du .christia- nisme. Nous sommes encore pour lui des con- temporains , el nous ne savons pas quel jugement la postérité substituera aux éloges passionnés de ses nombreux disciples et aux critiques haineuses de ses détracteurs. Admirateurs nous-mêmes d’un si beau talent, qu'il nous soit permis d'en si- _‘gmaler les écarts, parce qu'ils sont contagieux comme tous les défauts des hommes supérieurs: Au reste, si la justice nous impose l'obligation ” de critiquer quelquefois l’homme de lettres , nous “ne craignons pas qu’on nous accuse: de vouloir | | ( 105 } frondet l'#omme d'état, et M." de Chéteaubriant lui-même qui à donné de si beaux exemples d'in-" dépendance littéraire, ne pourrait que mépriser un écrivain qui ‘Sacrifierait ka vérité à la crainte de ie : ha en nigie . a : tu 4 + CRE * ‘ Les orages & la révolution française , en ac cumulant les malheurs sur la jeunesse de M" de. Chéteaubrient; rembrunirent d’une teinte mélan: colique l'imagination vive et brillante dont l'avait doué la nature; Amant de la gloire, avide de tendres épanchemens , il cherchait autour de lui des objets dignes de recevoir toute l'expression de ce que sentait son âme, lorsque sortant du sein de ses ruines récentes, avec ses antiques . souvenirs et sa splendeur de dix-huit siècles, /e génie du christianisme sembla fui âpparaître tout- à-coup. Comme elle dût enflammer une âme jeune et ardenté:; cetté grande et heureuse pensée d’é- lever un monüment à la gloire de la religion de ses pères, d’une ‘religion Si profonde dans ses mystères’, :si noble dans'son culte ; si touchante dans sa ‘morale ! L’exécution générale a répond à la beauté de ka‘ conception. Mais il ne suffit pas à la pléire de l'architecte d'avoir élevé sür uù ‘nobte plat un majestueux “édifice, ‘il faût encore. que soñ goût et son häbileté “brilient dans le éhoix dés ornemeñs ; et°c'est ici qué 44 14 ( 106 ) critique s'attaque, à l’auteur du génie du christia- nisme. Malheureusement pour s'élever à la hau- teur de son sujet, il a cru devoir recourir à cette, prose batarde qui se pare ambitieusement des ri- chesses de la poësie. Entre ses mains on l’a vue resplendir d’un éclat éblouissant , et des écrivains présomptueux se sont flaités de lui conserver ce prestige. Ils possédaient les mêmes couleurs ; ils ont cru qu’il ne s'agissait que de les prodiguer , et disciples maladroits d’un maitre habile , ils ont fait ressortir ses défauts par la IBRNEERS de leurs imitations... . © :,,: . C'est ainsi que toutes le branches de la ltté- _rature ont été infectées plus que jamais de la maladie descriptive. C’est de cette nouvelle école que sont sortis ces romanciers du ferrible et .du m ystérieux , ces coryphées du néologisme et de l'incersion ; des tableaux sans fin et sans variété, une monotone mélancolie, d’éternelles méditations, ont rendu fatigantes ( ou glaciales des compositions: estimables « du reste. Nos.j ne poëtes sont de- venus de NOUVEAUX young qu'on retrouve sans. cesse dans de Silence des lombeaux , sux les ruines du monastère amique., sur les. bords, du Lorreut de la vie, ou bien encore, sur es nvages de de: | mer. immense : -de l'éternité. Leur. style, comme, leurs idées , a. a pris une. feinte barre et sauvage ;: * L | { ro7 .) et notre langue dont ‘la précision et là clarté étaient autrefois des plas ‘beaux ornemens , lors- qu'elle n'était encore que classique, ‘est devenue tout-ä-coup sous la plume dé bes écriväins, 70- -miantique , Ossianique , vapoñeuse, c'ést-à-dire , fort. peu intelligible pout céux qui ne sont pàs initiés à la mysticité du sentiment , pour ces esprits val gaires quis ’effarouchent d’une pensée présentée à travers DoiNes et Li nuages. | C'est peut-être aussi à la nouvelle école que nous sommes redevables du genre nouveäu de trâgédies prétendues saintes. qui envahissent de- puis quelque tems nos théâtres. Les combats de - la: rebgion et des passions: dans le cœur humain :sorit sans doute une source d'effets très-drama- 1 tiques , mais pour qu'ils intéressent , touchent, :-atendrissent le:spectateur , il faut que la croyance -dé cette religion ‘soit profondément : énracinée . dans son âme, et malheureusemient eette foi vite estpeu commune de nos jours. parmi ‘le public qui juge les ouvrages de la scène. Aussi , ‘par exeaple, quel est celni: quii,. ne tenant aucun | Compte des troyances religieuses dé la mère des Mechabées, n'appèle fanatisme atroce le coù- rage de cette femme qui dévoue sa jeune et norñ- -breuse: famille aux plus affreux supplices plutôt ‘que. de transgresser un précepte très-secondaire (108 ) : de sa religion ? Sans doute , 1e chrétién n’en juge pas ainsi, mais il ne s’agit pas. de faire une œuvre sainte, il. s’agit de faire une œuvre dra- _matique, et elle ne peut l'être si les sentimens sur lesquels elle est basée ne sont pas adoptés généralement par le public qui doit la juger. Autres tems, autres idées! toutes les nôtres sont tournées maintement vers les grands intérêts des peuples, qui se discutent sous nos yeux, -que nous 4iscutons-nous-mêmes par ‘nos repré- .sentans. Ce ne sont plus des fictions mytholo- giques ou romanesques , ce. ne sont plus:même les héroïques abnégations inspirées par.une re- _. ligion divine que nous demandons'aux muses tra- _giques ;. ce.sont les grandes leçons de l’histoire qu'elles doivent dérouler à nos yeux ; ce sont . les ressorts de la politique des grands qu’elles . doivent faire jouer devant les peuples ; c’est l'a- moôur dela patrie et des bons princes, le res- Apect des lois, et la haine de l'injustice; c’est le - sentiment de la fierté-nationale ;..et le désir de la prospérité commune qu’elles doivent réveiller , . exciter, enflammer dans'nos âmes, Voilà k source .à Jaquelle notre vieille Kttérature . doit aller :se retremper ; voilà les innovations que:la raison : même autorise et: commande ; et malheur aux écrivains , qui, s'abusant sur le: goût et l'esprit | ‘C109.) de leur siècle, voudront lui inprimér une &- rection contraire, ou lui faire adopter dans ‘les _-idées et -dans le :style des ‘nouvenutés :qu'il-ié- prouve ! abandonnés dans les routes hasardeuses .qu'ils auront tentées , ils verront leur: réputation éphémère s’édipser tans. les jeuts, jusqu’à ee qu elle se perde bientôt dans -un éternel :oubli. . Certes, ce ‘n'est pas M de Chüteanbriant qui «peut craindre une .pareille destinée. Les grands -talens , ‘quelles que soient leurs aberrations , -portent toujours avec eux le sceau de leur ir- mortalité ; mais combien d'écrivains qui, pou- _vant arriver à la gloire en suivant ses véritables ‘sentiers , s’en sont éloignés à jamais , en 3 ‘rant sur les traces d’un brillant météore! * - Comme il n’entre pas dans notre plan de nous ‘occupér des-romans, qui, exécütés avec plus ou “moïns de succès d'après les doctrines classiques, : n’ont exercé aucune influence sur la littérature, et encore moins de cette foule d’avortons qu’en- ‘fante chaque jour la facilité même du genre , ; que dévore l’oisiveté de nos grandes villes , et qui ne survivent guëres au mois qui les a vus naître. “Nous diroïs maintenant quelques mots des romans inouveaux que la traduction de l'anglais et de l'alle- ‘mand dans notre e langue nous a fait’ connaître. | Te “romanciers actuels ‘de np na connus ‘en ‘Ç r0 ) France ,:le seul qui mérite, -dans un cadre aussi æestreint que le nôtre, une mention. particulière. . Mais on se tromperait bien si on le prenait pour an :adepte : de l’école romantique. À l'exception rdé la manie descriptive dont il ne sait pas se garder, c’est un des plus:vrais interprètes de Ja mature que l'Allemagne ait produits. Son style ‘est clair:.et. simple , sa manière douce et abon- .dante , et l’on trouve dans ses tableaux de la vie privée et du.bonheur domestique, des traits -dune naïveté charmante ; un artiste dirait de lui: -€’ mr un excellent peintre PRIOR CL Angleterre à nous présente « deux écrivains d'un ordre supérieur, qui, chacun dans des genres différens, ont illustré la littérature de leur pays ‘et rendu leur réputation européenne , comme leurs ouvrages. Lord Byron, par la tournure de ses idées et la couleur de son style, se rattache à ‘la secte des romantiques , et au premier coup- | d'œil il présente quelqu’analagie avec M' de ‘Chéteaubriant, mais on s’apperçoit bientôt, même à ‘travers la pâleur des traductions, que la flamme Une mélancolie plus ob. : pne méditation qui. creuse plus avant la pensée humaine dis- tinguent assez le chantre du cOKsairé, de l'auteur d'#tala, et bord B yron du moins, dans Ja brûlante . ( xrs ) énergie de son style. dans la sublime ‘hardissse de ses images, pa pas besoin d’excuses; il chante sur la Îyre et qui oserait en limiter la hauteur? Rival de gloire de lord Biron, WP. alter-Scot, sous un râpport, pent être appelé le Barthélemy ‘de l’Angleterre. Comme le’savant auteur d’Æna- “charsis., füt vingt ans un érudit laborieux ; avant d’être —dittérateur. Bien différent de ‘tant “d’autres qui, sans études, sans aucun fonds so- lide, prennent une démangeaison d'écrire pour une vocation littéraire , ‘et quelques éclairs d’ima- gination pour la révélation d'un vrai talent, FValter Scot sentit la nécessité d'amasser beau: toup avant de produire. Il consuma sa jeunesse _ dans des recherches pénibles sur les antiquités nationales de.l’Angletèrre : et de l'Écosse. Il eut à compulser un nombre infini de vieilles chro- piques , des inscriptions à déchiffrer, des ruines à parcourir , des savans à interroger , et ce ne fut qu'après avoir acquis un trésor immense d'é rudition, qu'il se crut digne d'entrer dans là carrière, Tant: de travaux ne restèrent pas sang récompense , .et.la reconnaissance de ses lecteurs Ja proclamé Je père du roman historique. "Nous possédions’ bien däns nôtre littératurè quelques romans dont les peintures sé rattachent aux époques Ÿes' plus: saïlarites dé nos annales: ( 112 ) mais on y retrouve plutôt l’histoire des intrigues de la cour et des amour de nos princes que Île tableau de l’esprit et des mœurs de la nation. Tels furent en France ; jusqu’à nos jours, la forme du gouvernement, le genre de. nos ins- titutions, la tournure des esprits que le palais de nos: Rois'fut:comme un centre lumineux où tous les rayons vinrent aboutir, et tous les re- gards se fixer. Tout ce qu'il y avait de distingué dans tous les genres tendait à s'approcher de ce foyer de lninière. La cour seulé attirait et pro: tégeait lés gens de lettres ; les gens de lettres ne voyaient et ne peignaierit que la cour. Le reste de la nation était en oubli. Les mœurs n'avaient rien de stable , les caractères rien de fortement prononté. Étourdie: ou philosophe sous un roi évaporé ou raisonnable , licencieuse avec un jeune prince , dévote avec un vieux monarque, la cour recevait toutes les impulsions ét les communi- quait presqu'aussi facileent aux classes éclairées. C'est de ‘à que nous est vente en partie cette légèreté française , cètle incénstance dans les idées et dans les usages qui nôus à jusqü” ici distingués des autres peuples, mais qui semblé disparaître. tous les jours: ef faire. place à une réflexion plus mûre et -plus. grave, C'est à cette couse. aussi peut-être qu'il faut attribuer l'absence Ç 113 } d'un esprit. natignal bién: caractérigf ; -ef: cette instabilité: de nos mœyrs eût mis. sn défait. le peintre .l Je plus, subtil. +;en :même-tems qu'une CE vilisation raffinée eut répandu sur .SRs tableaux une ‘teinté d'uniformité irop monotones. ” Au: contraire l'histoire si räfnätique de Pan | os ÿ des” éternelles’ rivalités des différentes nations : qui la conquirent ; es convulsions polis tiques. où religieuses %u sein ‘desquelles s'élei vèrent:tant d'hommes extraordinaires par kurs crimes , “ou:leurs vertus; cette fierté nâtionäle quis sépare le peuplé anglais des autres peuples de: l'Europe, encoré plus qué là 'ièr ne lé Sépéré du continent ; ‘sa‘pärticipation dans les affäires de l'État ; sa ténacité dans’ses-habitudes ‘commé dans ses opinions ; toutes ces circonstanites réunies déunent à la nation onglaise une: physionomie trancharnite ; et'offrént''une: vaste moisson à peintre de mœurs : de caractères. 24 alter Scott, n ‘est pas resté au-dessous de aussi beau. sujet ;.sans doute on peut écrire avec plus de précision:; nouer une intrigue. avec plus d'art, et surtont la. dénouer par des moyens moins vulgaires ; ; on peut traiter l'amour avec plus d’habileté et de sentiment, et observer plus scrupuleusement les règles de la gradation d'in- térèt ; mais leriqu' ils " de mettre le lécteur : | 15 re Cérg ) | eh atèie ; de’ Le: téhdre- éontémporain des éré herberis iet'üfes” déteurs s'de-lui faire voir’; ‘jusqu dans Ruis imbitidres détail, les lent 6ù ün tai “ent”magiqhie l'A pour aitii dire tranépürté, les usages du pays, l'intériéur de la cabäné , ou du palais , et jusqu'au maintien ‘des personnages/qui semblent converser avec. lui,. c’est ‘alors. :qüe Walter Scott est vraiment original. et: presqu'ini- mitable. Faut-il descendre dans le tœur humain ; y prendre Ja nature sur le fait; nor pas la :ptindte . mais la faire parler,, la faire agir ; révéler les _ sentimens Jes plus cachés par umgesié, un regard, un sourire ; rendre la vértu aimable , la-scélé ratesse effrayante, sans dogmatiser, mais en mer tant à nu l'âme du scélérat et celle de l’hoïhmie de bien; faut-il nous montrer dans le calme de leur vie privée les grands que l'histoire ne nons montre que sur le théâtre ; faut-il évoquer l'âme altière de l'implacable Elisabeth, faire revivre là sensible et infortunée Marie Stuart; dévouer au mépris comme à ses remords le vil courtisan Leicester ? . “PValter Scott nous révèle alors toute l'étendue et là profondeur de son talent, et la littérature anglaise, _ à côté des Fielding et des Richardson peut placer ‘encore un que PRIS _ cœur bumain. | Puissent nos romanciers ne pas Risser és à si utiles exemples. Puissent-ls , après avoir (a15) si 5 lopitems. appayi.notre. littérature. par. leur stérile fécondité , l'enrichir enfin de productions plus solides qui attesiohtéet de l'étude et du talent ; + ie on puisse. lire avec.fruit et citer.avec honneur, pérons qu éclairés énfin par le goût de l'expé- ; riente, ceux qur s'étaient laissé éblouir par les illusions de la nouveauté, rentreront dans la route des sainés doctrines , et qu’ils ne ‘feront plus de. : leurs ouvrages comme une 0saÿgue incokérente et sans goût où viennent s’entasser pêle - mêle des fragmens dé toute espèce de poësie épique, tragique, élégiaque , pastorale et . descriptive. Quand les romans ne seront plus un rend lez-vous no général des lieux.communs les plus usés. ñ ei d. Les plus ennuyeuses éescriptions ; quand. on L e re- connaîtra une véritable connaissance de # "nomme et de a société , un sentiment vrai, TR langage : pur et maturel, quand | on.ÿ ! rene. sontrera. une science aimable C2 une 1e pion de douce L 86 Ag e lévera dé l'espèce de discrédit où a fait tomber la nultitude des : mauvais. ouvrages . et dans Un siècle où l'instruction est devenue un des pre- miers besoins de l'homme , ‘il pourra Servir à propager , dans toutes les-classos dé la.seciété, le goût des lettres, des. connaissances. utiles : “eb vpé morale agréable et-pure, a . DITS HR DOS Ro rer . He ch, 17 DUDS ESSAI. ” £ SUR L'ORIGINE ET L'ANTIQUITÉ DES const RS NRURT en . (Er EL DÉPARTEMENT | Lo si Le nu, tr GE ocr fn ; Rte THE “PAS - DE- ÉANA IR... + ‘ + À. | 1. "ORIGINE de à plpast des villes et des eux fabités este couverte d’é épaisses ténèbres : : les tradi- tions Sont mensongères , et l'histoire qui transmet PAR mr A ‘ün ‘silence absolu sur 6e sujet intéressant” 7 faut donc pèrcer à travers d’une profonde nuit pe découvrir Jes traces des établissemens dont | ifficultés , que d' écueils. dans cette recherche s si l'histoire générale et les fastes particuliers. de | chaque province pe peuvent pas. servir de guide ? Lorsque j'ai cherchét'origine des communes du: département du Pas-de-Calais, j'ai trouvé très-peu de lumières dans les monuméns histériqués ; j'ai’ om oo + Poe RS pes (117) | dû recourir, lorsqu'ils m'ont manqué, aux étymo- Jogies des nonis rendas probables par plusieurs circonstances de tems et dé lieu qui ont pà in- fluer sur leur appellation, Cette méthode entière- ment neuve m'a permis de classer les lieux dont je parle par ordre de tems et selon les diverses périodes politiques par lesquelles ce pays a passé depuis vingt siècles, | J'ai divisé mon ouvräge en quatre époques qui présentent ensemble un tableau d’après lequel on pourra se former une idée assez précise de l'état du pays , de la marche et des progrès de la civilisation qui peut être appréciée selon le nombre et la nature des établissemens qui se rapportent à chacune de ces époques. Je n’ose- rais affirmer que toutes Îles étymologies sont exactement en rapport avec les circonstances que je leur assigne , et je suis lon de donner mon systéme comme une autorité. On sent qu'il est facile de s’égarer dans une route aussi incertaine. VILLES ET COMMUNES ANTÉRIEURES À L’ARRIVÉE DES ROMAINS DANS LES GAULES. “Arras. — Cette ville, une des plus anciennes de la Gaule, existait longtems avant J. César qui, dans le huitième livre des commentaires , ji (r8) lui donne le nom de Nemetocenna. Ce nom peut faire penser que cette ville tire son. origine des Némètes, peuples de la Germanie qui, selon Tacite, de Moribus Germanorum cap. 28, s'étaient établis dans la Gaule-Belgique , sur les bords du Rhin. Le secours que les .Atrébates tirèrent des . Germains qui habitaient en deçà du Rhin, lors de la révolte de la Belgique arrivée lan de Rome 702, donne du poids à cette conjecture, et fait croire qu'il existait entre ces deux peuples une étroite alliance fondée sur une colonisation. Thérouanne. — _ Taruenna. Était la, capitale de la Morinie. Cette ville, qui à joui de quelque célébrité, est réduite à l'état d’un jai depuis l'année 1553. | | | Montreuil. — Son “is est béchise , êlle passe pour avoir été une ville de la Morinie. On sait qu'elle était déjà fortifiée en 850. Læ plpart des géographes traduisent son nom par Monasteriolum. Boulogne — Connue dans l'antiquité sous le nom de Pesoriacus portus, était un des hâvres les plus renommés de la Gaule-Belgique. L'empereur Claude s’y.embarqua l'an 4r de notre ère pour aller soumeire. les-Bretons révoltés, Cette ville Eu he prit le nom de Va qué plusieurs siècles après. César ne parle pas ‘dû -port Pesriac, il s'embarqua au port ccius qué l’on croit retrouvet dans le bourg. de Wissant. | Âîre, — Heria. Lien dédié à Hérian ou le guerrier, ‘divinité da: second ordre chez les | Gaulois. ” Hérin’ _— - Hermies. - — _ Hériaville. - — Here juetaghen.” — -’ Herrnicourt. Lieux consacrés à Trmin, Irmensul où Hermion, noms sous les- quels les Gaulois adoraient Mercure. Œ CRE | Tortequénne. — . Tortéfontäiné, Lieux consa* erés : à qe où : Teolès, ; dieu de + guerré, È Css Los Pr + | isques. +. Fiscand Gui. On sait que les Gaulois honoraient le Gui, et ces trois endroits étaient vaisihs des forêts. : : Sailly-en-Ostrevent, — Sakus:ad Ostréboñtes. L'Ostrevent ,pétite contrée du’ ci-devant Artois; tire son nom des Ostrebantes ( Atrébates:oriet- taux), dont le pays s’étendait, à ce que l’on : croit , le lông des rives dela Sensée , et com- prenait ce qui forme maintenant les cantons de “Marquion , d’Oisy et partie de eux de Vitry d'Hénin-Liétard ét de Carvin. | (ro) Hanescamps. — Hennonum .campi.: La fon- dation de ce village. est probablement due à des émigrans du Hainaut , Hannones.. Erin-sur-la Ternoise. — Son nom signifie île | de l'ouest, c’est celui de l'Irlande ; il est cem- posé des mois galliques z2 île, ears et par con- traction er ouest. Tr Ysques. — Jsca. C'est te nom d'un fleuve d'Angletérre , lEr; ce “village et le “précédent seraient-ils des colonies de la Grande-Bretagne ? cette hypothèse n’est pas. dénuée de fondement, car les émigrations , dans ces tems reculés; ‘étaient fréquentes et réciproques .de nation, à nation, et selon le témoignage des. anciens géographes et des bardes dont la tradition nous a conservé les chants historiques ; on retrouvait encore, au commencement du moÿen âge, des traces de co- lonies belgés . dans l'Écosse et les îles voisines. Senlis. — Senlecques. — Sÿanectes. C'était, avant J. César , le. nom de:la:ville eee de son territoire. Selles. — Sala. Ce nom commun aux diverses nations celtiques signifie maison. Si on.préférait le traduire par cela loge, maison, il appar- tiendrait à la seconde époque. - ((-rar )) “DÉFUIS Do. DES ROMAINS JUSQU'À: oo | E’ENVASION DES HE SEE HER ‘Le séjour des Komäins dans le. pays dès Atré: ‘bates et des Morins y occasionna d'heureux chan- gemens : on dessécha des marais, on défrichà ‘les terres : lek arts furent cultivés, et le tom- -merce ; facilité par les-.ports,; les rivières, ét surtout par les moyens de ceinmunication. qui furent établis, . (9 fit naître l’industrie .et. des mœurs moins. ‘ féroces. Beaucoup. de villages “doivent au séjour : des Romains , I origine et leur dénomination ; et les étymologies , à cette ue commencent à étre un guide assez sûr. * Mercatel, , Bereurÿ lémiplum. - — - Bellone, Bel- ne _Janum, — Fampoux, Fan pollucis. . Vis. Vis. Lieu dédié à JL force , . divinité slégorique… . | ee EUX er Dainville, “Dicre. dla. _ | Houdain . Hs Dm: — PUOUMR = neime se men ma 2 ÆS +. Man 2 Aa e® €) On’ retrouve encor: passés parties de: ces: bèlles eyoies ronmiainei ,-vonstrüites ‘par ‘ordre: d'Agrippa , sous -le règne d'Acgqste t pe lon appelle «communément ichaussées”: Brunèhauf, pavte :que : éette.reitie les fit ré= “parer: Une de cesnchausées, asiez :biéni. ‘conservée ; tra- :yprse disgoualement :kf: département ‘du. 'S-E. au. N:.-0. depuis: les -envirotis :dé : Bepanme. jusqu'au ; dessus” de Tourneliem ;. à quelques heues..de Si.-Omer.. - Réretne | 16 «C:122)) dianæ fanum. — .Vendin. Vexctricis. dianæ fanum. N y a'plusieurs lieux de ce‘som. — Nesle, . Weleis ,. surnom, de Diane. Tous endroits copsa- _crés à cette déesse dont le culfe dût ètre agréäble à: un peuple chasseur: . Famechon, ‘Æerculis rs Frs RE diese un des surnoms- ae lés.. __— don- maient à Hercule: É ire “Oille, | Orionis villa où 1 On oile ; Orus : sur- ou 4. . + la j * Pronville. Re val Lico dédié: à nerve Pronaïs. TV Thélus , Dei lucus..— Averdoing ; x “'Averruncent dü, les dieux veuillent nous pré- BELVEr, ‘de Averrunicus, divinité. que To on invoquäit pour détourner les malheurs. — Tel, Tsigis fanum. — Isbergue , Mons isidis. (*) — bios, “Diviurh & divo, Kieu consacré à quelque divikité. - CD me pat —…— .— en ce ES er (9) Beculte d'Isjs-fut: aphortéde Face does les Gaules “vers. le dentièms::siècle de--notre ere. Par les vestigss qu'on: en a -retrémyéil:paraîtrquil, vu fautant de fa- eur qu'à ‘Rome rième ou : le rtemple \de .céhle: déesse fut -abittu et relevé huit :fors en 4os Bas: et: fait per: 0@- Æäsiénner Hi sælitède des autrlé dés dieux indigènes qui ‘étaient ‘afors si négligés, que:selon Properce ;:l'araignée 7 filait paisiblembnt-sa toile. Welaait arénea fénum.,'n | Ci33) ex n'ai pas trouvé d’autres noms: dont létys Pr Fee ait des. rapports centmns avec le culte introduit par les Romains ; je passe maintenant à ceux résultant de Jeur régime politique. ‘Coulogne (Boulontais), Colonia. — Condeite ; Condita, — “Rombly, Roma polis. Îly a deux villages de ce nom , l’un près d'Étaples , ane au-dessus. de Béthune, L. Étrun. au confluent du Gy 2 avec la. Scarpe. — Hestrus au nord de St.-Pol, dérivent comme Étairés petite \ ville du département du Nord, de Hoœteria , compagnie étrangère. — Éterpigny, Eïterum pignus, ‘ôtage étranger. — Concliy, Concio ‘assemblée. — Conchil-le- Temple, ro ed templum réunion au temple. . . Ces différens. his disséminés Sur tous les points du territoire étaient des colonies ou plutôt des cantonnemens permanens destinés : à kb. », , leg. 5. A reste sçette divinité ‘égyptienne ènt dés ‘adorateurs : dans la plus grande partie. de l'Egrope alors connue. à cause de l'engouement des ‘peuples pous les mystères; la tradition rapperte quielle ent-à Arras un temple sur l'emplacement Jde, l'Hôtel-Dies. La .rug des Bouchers do Cité en re retenu Le: net du rué d'Isis, - : | C124 ) contenir l’humeur inquiète des: naturels du pays ; qui avaient, au rapport des historiens, beaucoup de penchant : à la révolte. MO * Angres , de Angaria, poste , ‘ou de Angarius ; maitre de poste. On peut conclure de ce nom qu'une poste était établie en cet endroit sous Îles empereurs. (9. . Amplier , Ampliatus pagus. Village nd — Mainil. — Mesnil. — Manile de maneo, (mau- vaise latinité ) pour mænia, murs, et par exten- sion, maison. — Haute-Mainil, 4/%a Mænia. Penin : Penates de peñas, mot peu usité, maison. . Les villages dont le nom se termine en ville , comme Veuville , et ceux en Villers et Vülliers, comme Villers, Fonquevillers, Longvilliers, dont il existe un grand nombre dans ce département , dans la ci-devant Picardie et la Normandie , ônt DR un la plûpart une origine … () L'origine’ dés postes date d'üné häüte antiquité; car Xénophon (Cyropédie) rapporte que Cyrus fit bâtir ‘des ‘écuries à a distance de chaque journée de cheval, ët ÿ mit des ‘chevaux: pour lé service des courriers. Leur établissement ; en :occident , ne remonte qu'au sièclé _d'Augüste. Des relais ; uniquement. -déétinés au service public: éthient étehlin dans toutes les provinces. de l'eua- pire du Lems de Dioclétien, : _:be | (25) romaine. Lés premiers viennent de via, maison de plaisance ou simplement métairie , et les autres de villaris , qui concerne la maison des champs. Ces métairies ont été le noyau de tous ces vil-. lages, et le corps du nom auquel est ajouté la terminaison résulte le plus souvent d'une CI - ‘constance accessoire purement locale. - Willervat, Vallis villaris. — Méripré, Heri pratum. — La Herlière ; ; Herilis villa, maison " maître. 70 | d © Escales Seale. les échelles. Ce village a donné par la suite son nom à la ville de Calais , ‘qui ne fut bâtie qu'en 1227. . © Noms tirés de la situation en dit: 1 Adiüfer, Ad inferos , ainsi nommé , parce qu'il se trouve à la descente de la vallée où le. Cojeul prend: sa source.—Assonval, J’allis assonans, vallée retentissante. — Avion, 4yia, forêt ou lieux inac- cessibles, sans chemins. — Barâtre, ‘Barathrum, gouffre, est situé à la descente d’une vallée. — Bimont, Bimons. — Blangermont, B/andus mons. Beaumont. — Blangerval, Blanda vallis, agréable vallée, — Douchy, Dulciacum. — Diéval, Diei vallis ; vallée du jour. .— Fauquembergue ; Fauces mOn lu , défilé entre des montagnes. : ( 226 ) — “Gandieinpré, Gaudiens pratum , belle plaine. —-Herly, - Heri lucus , boïs du maître. — Ligny ; à Ligno, bois. — Lignereüil (diniautif), petit bois. — Montauban, Mons albanus , mont blanc; ainsi appellé de la nature de son sol calcaire. =—-Outreau, près Boulogne, He ab bis parc à huîtres. — Mons, Mons. : … ” so Saudemont, Sa/tus montis , deskente de la mon- . tagne. — Saulty, Saltus, bois. — Sally. -—— L'é- tymologie de ce nom est différente selon les lo- calités. Les villages ainsi nommés, qui se trouvent en plaine comme Sailly-au-Bois , doivent se fra- duire par sallus ; ou salictum , LSaussaye ; et ceux qui se trouveñt Fipres que rivière de salientes , jets d’eau. | : Wal. — va. — bug etc. Fais, vallon. | ‘Lés noms qui süiveut résultent de la nation des lieux près des rivières ; . Ac. ho = Agnez. die eu — Aix. — Alquines.. — Allouagne de Æ4gnio ou-aqua. — Ablain de Abluere, laver. — Ames. — Amettes. — Ham. — ‘Hames de Hamus ; hiämecon. — Amblain ; Hamus blandus. —Blangy. — Blinzét ôu _—— Blondum :vadum , gué tre Ci27) commode. Blyndecques. — Blequin, Rlaedum iœquor,, belle:eau.— Brimeux , Brymd. — Bous- | Bouts. : — Bouret. _ Bus. — Buire, Buris : pièce d’une charrue , pour charrue, _ Farbus x . Buridis Jeter: \ ns — Grignÿ : Granarium, grange, gre- nier. Si. ces étymologies sont exactes le village de Grenay ,. Yu la stérilité de son.sol, n’a pu être nommé ainsi que par Euphémisme. — Beu- vrequin. — Beuvry. — Bofiles. — Labeuvrière ; Bovilia, bouveries. — Boiry, Boarius, qui con- “cerne les bœufs. — Boileux. — Boyelles, Bu- ‘eulus, ‘bouvier: — Bucquoy, Bucostenum ou Bucetum, lieux où l’on fait paître les “bœufs. — Bouvignies, Bovini ignis, feu du bouvier, — Boyaval. Boom ou Valhuon, Vallis boum, vallée des bœufs. Ces étymologies se trouvent en- ‘core confirmées par celle du nom de la petite ‘ville d'Armentières (Nord), Armentaris , haras ‘de SES ou de gros bétail." Brebières de 7 erpez , “brebis. _— Ouve. - — Hou- vain , Ovinum septum, parc de moutons. — Hou- -vigneuil, idem, diminutif.—N élu de Ve ellüs, toison. — Vieil - Hesdin ; (Hæœdinum , qui concerne les ‘chèvres). Cette ville, fondée en 302, a été dé- ‘truite par ordre de Charles Quint, en 1553, et n'est plus maintenant qu uñ village. (La ville 1 ( 130 ) actuelle d'Hesdin est moderne.) — Hesdigneuil , même origine et diminutif. | | Pernes de Perneo , filer, ou de Enare, tra- verser à la nage. — Couin de Covinus, charriot de guerre. — Fillièvre, Figliniæ faber, fabrique de poterie de terre. — Le Corroy de Corrigia, courroye. — Lorgies,; de Lorica, cuirasse. Noms tirés. du règne végétal Attin , Atinia, (espèce d’orme). — Canette- mont, & Canetto , lieu planté de joncs. — Ca- rency , à la source de Souchez , Carectum, lieu couvert de glayeuls, Carex. — Écout. — Es- cuires. — Esquières, Æsculelum , lieu planté de “hêtres. — Fruges, Frugifer , lieu abondant en fruits. — Fleurbaix, Fos baccatus. — Escli- _meux, Scolymus chardon. — Herbelle, Herbula. — Hersin, Ericeus ab erice, bruyère. — Oignies ; Ononium ortie. — Pommiers, Pomarium, verger. — Querquant, Quercetum, quesnaye. — Vio- lames, /iolarium, lieu abondant en violettes. — Viry. — Wamin. — Wimille. — Wismes, Viminalia a vimine, lieux plantés d’osiers. — Wirwignes, V’erbenarium a verbena, verveine. Cette plante servait dans les cérémonies civiles dabouraient,,-examinaient, gvec effrot ce phéasnine extranrdipaire Hraverser leurs: habi- isn eurent que le tems de se coucher. en se nu fortement à-leurs-instrumens aratoires ;_ils re- marquèrént'avec surprise: que leurs: ohavaux étârent' tristes ‘Et? né $’effrayatent pas le-sot d'üuné châtrue fut enfonce dans’ la térré , “assez fortement pc pour (résister : aux efforts. de trois che- xaux: ils, Fmplorèent pre: pioche pour. ne, paÿ Ja. casser. :: uit Locale cf sn zres one ie Ni Ce fût par ces “liboureiié ‘ “phicés sur cette ponlagne de ‘manière à la voir arriver et con- tinuer sa route ,: que je parvips. à connaître à- peu-près. sa forme, sa grandeur ,. et les. élémens présumés qui pouvaient entrer-das ‘sa compe- sition. Sa forme était ovale’; sa- hauteur leur EN (171) parut de trente pieds environ ; son diamètre de vingt ; elle tournait dans sa marche de manière à présenter chaçune de ses faces avec précipitation. Il sortait de tems en tems des.globes de feu de son centre, souvent aussi des globes de vapeurs soufrées ; les ‘uns et les autres rejettaient au loin des branches que le météore avait entrainées de très-loin. Le bruit qu'il faisait dans sa marche rapide, était semblable à celui d’une voiture pesante attelée de six chevaux courant au galop $ur un chemin pavé ; on entendait aussi une ex- plosion semblable à celle d’un fusil, à: ‘chaque sortie d'un globe de feu ou de pe | Le vent qui ‘était anéliens. \ , un, sifflement ‘terrible. Sa: marche continuait à être celle d’un: -obüs ; après avoir déchiré la terre ,. emporté tout ce qui lui résistait, la trombe s’é- levait au-dessus du sol, pour aller à une hieue;; quelquefois à deux lieues :de distance ,. recom- mencer ses ravages. C’est ainsi qu’en. quittant _ ke ':mont Capelle, la trombe ; suivant toujours. ‘la même direction, a été enlever différentes meules de foin et beaucoup d'arbres x Erny- St.-Julien , distant d’une lieue de la moritagne de ce village j jusqu'à ritternesse. À une distance de. trois lieues, la trombe ne fit aucun ravage marquant , on reconnut seulement à la montagne (r72) qui sépare Erny d’Etiées-Blanche', un sillon de h largeur de 3o pas, qui détruisit quelques grains sur la longueur de trente air de terre placés au sommet , Q) | x Elle s’est dirigée alors ù vallée. de Wit- (race et Lambres pour y exercer de plus grands ravages ; le : pue village: composé de quarante maisons n’en conservait que huit intactes ., trente-deux maisons avec leurs granges furent renversées , une énorme£ quantité d'arbres abattus, déchirés et-emportés à une grande dis- tance; on remarque dans ces deux villages; que les pignons et les murs des maisons furent couchés d’une manière divergente de dedans en dehors. À Lambres le désastre ne fut pas moins considé- rablé’; en läbourant la plaine qui sépare ces deux communes, distantes d'une demi-lieue , elle æ ” détruit ét enlevé tout ce qu’elle rencontrait ; plusieurs personnes distinguèrent parfaitement son mouvement de rotation .sur ‘elle-même, et sa ne d'un brun soufré , qui dépendait d'un . (7) Dans les hieux. où les arbres furent brisés et ar raéhés = les bâtimens renversés, les récoltes sur pied . n'éprouvérent aucun dommage , excepté entré Erny-St.- Julien et Etrées-Blanche que la trombe enleva quelques récoltes ; et c'est le seul point où cette circonstance s'est éflerte à l'observation. | C:73) foyer ardent qui occupait son centre et d'où sortaient des éclats de vapeurs bitumineuses (ex: . pression des témoins) précédés d’une lumière instantanée. Ces vapeurs étaient en tout sembla- bles à celles qui s'élèvent du bitume en combustion. Les arbres qui entouraient l'église de Lambres furent cassés et déracinés ; le mur et le toit de la maison du curé enlevés .et dix-huit maisons, la plûpart bâties en briques , sapées à leurs fondemens , avec le phénomène extraordinaire de l'écartement des murs renversés en dehors; ce qui doit Joe plus extraordinaire c'est que personne n’a été victime de ce fléau, même dans ces deux derniers villages ; un seul habitant de Witternesse a été griévement blessé au bras par une poutrelle. Après ce dernier désastre, la trombe parut se diviser ; une partie s’est dissipée dans les airs, l’autre qui ne paraissait plus qu’un nuage chassé par un vent impétueux, venant du nord- ouest, s’est portée sur Lillers, bourg à trois heues de Lambres et a causé de grands dom- mages dans les prairies de M. de Foulers en y. cassant et déracinant plus de deux cents arbres, “les plus élevés des environs (x). Cette partie, (1) A Relingue, les arbres seuls ont été atteints par C:74) | ._ déjà affaiblie dans sa marche ; s'est dissipée à son tour à trois heures de l’après-midi ; le tems _ était cälme , le ciel presqu’entièrement découvert et le tonnerre, qui n'avait cessé de se faire en- tendre de tous les points de l’horison, a fini au même moment. La soirée et la nuit suivantes furent RE “ Ces sacs: heureusement très-rares dans nos riches contr ées, ont eé peu remarqués jusqu'à ce jour , sans doute parce que ceux qui l'ont pré- cédé .ont eu une marche plus rapide, et que les maux et les ravages qu'ils ont produits ont été de peu d'importance ; ils ne sont cependant pas sans -exemple, et j'en citerai. deux, dont on a inséré l’histoire dans les observations météoro- logiques de ce département imprimées en 1808 cten RE \ Ja trombe, les bâtimens n'ont présque point souffert, La trombe a commencé à se faire sentir à la limite des propriétés de M. de Foalers, vers le villäge d'Ec- quedecques , les a assaillies inopinément et traversées er entier sur une largear de cent à deux cens pas; elle était déja dissipée pour ne plus reparaître avant d'être arrivée aux premières. maisons de Lillers, qui ne sont pas à plus de dix mivutes de chemiri dù principe dé son invasion sur le point où la durée de son passage ne fut que de deux minules environ, .._ ... . (175) Le premier était entièrement lummeux et eù orme de globe, de la même grandeur que celle du soleil à son coucher, il eut lieu le 17 sep- témbre 1787, à dix heures trente minutes du soir ; sa direction fut du sud-ouest de Boulogne au nord-est ; la ‘himière qu'il: répandait dans .5a marche a effrayé tous les habitans depuis. Bou- logne jusqu’à Tournai. Ce globe lumineux ne ft qu'une ‘ explosion’ à; St:: - Augustin ,. abbaye près de Thérouanne , la porte d'entrée fut arrachée, ses gonds jettés à cinquante. pas, tout le fer qui lui appartenait fut aimianté, j'en conserve un morceau ; le bruit de cette explosion fut égal à celui d'une bombe qui éclate ; on pèénsait à Aire, éloigné de’ quatre lieues , ‘que la poudrièré d'Équerdes, pr ès St:Omef , avait fait explosion ; le ciel était beau , le tes cale ; le théxmomètre de Réaumur marquäit qüatorze degrés , le ba: romètre vingt-neuf pouces. Je n'ai pu connaître ni son origine , ni sa terminaisom, | | Une autre SR j'ai pu jai en 1782, au mois de septembre , était une trombe d eau, elle s'est formée au-dessus d’une vaste prairie , à vingt minutes d’Aire , à trois “heurès L de Taprès-midi ; le éiel était orageux , les nuages qui se croisaient én tous sens se rassemblèrent en un seul point, on vit descendre de la nue, Là « Cr78D ayec précipitation, une vapeur légère qui s'é- paissit bientôt en formant un cône, qui, un instant après s'être arrondi sur la terre, fut poussé par un coup de vent violent, du sud- ouest au nord-ouest de cette ville ; cette trombe, en traversant une autre prairie où blanchissaient des toiles, y.enleva une femme qui s’est trouvée enveloppée par une toile qu’elle voulait attacher à un piquet ,. elle fut trouvée Gb ss à une demi lieue plus loin. | | | Le Shan annuaire statistique rend compte d’ une trombe semblable à celle du 6 juillet der- nier, et dont les effets furent presqu'aussi dé- sastreux, elle eut lieu le 28 mars 1812. Éllé détruisit, en quatre à cinq minutes, dix- huit maisons dans la commune de Wailly, les dé- bris furent poriés à une très-grande distance. Ses terribles effets ont été plus considérables à Fouquières , où soixante maisons ont été ren- versées ; on à remarqué aussi qe les murs sont tombés de côtés différents. ® * + Enfin, Valmont de Bomare, , dans son di tionnaire d'histoire naturelle , rapporte les effets d’une trombe de terre qui à passé, le 9 avril . 4770, à Pommiers , arrondissement € de Boulogné: 8 : t « # FE " : dre DS +? z re - mn a “ ; Ca77 ) CN OTICE oo SUR LA CULTURE DU GRAND MAIS DE FENSYLVANIE, Par M: Husdie | Membre résident. Lonsouz, lannée dernière, je rendis compte à la Société royale d'Arras du résultat de mes essais sur la culture de diverses plantes exotiques, je rangeai le grand maïs de Pensylvanie (zea) dans la classe de celles qui se naturaliseraient difficilement dans nos climats septentrionaux. Un premier essai ne devait pas suffire pour me con- vaincre ; mais si j'ai obtenu cette anhée quelque succès , ne dois-je pas l’attribuer en partie à } chaleur extraordinaire de la saison , qui nous a fait jouir des avantages des régions les plus favorisées de la nature. Quoiqu'il en soit, une culture mieux entendue, des observations plus exactes , des expériences dirigées avec Soin , me mettent maintenant à même de.porter un juge ment certain sur ce que l'on peut espérer de la culture du grand maïs dans ce | département. . Ce beau végétal a le poït du roseau ; sa tige ronde et noueusé par paskiral ‘qui a presque 23 .. (18) la consistance du bambou, s'élère à près de trois mètres de hauteur, y compris le panicule de fleurs mâles qui la couronne. À l’aisselle des feuilles intermédiaires qui sont larges et fort ‘longues se trouvent les fleurs femelles disposées en épi très- serré sur un axe charnu caché sous plusieurs enveloppes. Lorsque la. plante est au tiers de _son accroissement, deux surgeons partent du pied, qui n'atteignent que les deux tiers de la hau- teur de la tige principale, Cette tige, ainsi que Chacun des deux surgeons , porte ordinairement deux épis. Les rapports qui existerit entre cette variété et le maïs, connu dans ce pays sous le nom de blé de Turguie , me dispense d'en donner une JeRCDHOR plus détaillée. ‘ Le grand mas, plus que tautes ses variétés : demande ,. pour prospérer , un sol riche et pro- fond , une terre bien préparée et fortement fumée. Le 29 mars 1822 , j'en plantai dix grains dans autant de trous detrois centimètres de profondeur, à trente-trois centimètres de distance l’un de Pautre , en bonne terre, à l'exposition du midi. Cinq grains étaient levés vingt-quatre jours après: Les cinq autres grains (probablement de mau- _vaise qualité) n’ont pas levé. La sécheresse vuisit aux progrès de la végétation du maïs ; je lui donuai un ÉRESULEE sun et un engrais Ca99 ). liquide vers le r5 mai; les tiges avaïent alors 35 centimètres dé hauteur : l'effet de cette opé> ration fut si sensible que 15 jours après (époque du second binage } la hauteur des tiges était plus que doublée. Le troisième binage fut donné avec arrosement d'engrais liquide comm les précédens le 14 juin : les tiges s’élevaient à r mètre 16 centimètres, et Îles surgeons sortis de chaque pied à 16 ceritimètres. Je buttai lgèrément quatre jours après et repandis de l’engrais en poudre autour de chaque pied : les panicules de. fleurs qui terminent les tiges se montrèrent dans les premiers jours de juillet, la floraison dura plus d’un mois, les épis commencèrent à paraîtré à la fin .de juillet, époque où les pieds de maïs avaient 2 mètres 5o centimètres. Les surgeons fleurirent au commencement d’août ; le 15 les épis étaient sortis : deux de ces surgeons s’élevaient alors à 2 mètres 32 centimètres , et les autres à 1 mètre 78 centimètres. D > Le grand rapport dé maïs est 7 constant pour. qu’il dut être. l'objet exclusif de mes re- cherches ; 1 m’importait bien davantage de m'as: Surér par des expériences si les procédés ustels de-sa culture n'étaient pas vicieux ; j'ai sacrifié dans ce dessein une partie des espérances que me donnaient ma récolte. | Ci80) _ Les personnés qui cultivent le maïs en France sont assez généralement dans l'usage de casser : Jes panicules de fleurs et la sommité des tiges au premier nœud, quand les fleurs commencent à sécher ; on prétend par ce moyen ainsi que par l'exfoliation @ÿ; bas de la tige hûter : maturité | du fruit. D'autres arrachent les surgeons, prétendant que les deux épis de la tige principale en prof- teront mieux , seront plus gros, plus productifs que les six épis qu’eut produit la plante intacte. _ D'autres enfin ont coutume de butter le mais comme des PORN de terre. | y ai consacré à mes expériences deux plantes . auxquelles j'ai fait subir les diverses opérations ci-dessus : le résultat infiniment inférieur de leur produit (comme on va le voir) m’a convaincu que tout retranchement fait à une plante est nui- sible à sa fructification ; que la surabondance de sève qu’il occasionne, loin de tourner à l’avantage du-fruit, se'réduit à un luxe de feuilles qui en : absorbe et fait avorter beaucoup de germes, et eri retarde même la maturité. Le buttage tel qu'il. se pratique nuit à l'accroissement des plantes en. détruisant une, partie du chevelu des racines. Cette opération me paraît: cependant nécessaire , CO Ca) mais .elle doit être faite avec la plus grande pré- caution : les binages même LorvenE être dormés | peu prOIgnse | | Le 8 octobre, huit épis provenus de trois tiges intactes et de leurs surgeons ont été récoltés par- faitement murs ; ils ont donné ensemble 138: : grains , C'est-à-dire 460 pour 1. Le 17 du même mois, quatre épis provenant | des deux tiges mutilées pour mes expériences, ont été récoltés sans être au point de maturité desi- rable ; ils étaient inégalement et peu garnis : ils ne contenaient ensemble que 357 grains, c'est- à-dire 178 -pour «. Les cinq pieds de maïs portaient en totalité vingt-un épis, mais comme neuf n’ont pas fruc- tiñié, ma récolte effective est de douze épis ren- fermant ensemble 1738 grains de bonne ICQ (1) © En arrachant les tiges j'ai reconnu que le pa: quet de racines de chacune avait au moins 60 centimètres de circonférence sur 18 de pro- fondeur , sans y compendre l'immense quantité «) La farine da grand mais est moins sablonneuse et plus riche en gluten que celle des autres variétés s et serait plus facilement convertie en pain. ‘ « L (182 ) | de chevelu qui s'étend à uñe grande distañce. Malgré que la terre eut été bien famée, que divers engrais y eussent été répandus abon- damment et à plusieurs reprises. pendant la crois- sance du maïs, elle n'a presque plus rien de végétal et ressemble à une poussière insensible ét improductive, c’est ce dont on pourra plei- nement se convaincre par la vue de l'échantillon que je dépose sur le bureau, Il est donc évident que cette plante est épuisante au plus haut degré, que ‘sa culturè nécessite beaucoup d' engrais ; et je ne sais quelle plante on dés hi faire suc- céder. Malgré son produit considérable, le i maïs ne peut devenir dans ce pays l’objet d'une culture eri grand, car outre qu’il épuise le sol, | qu'il exige beaucoup de. frais et de soins, "RouÉ pouvons dire avec quelque certitude qu’il ne -_‘urira pas une année sur trois. Nous avons dans d’autres céréales de quoi nous consoler de l’obs- tacle que notre climat met à L culture du grand . maïs qui ne sera guère pour nous qu'une plante de curiosité ; (r) mais il serait à desirer que l’on ‘ (r) M serait utile cependant de faire encore des essais ; Je grain en dégéuérent un: peu pourrait peut-être s6 | naturaliser et donner une bonne. vordis : Lis bi d'en continues lg caltures. (183) cultivat davantage le mas dit 8% de Torque , notamment la variété à grains jaunes que l’on est sûr dans ce pays de voir mûrir chaque année et à toute exposition : (1) il! demande une terre moins forte, moins d'engrais et de soins, et on peut avec succès lui faire succéder les plantes fourrageuses ; il rend communément 250 à 300 pour 1. Les volailles sont très-friandes de ce grain qu on pourra employer plus utilement (comme on le fait dans les départemens méridionaux ) à la nourriture de l'homme, quand on sera par- venu à améliorer les procédés de sa panification. a . (1) Je plante chaque « aunée du. blé. de Turquie et la - récolte n'a jamais manqué ; même « en 4816, année ex- trémement piinenee ° C184 ) ROUSSEAU ET LE DUELLISTE,, -POËME. QUI À OBTENU LA 1." MENTION HONORABLE, Por M: ConNE, d Arras. pate En etec—— | ss Què scelesti ruitis?. Gur | _ dexteris aptantur enses ?.. Horacsz. Epode wir. Sous le’ poids de sa gloire et le poids des chagrins, Au bord de son tombeau qu'il creusait de ses mains, | Par d'éternels tourmens expiant son génie, | Rousseau ,» voyait pâlir le flambeau de sa vie. Un jour il avait fui le trouble des cités; De spectacles hideux, trop longtems attristés, Ses yeux avec transport revoyaient la natnre, Les côteaux, le vallon, sa riante verdure, Et dans la paix des champs, flétri par la douleur, | Son cœur semblait encor s'entrouvrir au bonheur. Au sein de la forêt, sous un antique ombrage, Rèveur, il s'égarait dans des murs de feuillage, Mais soudain il s'arrête ; il écoute. Une voix À troublé tout-àa-coup le calme de ces bois ; - (185) * Des mots entrecoupés ont frappé son oreilles " Un sentiment confus dans son âme s'éveille; | Il s'avance, Non loin, au pied d'un chêne assis, : L'œil sombre, ardent, le front chargé de noirs soucis, Un jeune homime , tantôt dans un morne silence ; Semble nourrir la -haine et rêver la vengeance, Tantôt par des acçens qu'arrache la douleur, 11 trahit les transports d’une sombre fareur..… Un livre est: dans ses mains : il l'ouvre, il le dévore, _ £t bientôt le rejette et le reprend encore. ‘ À son regard sinistre, à son trouble, on dirait . Un coupable contraint de lire son arrêt. : Son transport s'est calmé, mais ce calme est farouche; H repousse le livré ; il soupire ; et sa bouche, Du poids qui l'oppressait soulage ainsi son cœur : « Oui, Rousseau, tu dis vrai. C’est un barbare honneur, L'honneur qui veut du sang pour laver une injure. : La voix de la raison, le cri de la nature ; Et la loi méconnue, et le ciel outragé, : Tout condamne et maudit l'horrible préjugé Qai sous un nom sacré nous ordonne le crime; . Fait d'un gladiateur un mortel magnanime, Et d'un fer assassin armant nos bras cruels, Éternise le sanig. sur ses affreux autels. Oui, ce fatal, honneur, je le hais, je le brave... . Il parle... je me tais. J'obéis .en. esclaves... | 24 (186) | J'en gémis!... Mais Roussehus lorsque ti Aoble vêit, _ Servait l'humanité, revéndiquait sés drüftés | Lorsque des träifs brélars de tà atiâté Elouéñt ; Tu foudroyais ce monstie, erfant dé la vegéañce, Rousseau ; le deshonneur rougistait-5l t6ti Frônt? Ton cœur æ séchait-il, flétri par un dfftéat ? Non, tu ne sentais pas dans des télves brüläntés, D'un sang jeune, irrité, les akdeats bouillehnahtes; : Tu montais k la gloirè et tes nobles travaux; Oo Blessaient envain les yenx de tes obscurs rivéux: Les lauriers protégaient ton front contre l'envie y, Mais moi, jeune, et sans nom, nu sentier de la vie, J'avançäis, appuyé sur de frèles soutiens, L'innocence et l'honneur 3 c'étaient-là mes seuls biens, - Quelques fleurs sous mes pas recouvraiént. uu âbîme ; L'infâme catomhie attendait sa victime ; Elle a tàri pour moi les sources dà bonheur, D'un nuage perfide ; ob$curci inon honneur, : De ses plus noirs poisoné Hétri mon innocence ; Et je vivrais encor ! je vivrais sans vengeanée ! | Non, nou, tant que mon sang, ce sang deshomofe: : | Fera battre ce cœur qu'un traître a ‘déchiré s Je poursuivrai l'autedr de l'affront qui m'xocsblé, _ J'aurai soif de soh smg, et d'un bras implacable, : Je saurai tôt ou tard äller trouver son cœur; Pour y laver ma honte, y rèssaisit l'honneur, ‘| _ Si je tombe, trahi par l'ipjpste fortune , Je quitterai du moins yne yie impartpne, Sans regrets et.sans tache. p I] dit, Et dans ses yenx, L'éclair étincelait ouf np front soyrcilleux : I se lève. Sopdain Rousseau vers li s'ayance : Arrête, où courais-ty , jeune homme ? A la vengfanpe — Au crime , malheureux ! — Au crime ! lil n'en est pas CES rs Quand l'hongeur ontragé lui-même arme nos a .— Mais où donc as-tu lu cette Joi sanguinaire? | — Mais vous qui me parlez d'une voix gi sévère, Quels sont vos droits ? - — Un cœur ami de la vertu ; Mes cheveux blancs, mon nom, pent-être ; il t'est conny. Rousseau, —— Rougseau 7" ‘entende-je? ; — Eh bien! ce nom t'élonne. | Oui, Rousseau , dont le cœur te plaint et te pardonne. Malheureut ! Quoi ! si jeune et de sang altéré ! Sans moi, tu couraîs: donc d’un bras désespéré Racheter ton honneur au prix d'un homicide? Insensé! garde-toi d'une vertu: perfide, : “+ Qui du nom de Fhonneur colore -des forfaits. + De l'honneur véritable elle n'a point les traits: | Elle est basse, hydeuse, ardente à la vengeance; Il est noble, il est grand et dédaigne l'offénse..….. Tu ne m'écoutes pass — Ah j'ai tout entendu, Et ton Hvre éloquent déjà m'avait vaincu. Oui ma faible raison devant toi shumilie : Mais mon cœur. ne sait pas dévorer l’infdmie. (. 188 ). Eh! que m'importe à moi qu'un austère censeur , Proscrive la vengeance et les lois de l'honrieur. Je n'ai point su me faire un front assez stoïque , Pour braver le mépris plein d'un calme héroïque, Ce mépris , il m'attend : il flétrirait mou nom, | On dirait que la peur m'a dicté le pardon, ‘ ‘Je verrais més amis, honteux de ma présence, Sourire avec dédain et vanter ma clémence, Sûr de l'impunité le lâche m'outrager, Et m'apprendre trop tard enfin à me venger. Non, laisse-moi courir où mon destin m'etitraîne. Le ciel, linjuste ciel me poursuit de sa haine, N'accuse que lui seul. Lui seul condüit mon bras, ‘Adieu, Rousseau... Plains moi... Mais ne m'arrèête pas En finissant , sa main pressait la main du sage Rousseau ,. l'émotion altérait son visage. |. — Un seul instant, dit-il, arrête ; infortuné ! Suis-moi.... Suis-moi ,» te dis-je. Incertain, étonné, nl hésitait ; Rousseau loin de ces bois l'entraîne ; . D'un pas silencieux, ils regagnent la plaine, . 7. Déjà l'astre du jour avait fui l'horison ; Les mourantes clartés de son dernier çayon re Des voiles: de la nuit adoucissaient les ombres; | Plus triste et non moins beau sous des Leintes plus sombres, L'aspect de la nature éveillait dans les cœurs. anse EE . Et la mélancolie et les plaisirs réveurs, (189) , . C'était l'heureux moment de cette paix profonde Où loin de la splendeur , loin du fracas du monde > : L'homme désabusé , philosophe un instant, | Interroge son cœur, en lui-même descend, Vertueux +. goûte en paix le prix de l'innocence ; Et coupable, s'éveille aux cris de la vengeance. De la nuit cependant le lugubre flambeau, Venait de la nature éclairer le tableau ; De ses pêles rayons la lueur incertaine , Se prolongeait au loin sur l'uniforme plaine: Un seul bosquet plus sombre arrétait les regards. Des tombeaux de gazon sous des cyprès épars ; Des monumens de deuil , mais sans faste inutile, Attestaient de la. mort quelque champêtre asyle, | C'est-là qu'enfin Rousseau vient suspendre ses pas. - A : l'aspect de des lieux où règne le trépas, Surpris, mais non troublé, son compagnon l'arrête: : — Voilà donc l'argument que ta raison m'apprête, Les douleurs dela mort, les terreurs du tombeau! : - Tu ne me connais pas, Tu m'outrages, Rousseau. — Non, jeune homnmie , je rends justice à ton courage: Ce n'est point de ta peur l'avilissant langage, Que je veux faire ici. retentir dans ton cœur. Non, non, je lui réserve un plus noble vainqueur. L Mais approche. Tu vois cette tombe récente... "+ Ah ! que ne peux-tu voir la victime sanglante, | ( 190 ) - Dont un barbare honneur arma la faible main; Qui, tombant sous un fer mille fois assassin, Au printergps de ses jours, cruellement ravie, Vint engloutir iei sa jeunesse et sa vies L'infortuné! jadis, aux jaurs de son bonheur, Moi, je l'ai vu brillant d'espérance et d'ardeur L . De la vie à long traits goûter la douce ivresse j Vain espoir ! ses vertus, ses talens , sa jeunesse, Ne l'ont point défendu de la faux du trépas. Il est tombé. Ses yeux ne se rouvriront pas; La terre a dévoré sa dépouille mortelle; 20 Tout s'est évanoui dans: la nuit éternelle... — Eh lien, Que:veux-tà donc? Qué j je plaigne son sort ? Non Rousseau. Épi du: moins, il est heureux : ä dort. — © pd'un cœur insensible égoïisme farouche! - Quoi! ces mots sontrils bien: échappés de {a bogche: 11 est heureux ! cruel] pouryu ua: de see maux, On rgnsontse l'oubli dans la sa des tombogix, : -- Qu'impoxte Jes. tourmegs des sœurs qus l'an déchire: Qu'une mère succombe an depil , à son débres -.. : Qu'importe da nature eù.5es cris suparfus Dans le fond de la tombe on ne les entend plus ; On est heurepx.. y Cruel! Ma pitié t'ahaudonng.…. _ Mais OR Rasspre toi. Va ! mon cœur. te pardonne : Tu n'as point sntenda Les lamentables cris, Dont ung mère en pleurs redemandait son fils. Tes yeux ne lo Sur ce marbre | Le couvrir de D'on affreux : Puis à soû fils Adrester douc N'avait-l pa De se trouv De rendre t Et sa mère L'ingrat! : Et cohdau Eh bier Jeune ho: Et a mt Dis-moi Yaut- En à Je ne Tu: Ve S Ce « Pa N Cigr ) Tes yeux-ne l'ont point vi, ici s pâle; tremblante, Sur ce ntarbre glacé se pencher expiradté, : Le couvrir de bsisers, et duiester vetit foib, D'un affreux point d'honneur les. meurttières lois & Puis à soh fils ingrat d'une voix presqu'éfeinte Adresser doucemeut sa maternelle plaintèe N'avait-il pds promis d'einbelir ses vitix ess; De se trouvér ehcore entré ss bras mburans , De rendre quelque joue des honneurs à sd œndre Bises Et sa nière au tombea vient dé ke voir descendré ! L'ingrat ! À l'a ttahie Il à uavré sos tœar, Et cohdalneë sa mère à mourir du douteur ! Eh bien ! Est-il heureux l'auteur de turit d'alarimes , Jeune homme? Ah !duns tes feux je veis roulet dés term}, Et la mère sai déute est pyréseutg k ton ‘cœuri Dis-moi, Faut: aussi l'intinoler à l'honneur ? Faut-il aussi ; répohds, que lè fer sanguinkire, : En déchirant toh seiñ aille forger ta mète 7 Je ne te retiens plas Tu restes; tu frémis j Tu nt plès céminel; embrassestsoi, Mon fs. Je faisais à toi éur inb crablle itjare, Ce èœüt, il h'ést point éburd au eri de la mature,” Par l'iiour dé t@ rhbre à là vie énchutné ; Non; tù de rütpihs pas ée lien fortème, Mais quoi ! péubif eator tu gardes lé tilende1 : Je te coipfend. Peut-être wee affreûsé ‘espérance, (192) Te berce en ce moment et flatte ton courroux, La mort peut t'épargner et réserver ses coups s : Pour le fatal objet d'une implacable haine ; | Ton bras peut assouvir sa vengeance inhumaine, Et de ta mère encor soutenir les vieux jours. . Ah! que ton bras plutôt t'épargnant son secours ; Te livre sans défense au fer de l'homicide ! Et puissé-je plutôt voir sur ton front livide, Les traces de ton sang , les horreurs du trépas, Que le sang d'un rival dégoûtant de ton bras! Tu ne sais pas encore de quel poids effroyabie, ” Le sang de la victime est au .cœur du coupable ; Quels terribles vengeurs poursuivent les forfaits ; : : | © mon fils! puisses-tu ne l'apprendre jamais, Innocent, outragé tu ne.conaais encore, Que les chagrins cuisans dont le feu te dévore. _ Hélas ! il est un feu cent: fois plus flétrissant , . Un feu dont la fureur s'accroît en vieillissant . Sur la terre allumé par le courroux céleste, . | Au cœur de l'assassin il s'attache, il y rest@,. - _ Le ronge lentement et le suit chez les morts; : O mon fils ; crains ce feu qu'allument les remords, Tu souffres j mais ta main est du moins innocente. Ton sommeil est tranquille. Une ombre menaçante, Ne vient point t'évaller de ses lugubres cris; Tu ne vois point- des mots en traits de sang écrits, (193) T'annoncer' lé trépas, l'heure de Îà veñigéäice ; Mon fils, gatde toujours cetté heureuse idiocenéés Dés vétérans du meurtre , äffréux gladiätéurs, 1 Qui mettent chaque jour quelque familte ex pleurs, Et qui, pour s'en vanter, égorgeant des victitnes ; Comptent avec orgueil le nombre de leurs crimés, Ak ? ceux-là te diront que leur cœur sanÿ remords, N'entend point cetté voix et du sang et des morts, Ne les crois pas, mon fils, ils s'abusent éux-mêmés'; Mais lé réveil approche. A leurs momens tuprêmes, La nature outragée aura repris ses droits ; Ils l'entendront enfin cette effroyablé voix ; A la sombre élrté des torches funéräirés , Îls verront , pléns d'éflroi , sur leur“ mains meurtrières, Un sang inéffacable, uñ séng âccosätéor, Et d'un affreni destif, fünèste avétt-coureur , L'implacable remords dritié pour léàr supptice. O mon Dieu! quels tourmens teur garde ta justice 7... Quels sort attend R haut lés coipäblés inortels..…. Je réspecte en tremblant tes sécréts éternels, A ces mots il se têt. Une grande petiséé Bemblaïl peser alors sur son dine éppréée, , Son regard était fixé, ef tout-à=roup ses yévÉ, ” Brillans d'un feu nouveau s'élévaieñt vers lés deux On: eut dit que son âme: à là terre râvie, Allait revoir enfin sa célésie- pitrié; | 25 | .. ag) Æt bientôt sur la terre abattus, ses regards ; Ærraient avidement sur les tombeaux épars, | Comme s'il eut voulu, libre enfin d'y descendre, Des morts silencieux interroger la cendre, Écarter de ses yeux le terrestre bandeau ; Et pénétrer vivant dans un monde nouveau, « O toi, dit-il enfin, toi qui d'un front tranquille; | Courais braver la mort, y chercher un asyle, Jeune homme, as-tu percé cet immense avenir, : Qui commence au tombeau pour ne jamais fair ? As-tu d'un ciel obscur éclairci les nuages? Sondé cet océan sans fond et sans rivages ? Est-de un dieu de clémence, est-ce un dieu de courroux, Ge dieu qui nous attend, qui doit nous juger tous? : Est-ce un jour de bonheur, est-ce un jour de vengeance ; Le jour qui doit finir ta fragile existence ? Tu n'en sais rien encor , jeune homme ; et tu pourrais D'un destin inconnu devancer les arrêts! Crains un affreux réveil à ton heure fatale, TCrains de rentrer trop tôt dans la nuit sépulchrale, Ah ! moi-même courbé sous un doute accablant, Au bord de mon tombeau je m'arrête en tremblant ; Quelques faibles vertus me rassurent à peine, Et peut-être, Ô mon Dieu , j'ai mérité ta haine! Grand Dieu, quand les humains au tribunal traînés , | Pâles , dans la poussière à tes pieds prosternés, Atterdront de Peut-être en De tes fils ég Tu pourras | Mais le cœu Éteigoit da Mais le co Dieu vens Non, mo L'impitoy Jeune ho KR peut — Fh! Rousse Mas Dont Parto | Cr95 } Attemdkont de lèur sort l'éternelle sentènce , Peut-être en ce grand jour signalant ta clémence; De tes fils égarés , excusant lè mallieür;, . Tu pourras pardonner l'ignorance-et erreur; ” Mais le cœur inhumain qui de vengeance avide ;. Étcignit dans le sang une soif homicide, Mais le cœur qui n'a su pardonuer un affront;- Dieu vengeur ; pourra-t-il espérer le pardon 2. Non, mon fils, non-jamnais, H a dicté. lui-même. _ L'impitoyable arrêt de son malheur suprême. . Jeune homme, tu m'entends. Ton sort est dans tes mains, Et peut-être ce jour va fixer tes destins... — Eh! bien. Je saurai vivre ct dévorer l'outrage.. Rousseau , tu m'as donné ce sublime courage ». M ais permets-moi du moins de haïr ces mortels, . Dont les absurdes lois , les préjugés cruels, Partout devant mes pas entr'ouvrant un abime Me forcent à choisir de l'opprobre ou du erime. L'opprobre !... Ah ! ce nom .seul réveillé ma fureur! N'importe. J'ai choisi. Je foule aux pieds l'honneur. _— L'honneur sera toujours le prix du vrai courage, | O mon fils , laisse-moi couronner mon ouvragè, Amener à tes pieds ton cruel ennemi _—… | - Et peut-être, bien, plus » te donner un ami.n: I se tait 5 il s'éloigne et disparaît dans l'ombre.. L'aurore cependant succède à l& nuit sombre ;. | C 196 } : EL Ronussean ne revint pas. Vingt fois l'astre du j jour “RE S'allama , s'éteignit sur les bois d ‘alentour ; ; Roussean ne cherchait plus leur ombre tutélaire, . Rousseau ne vegait plus y rêver solitaire ; . Ses ; jours étaient. comptés F et Rousseau n'était plus Sur ses restes mortels au tombeau descendus, Deux agms, qu'uniseait un lieu plein de charmes, | Vinrent confondre un jour leurs regrets et leurs larmes : « O Rousseau, disaient-ils, jauis encore du meinss. D'un spectacle bien doux qu'ont préparé tes sins ; : Vois nos cœurs désarmés ; et. jadis ennemies, Vois nos mains sur ta tombe à jamais réunies. » ( 197 ) | RAPPORT Per M: Puis , Membre résident. i. B sn RES CN] e à + Messieurs, e : “ : , e * ‘( L, Société Me. commerce, sciences et arts du département de la Marge a avait _ la question suivante: Jin « Quelle est, dans l’état T de la Fri » et dans ses rapports avec Îes nations étran- » » gères, l'extension que l’industrie, dirigée vers » l'intérêt national, doit donner aux différens » genres d’inventions qui suppléent le tr avail de » l’homme par le travail des machines Po» Elle a décerné le prix du concours, dans sa séance publique du 7 août 1827, an mémoire de M Paris, ancien sous-préfet. L'importance de cette question, Pa sous un point de vue général, et le grand intérêt qu’elle offre pour le département du Pas-de-Çalais en particulier à cause de la fabriçation de Ja dentelle, m'ont déterminé à vous présenter un. | | ( 198 } L aperçu du compte rendu de.ce mémoire par M." Tessier, dans le journal des savans du : mois d'avril 1622. Suivant l'auteur , les inventions qui suppléent le travail des hommes donnent une grande exten- sion à l’industrie, et il cherche. à prouver que, dans l’état actuel, les peuples modernes sont, ainsi que les anciens, d'autant plus industrieux, commerçans, riches et civilisés, que l'usage des machines y est généralement adopté, de sorte qu'il suffirait de la‘ connaissance exacte des progrès de l'application des machines et des procédés chymiques aux arts industriels » chez les diverses nations dans tous les âges, » pour dresser un tableau comparatif. de degré » de civilisation, de richesse et de puissance >» relative auquel étaient ou sont parvenus les » peuples des différentes parties du monde. » RENE ET « ° l Las % . Il établit l'utilité de tous les moyens qui éco- nomisent le tems, la main-d'œuvre et par consé- quent les frais de production. Il comprend parmi ces moyens ceux qui perfectionnent les preduits , . bien ‘qu’ils ne réduisent ni le tems ni la main- _ d'œuvre. Quelques-uns lui paraissent propres à et _faire produire, savoir : l'adresse manuelle ou la dettérité ; la. division du travail, l’améhoration (199 ) des procédés , et l'emploi des machines et appa- rails ; c’est de ce dernier qu’il s’agit particulière- ment dans le mémoire. Sous le nom demachines, M:' Paris entend tout ce qui facilite et perfectionne la production , c’est-à-dire, les instrumens méca: niques et physiques et les agens chymiques. M: Paris n’a pas laissé sans réponse les ob- jections faites contre l'introduction des machines. Il les. expôse successivement ; elles se réduisent à celles-ci : la crise politique qui travaille l'An- gleterre et qui, dit-on, à sa source principale dans les moyens faciles qu’elle emploie pour pro duire , lesquels moyens deshéritent le pauvre du travail, sans dédommagement. L’encombrement de ses magasins, résultant de l’excessive pro- duction. Les ouvriers privés de travail ne con- sommant plus. L'introduction des machines don+ nant au fabricant aisé, qui peut les établir, une prééminence sur le petit fabricant, pour qui elles sont très-chères , favorisant le monopole de l’in- _ dustrie manufacturière et l’accumulation déme- surée des richesses, Enfin la crainte que l’emploi des machines n’exigeant des ouvriers qui les font agir. qu'un travail simple , toujours le même, ne les abrutisse, et n’affaiblisse leurs qualités intel- lectuelles, n’ayant plus besoin d'intelligence. C 306 M! Paris né pensé pas qué l'emploi des-ra- chines réduise # clisse laborieüse des oùvriers à manquer de travail, et il recotait que plus les machiñes 5e raultiphent dans en pays et plus Re nombre des ouvriers s’ÿ aceroit, I1 est de fait que la consommation d’une mar- chandise augmente en proportion de ce que son prix baisse; elle est à la portéé d'un plus grand nombre de personnes, et celles qui déjà en fe- saient usage en. consomment davantage. L’ auteur prend pour exemple le sucre qui, lors du sys- tême confinental, a valu en France cinq francs la livre. La consommation était alors de 14,000,000 de livres par an, maintenant que cefte matière “est de beaucoup meilleur marché la consomma- tion s "élève à à 80 000,000 de livres. | - Hya trente ans, ba consémmiation da cotum p'allait pas enr France à tros sdtions de kio- grarmnres, dont les déut tiers arrivarent du Levans. En 1812 elle s'est élevée à t1,000,006, et em 1840 à 223,500,0D0... AP égard dés midchies simples, telles qie le mécanisme pout” li dénitellé et les tissus , il serait peut étré perniis , Messieurs, de rie pas partager l'opinion de M.' Paris, parce que cés machines remplaçant en entier le travail de l'homme et leur marche elles al que s0 pour Mais : ordre celles sant “dige Trav: lexé “sidé bar | (205 ) marche ne fesant pas “naître d’autres travaux j elles absorbent toute la main-d'œuvre, et, quelle “que soit la consommation, ‘elles. sont suffisantes pour y pourvoir ,.sans le secours des vuvriers, Mais il n'en est pas de même des machines d'un ordre plus relevé, telles que, par: exemple, telles à vapeur; où l'eau et le feu, en se réunis- sant, se prétent des forces qui tiennent du pro- «dige et donnent la possibilité d'entreprendre .des travaux auxquels on. n'aurait pas songé , et dont l'exécution nécessite l'emploi d’un nombre con- ‘“sidérable de bras. Îl ne serait peut-être pas trop :hardi de dire que les machines de ce genre aug- mentent la quantité des subsistances de l’homme, dans le sens qu'appliquées à des, manéges elles tiennent la place d’un grand nombre de chevaux ‘à la nourriture desquels on consatre. des terres “propres à à produire. des coméstibles. L'emploi “qu on fait de ces machines , dans la navigation , ne peut que. présenter des avantages sans incon- | vénient pour les ouvriers. | _ L'éncoinbrement dés produits 4 des. Pt be. en Angleterre, cette espèce. de pééthore de :Pindustrie britannique ; qu’on:attribue générale- ‘ment à l'introduction des machinés , : tient «à | d’auitres:causes ; suivaht l’auteur du mémoire: On peut “considérer : comme. l'une.des principales , | | | 26 (206 3 l'espérance des fabricans de celte mation de pou voir au moment dé la paix, jeter sur le continent, stec avantage , nine quantité immense de- mar- ækandises de keurs fabriques. Leur cupidité fat déçue par les progrès dans les fabrications qui se fesaient partout remarquer. et sxirtout en France. £ette cause serait suffisante ; mais on peut y ajouter l’'énormité de:l’impôt, la cherté du pair, ‘souteaue par la défense de. l'importation: des grains ,. tant que le quarter de fronrent est an- dessous de guare-vingt shilings. Enâa ke sys ‘tême de prolbition dont l'Angleterre ‘a donné -le dangereux exemple, et qu a réagi sur elle -par à réciprocité des prehibitions. mn Tel est l’objet de la première partie ‘du mé- moire de M. Paris ; dans la seconde, il tend à prouver l'utilité, en France, de l'application des machines aux arts industriels , relativement à la ‘richesse. « En moins de trente ans, dit-il, malgré _» la plus terrible crise politique, malgré les » guerres les plus meurtrières , malgré la perte +» de nos colonies et la longue privation de tout ‘» commerce , là France a fait des progrès:si ra- -» pides dans les sciences, dans les arts, que » k population s’est accrue d'un sixième, tt que .» la fortime publique a plus que doublé par l'ac- .» cumulation des capitaux de taute nature. :». | € 307.) Ses valet et le part que les machines 7 te dans l'augmentation des richesses et dela population, on pourrait encore indiquer comme . use l'introduction de la vaccine et la grande quantité de tèrres rentrées dans le commerce par la suppression , en France , de presque tous les établissemens de main-merte. | | M: Paris ajoute: d'autres assertions à l'appui de son opimog. Je ne pourrais les déduire ici sans outre-passer les bornes que je dois me prescrire et sans m exposer à abuser de vosmamens; d’ ailleurs pour le faire avec quelque fruit il faudrait woir sous les yeux l’ouvrage même. Mais je ne puis résister au desir de faire mention d’une objection importante que M." Paris se fait, et À laquelle il répond d'une manière aussi juste qu "ingénieuse., en empruntant le langage de la physiologie. © Voici l'objection : la muMiplicité des manufac- tures, dira-t-on, bien que l'établissement .dés machines , pour ‘celles qui en:emploient, réduise de beaucoup ke nombre de bras, prive l'agri- culture d’une grande quantité d'individus, qui préfèrent: ce genre de travaux, moins pénibles et plus Hucratifs. M:' Paris répond que, dans un. État-vaste et populeux, les intérêts de l’a- griculture, de l’industrie et. du commerce se _ confondent. I ajouté :.« On peut comparer l'in. ». dustrie: générale à une es dont l'i industrie ( 508 } » ägritole est la racine , et les industries manufac- » turières et commerciales , les tiges. Si la racine » souffre , les tiges languissent ; si les tiges sont >» malades, la racine, à qui la circulation ne ra: » mène plus qu’une sève appauvrie , dépérit. La » plante ne prospère que lorsque toutes les par- » ties, jouissant d’une égale vigueur , la sève » fournie en abondance par la racine, circule » et s’élabore librement dans les tiges qu’elle » alimente ct grossit, et redescend en partie dans » la racine pour la fortifier. Cet organe devenu » plus robuste, remplit ses fonctions avec une » nouvelle énergie , transmet plus d’alimens aux » tiges, qui lui rendent à leur tour plus de sucs » élaborés ; échange de services qui ne s’arrête » qu au terme désigné par la nature » M. Paris rappelle ensuite que la mécanique et la chimie n'ont pas moins aidé l’agriculture que les arts, $oit par les usines rurales , le per- fectionnemeut des anciens instrumens d’agricul- ture .et l'invention des nouveaux ; par l’épuration des huiles de graines , leur emploi dans la fabri- cation du savon; par la conversion des pommes de terre en alcool et par ses préparations ; par les amélioratiuns dans l’art ce faire le: vin ; par la fabrication du sucre de betteraves et de l’indigo de‘pastel ; par le-perfectionnemerit de la teinture - ( 209 ) | de garance, la carbonisation du bois en vase clos , la distillation du vinaigre pyro-ligneux , etc. Enfin, le mémoire de M: Paris, par l’idée qu’on peut s’en former, sur le compte rendu dans le journal des savans , du mois d’avril der- nier, est digne d'attirer l'attention publique à cause des questions qu’il traite et par la manière dont elles y sont traitées, _ La ville d'Arras, et divers autres points du département. du Pas-de-Calais, ont un grand in- térêt à savoir si l'introduction des machines, dans la fabrication des objets principaux de leur commerce , sera funeste ou favorable à la classe. ouvrière. Suivant les hypothèses posées par M:' Paris, les ouvriers n’ont rien à craindre de ce nouveau systême. Quand on considère, Mes- sieurs , avec quel soin les choses humaines se compensent et, si j'ose m'exprimer ainsi, s’équi- librent ; on est porté à adopter l'opinion de M: Paris, en mettant même. de côté tous_Îes calculs commerciaux qui entrent dans ses: dis- cussions. Mais: si un dérangement mômenñtané, résultat d’une forte impulsion donnée à un sys- tême quelconque, ne peut pas plonger dans:la misère une-partie considérable de la population d'un royaume ; je ne puis. le garantir comme homme et je dois le crandrecommeadministrateur. LS ( are ) | En | RAPPORT SUR LES PERFECTIONNËMENS | APPORTÉS | DANS LA CONSTRUCTION DES rtanos, Por M: NVAGNER, Luthier à Arras. L — rh @hée ee — : Membres de le Commission nommée par la Sociék royale d'Arras. e MM. LALLART, HarerrEe, BERGÉ DE VASSENAU , ; l TERNNCK et Cor, ppOreur nn 4 Mrsarons. RE ER ne M: Wagner, “dmirilié en à cette ville, duibier ét facteur de pianos, lequel. a ‘déjà obtone ui brevet d’mvention et un deperfettionnement pour des améliorations qu’il a apportées dns la cons- truction de sés mstramens , s’est‘adressé à vons -par lettre du 25 juillet 1823 , pour vous prie ‘de vouloir bien désigner uné commission qui serait chargée ‘d’exeminer un piand qu'il venah de termêner et auquel il avait ‘adapté Tes diverses amkorations + cénsacrées par kes brevets’ qui ln / # ent é rager | aussi ( 217 D enè été accordés. Toujours empressés d’encqu- rager les arts et l'industrie, vous vous: êtes rendus aussitôt au desir manifesté par M: Wagner, & vons avez. nermmé une commission pour procéder à l'examen attentif des pianos dont ä s'agissait, et vous rendre ensuite un compie exact, de ses rues | | L Bésigné 4 par mes héséshlii éolléques pour rédiger ce rapport. je ne me suis chargé de ce trévail qu'avec une, extrême défiance. Le pen de connaissances que je possède das là partie d'art qui nous ‘occupait, mme rende mois, que lot autre capable de m'en bien acquitter ; je me bor- nerai donc, Méssieurs ,'ä vous détailler lé plus clairement: qu’il me: sera- possible , , les divers . changemens : imaginés par M: Wagner, dans la manière de consiruire ses pianos, et. à vous pxposer les réshltats que votre commission croit devoir en résulier.. + | D - Ce qui à d'abbrä atüré noûe attention dans l'examen du piano achevé”’dans les ateliers de M:- Wagner; est le moyen aussi. simple qu'ingé- pieux, par lequel ce Iuthier.est parveau à baisser tant Facçord -du piano. d'pn :derni,ion,. et. pour lequel 4 a obtegu up brevet d'invention. : (. 188 ) Eh! que m'importe à moi qu'un austère censeur, Proscrive la vengeance et les lois de l'honneur. Je n'ai point su me faire un front aséez ‘étoïque . Pour braver le mépris plein d'un calme néroiques | Ce mépris , il m'attend : il flétrirait mou nom, On dirait que la peur m'a dicté lé pardon, Je verrais mes amis, honteux de ma présence, Sourire avec dédain et vanter ma clémence, Sûr de l'impunité le lâche m'outrager, Et m'apprendre trop tard enfin à me venger. Non, laisse-moi courir où mon destin m'eritraîne. Le ciel, linjuste ciel me poursuit de sa haine, N'accuse que lui seul. Lui seul conduit mon bras, ‘Adieu, Rousseau... Plains moi... Mais ne m'arrèêle pass En finissant , sa main pressait la main du sage Rousseau , l'émotion altérait son visage. , — Un seul instant, dit-il, arrête, infortuné ! Suis-moi…. Suis-moi » te dis-je. Ipcertain, étonné, H hésitait ; Rousseau loin de ces bois l'entraîne ji D'un pas silencieux, ils regagnent la plaine, 7 Déja l'astre du jour avait fui l'horison ; Les mourantes clartés de son dernier rayon, , Des voiles: de la nuit adoucissaient les ombres; Plus triste et non moins beau sous des teintes plus sombres; L'aspect de la nature éveillait dans les cœuré ae e. à Et la mélançolie et Les plaisirs réveurs. "“ | (189) , . C'était l’heureux moment de cette paix profonde Où loin de la splendeur , lom du fracas du monde ; L'homme désabusé , philosophe un instant, Interroge sou cœur , en lui-même descend, Vertueux ». goûte en paix le prix de l'innocence ; Et coupable, s'éveille aux cris de la vengeance. De la nuit cependant le lugubre flambeau, Venait de la nature éclairer le tableau ; De ses piles rayons la lueur incertaine , Se prolongeait au loin sur l'uniforme plaine: Ua seul bosquet plus sombre arrétait les regards. Des tombeaux de gazon sous des cyprès épars ; Des monumens de deuil , mais sans faste inutile, Attestaient de la. mort quelque champêtre asyle, | C'est-là qu'enfin Rousseau vient suspendre ses pas. - A : l'aspect de des lieux où règne le trépas, Surpris, mais non troublé, son compagnon l'arrête : — Voilà donc l'argament que ta raison m'apprête:, Les douleurs de:la mort, les terreurs du tombeau! : : Tu ne me: connais pas. Tu m'outrages, Rousseau. | — Non, jeune homme , je rends justice à ton courage: Ce n'est point de la peur l'avitissant langage, Que je veux faire ici retenir dans ton cœur. | ; Non, non, jé lui réserve un plus noble vainqueur. i Mais approche. Tu vois cette tombe récente... Ah ! que ne peux-tu voir la victime sanglante, "+ | ( 190 ) Dont un barbgre honneur arma la faible main ; Qui, tombant sons un fer mille fois assassin, Au printereps de ses jours, cruellpment ravie, Vint engloutir iei sa jeunesse et sa vies L'infortuné! jadis, aux jours de son bonheur, Moi, je l'ai vu brillant d'espérance et d'ardeur, _ De la vie à long traits goûter la douce ivresse 3 Vain espoir ! ses vertus, ses talens, sa jeunesse : Ne l'ont point défendu de la faux du trépas. 11 est tombé. Ses yeux ne se rouvriront pas; La terre a dévoré sa dépouille mortelle; : Tout s'est évanoui dans: la nuit éternelle... : | : — Eh l'bien, Que:veux-té donc? Qué je plaïgne son sort ? Non Reusçeau. Tyi da moins, il est heureux : dort, — © p'un cœur insensible égoïsme farouche! - : Quoi! ces mets sontrils bien-échappés de ta boyche: IL gt heureux ! cruel} pouryu qua: de «a maux, On renronire l'anbli dans la seja des tembenax, : -- Qu'igyote les. tourmeus des purs qus l'on déchire: Qu'une mère succambe an denil , à son débires. à Qu'importe la nature el.$es cris sapariluss Daus le fond de la tombe on ne les entend plus ; On est heurepx.… (Cruel! Ma pitié t'ahandonne… Mais RO Rassure toi. Va ! mou cœur. te pardonne : Tun ‘as point entendu les lamentable cxis, L Dont ung mére en pleurs pedçmandait son fils. : Tes yeux ne | Sur ce marbri Le couvrir de D'un ffreus Pois à soh fi Adresser do: N'avat-\ : De se trou De rend: Et sa nt L'ingrar Et cond Eh b Yeneh Ettat Dis-m Yaut.- En : Cigx ) Tes yeux-ne l'ont point vu, ici s pâle; tremblante;, : Sur ce ntarbre glacé se pericher expiradté, : ‘ Le couvrir de baisers , et duiester vett foib, D'un affreux point d'honneur les. meurttières lois Puis à soh fils ingtat d'une voit prerqu'éfeinte Adresser doucemett sa maternelle plainte t N'avait-il pds promis 'einbelir ses vitix ans; De se trouvér ehcore entré ses bras mburans, De rendre quelque joue des Éonmeute à sd cendre la, Et sa mère au tombehu vient dé lé voir descendrt ! È L'ingrat ! ét t'a irakies Il a uaÿré sou CRT , Et condakh@ë sa imète à mourir de düuteur ! Eh bien ! Est-il heureux l'auteur de tant d'alarines;, Jeune honte ? Ah ! dans tes Yeux je‘ vois roulet dés dermé), Et ta mère sans doute @t-présuts k ion cœur: Dis-moi, Faut: aussi limimoler à l'honneur ? Faut-il auisi ; répohds, que lè fer sanguiniire, En déchitant toh sein aille égbrger ta mète ? Je ne te retiens plas 4 Tu restes ; tu frémis j Tu ni plès céminel; Embrassestmei, mon Ms. | Je faisais à toi ur imè craelle itjare, Ce éœur, il h'ést point éutd au cri de la mutare., Par l'ätnont 6 tü rhbre à lu vie énchutné ; Nôn, tù de roimpras prb ce lien fortèwe. | Mais: qüéi ! Péubif eëtor tu gardes lé ilenée 1 : Je te corhpfende. Peut-être Wme affreûce espérance, C192) Te berce en ce moment et flatte ton courrouxs La mort peut t'épargner et réserver ses coups, Pour le fatal objet d'une implacable haine ; | Ton bras peut assouvir sa vengeance inhumaine, Et de ta mére encor soutenir les vieux jours. . Ah! que ton bras plutôt t'épargnant son secours, Te livre sans défense au fer de l’homicide !. Et puissé-je plutôt voir sur ton frent livide, Les traces de ton sang , les horreurs du trépas, Que le sang d'un rival dégoûtant de ton bras! Tu ne sais pas encore de quel poids effroyabie, ï ” Le sang de la victime est au .cœur du coupable ; Quels terribles vengeurs poursuivent :les forfaits ; : : | O mon fils! puissés-tu ne l'apprendre jamais, . - Innocent, outragé tu ne.connais encore, Que les chagrins cuisans dont le feu te dévore, Hélas! il est un feu-cent. fois plus flétrissant , . Un feu dont la fureur s'accroît en vieillissant , Sur la terre allumé par le courroux céleste, Au cœur de l'assassin > il s'attache, il y reste, . Le ronge lentement et le suit chez les morts ; : O mon fils ; crains ce feu qu'allument les remords. Tu souffre; j mais ta main est du moins innocente. Ton sommeil est tranquille. Une ombre menaçante, Ne vient point t'éveiller de ses lugubres cris; : Tu ne vois point- des mots en traits de sang écrits ;- £ L.] S T'annoncer le ! Mon fils | garû Dés vétéran: Qui mettent c Et qui, pout Comptent a Ah ! ceux: N'entend : Ne les cro Mais lé ré La nature Ils l'enter À à som Vs verro Un tan: Et d'un L'impt. © mo Quels Je nr ( 193 ) T'annoncer' le trépas, l'heure de Σ veñgéäice ; Mon fils, gatde toujours cetté heüreusë ifiocentEn Des vétérans du meurtre > äffréux gladiätéurs, on Qui mettent chaque jour quelque famille éx pleurs, | Et qui, pour s'en vanter, égorgeañt des victirnes, Comptent avec orgueil le nombre de féurs cranés, AK : ceux-là te diront que leur cœur sans remords, : N'entend point cetté voix ef du sang et des morts, Ne les crois pas, mo fils, ils s'abusent éux-mêmés ; Mais lé réveil approche. A leurs momens suprêmes, La nature outragée aura repris ses droits ; Ils l'entendront enfin cette effroyablé voix ; A Ia sombre clarté des torches fanéräires , Ils verront , pléns d'eflroi , sur leur“ mains meurtrières, Un sang inéffacable, un säng äccusätéor, Et d'un affreui destitf, funeste av#tht-coureur , L'inplscable remoids dritié pour! léar supptice. O mon Dieu! quels tourmens leur garde ta justice... Quels sort attend Ré haut lés copablés imoitels...., Je réspecte en tremblant tés sécréts éternels, A ces mots il se têt. Une grande pensée Bemblait peser alots sûr son Aine éppréttée. , Son regard était fixé, et tout-à=coup $es yéu, : Brillans d'un feu nouveau s'élévaieit vers lés étuxS Or: eut dit que son âme à la terre rdvie, ù Allait revdir enfin sû céléste- pätrié; | ; { 194) Et bientôt sur la terre abattus, ses regards ; Erraient avidement sur les tombeaux épars, Comme s'il eut voulu, libre enfin d'y descendre, Des morts silencieux interroger la cendre, Écarter de ses yeux le terrestre bandeau , Et pénétrer vivant dans un monde nouveau. « O toi, dit-il enfin, toi qui d'un front tranquilles Courais braver la mort, y chercher un asyle, Jeune homme, as-tu percé cet immense avenir, : Qui commence au tombeau pour ne jamais fair ? Artu d'un ciel obscur éclairci les nuages ? Sondé cet océan sans fond et sans rivages ? Est-de un dieu de clémence, est-ce un dieu de courroux, Ge dieu qui nous attend, qui deit nous juger tous ? : Est-ce un jour de bonheur, est-ce un jour de vengeance, Le jour qui doit finir ta fragile existence ? | Tu n'en sais rien encor, jeune homme ; et tu pourrais »] P | D'un destin inconnu devancer les arrêts! Crains un affreux réveil à ton heure fatale, Crains de rentrer trop tôt dans la nuit sépulchrale. Ah ! moi-même courbé sous un doute accablant, Au bord de mon tombeau je m'arrête en tremblant ; Quelques faibles vertus me rassurent à peine, Et peut-être, à mon Dieu , j'ai mérité ta haine! Grand Dieu, quand les humains au tribunal traînés, | Pâles, dans la poussière à tes pieds prosternés, Attemdront de Peut-être en ce De tes fils égaré Tu pourras par Mais le cœur i Étcignit dans | Mais Je cœer Dieu vengeur Non, mon fil L'impitoyable Jeune homme Et peutrètre — Eh! bien Rousseau s ti Mais perme! Dont les abs Partout deva Me forcent ; L'opprobre ! N'importe. — L'honne (] Mon fils. Amener à Et Peut-êtr se tai L'aurore Ç | (195 } Attemdront de leur sort l'éternellé sentènce , Peut-être en ce grand jour signalant ta clémence ;: De tes fils égarés , excusant lé malheur; . Tu pourras pardonxer l'ignorance-et Ferreur; Mais le cœur inhumain qui de vengeance’ avide; Étcignit dans le sang une soif homicide, Mais le cœur qui n'a su pardonuer un affront;- Dieu vengeur ; pourra-t-il espérer le pardon ?...….. Non, mon fils; non-jamnais, Il a dicté lui-même. _ L'impitoyable arrêt de son malheur suprême. | Jeune homme, tu m'entends. Ton sort est dans tes mains, Et peut-être ce jour va fixer tes destins... — Eh! bien. Je saurai vivre et dévorer l'outrage.. Rousseau , tu m'as donné ee sublime courage ;. Mais permets-moi du moins de haïr ces -mortels,. Dont les absurdes lois , les préjugés cruels, Partout devant mes pas entr'ouvrant un abime Me forcent à choisir de l'opprobre ou du erime. L'opprobre !. Ah !.ce nom.seul réveillé ma fureur! N'importe. J'ai choisi. Je foule aux pieds l'honneur, _— L'honneur sera toujours le prix du vrai courage, | O mon fils, laisse-moi couronner mon ouvragè, Amener à tes pieds ton cruel ennemi, | Et peut-être , bien. plus ».te donner un. ami. » Il se tait, ik s'éloigne et disparaît dans l'ombre. L'aurore cependant succède à la nuit sombre ;. 4 ( 196 ) Ronssean ne revint pas. Vingt fois l'estre du jour, S'allama , s'éteignit sur les bois d ‘alentour ; ; Rousseau ne cherchait plus leur ombre tutélaire ; Rousseau ne venait plus y rêver solitaire ; 5. Ses jours étaient. complés ; et Rousseau n'était plus Sur ses restes mortels au tombeau descendus, Deux agys, qu'unissait un lieu plsin de charmes, | Vinrent confondre un jour leurs regrets et lears larmes : « O Rousseau, disaient-ils, janis encore du meins j- D'un spectacle bien doux qu'ont préparé tes soins ; : Vois nos cœurs désürmés ; et. jadis: ennemies, Vois nos mains sur ta Lombe k jamais réunies. » flartsd A, ÿ ae pa”) ( 197 ) | RAPPORT Par M: Paurs ; Membre résident. | Messieurs, re EL, Société sis. commerte, sciences et arts du département de la Harpe a avait de la question suivante: . « Quelle est, dans l'état actuel de la Frañcé » et dans ses rapports avec les nations étran- » gères, l'extension que l’industrie, dirigée vers » l'intérêt national, doit donner aux différens » genres d’inventions qui suppléent le tr avail de » l’homme par le travail des machines PP» Elle a décerné le prix du concours, dans sa séance publique du 7 août 1821, an mémoire de M: Paris, ancien sous-préfet. | L'importance de cette question, considérés sous un point de vue générak, et le grand intérêt qu’elle offre pour le département du Pas-de-Calais en particulier à cause de la fabrication de la dentelle , m'ont déterminé à veus présenter un | a: 198 J L aperçu du compte rendu de.ce mémoire par M." Tessier, dans le journal des savans du : mois d'avril 1822. Suivant l'auteur , les inventions qui suppléent le travail des hommes donnent une grande exten- sion à l'industrie, et 1l cherche. à prouver que, æ dans l’état actuel, les peuples modernes sont, > ainsi que les anciens, d'autant plus industrieux, » commerçans, riçhes et civilisés, que l'usage » des machines y est généralement adopté, de > sorte qu’il suffirait de la: connaissance exacte » des progrès de l'application des. machines et » des procédés chymiques aux arts industriels » chez les diverses nations dans tous les âges, » pour dresser un tableau comparatif. de degré » de civilisation, de richesse et de puissance » relative auquel étaient ou sont parvenus les > peuples des différentes parties du monde. » . Il établit l'utilité de tous les moyens qui éco- nomisent le tems, la main-d'œuvre et par consé: quent les frais de production. Il comprend parmi ces moyens ceux qui perfectionnent les produits , | bien ‘qu’ils ne réduisent ni le tems ni la main- _ d'œuvre. Quelqués-uns lui paraissent propres à _ faire produire, savoir : l'adresse manuelle oula dextérité, la- division du travail, l’amékioration des procédés rels; c’est d ment dans le M Paris ent la productio niques et pl M: Pari jections fait Il les expo à celles-ci : gleterre et dans les m duire, lesc travail » Sa de ses m: duction, L s0Mmant : nant au f préémine ‘sont très. dustrie I surée des des mach ag. qu'u les abrut lectuelle. | ( 199 ) des procédés , et l'emploi des machines et appa: eils ; c’est de ce dernier qu'il s’agit particulière- ment dans le mémoire. Sous le nom de machines, M." Paris entend tout ce qui facilite et perfectionne la production , c'est-à-dire, les instrumens méca- aiques et physiques et ds agens chymiques. M: Paris n'a pas laissé sans réponse les ob- jections faites contre l'introduction des machines. Il les expose successivement ; elles se réduisent à celles-ci : la crise politique qui travaille l'An- gleterre et qui, dit-on, a sa source principale dans les moyens faciles qu’elle emploie pour pro= duire , lesquels moyens deshéritent le pauvre du travail, sans dédommagement. L'encombrement de ses magasins, résultant de l’excessive pro- duction. Les ouvriers privés de travail ne con- sommant plus. L'introduction des machines don+ nant au fabricant aisé, qui peut Îles établir, une prééminence sur le petit fabricant, pour qui elles: _-sont très-chères , favorisant le monopole de l'in- _dustrie manufacturière et l'accumulation déme- surée des richesses, Enfin la crainte que l’emploi des machines n’exigeant des ouvriers qui les font agir. qu'un travail simple , toujours le même, ne les abrutisse, et n’affaiblisse leurs qualités intel- lectuelles, n'ayant plus besoin d'intelligence. ( 200 } =". * Paris né pense pas qué l'emploi des. rha- chines réduise #a clisse laborietse des oûvriers à manquer de travail, et il recomhaît que plus les machities 5e raultiphenrt dans wi pays et plus _ ke noibre des éuvtiens s’y âceroit, Il est de fait que la consommation d'ane mar- chandise augmente en proportion de ce que son prix baisse ; elle est à la portéé d'un plus grand nombre de personnes, et celles qui déjà en fe- saient usage en consomment davantage. L'auteur prend pour exemple le sucre qui, lors du Sys- tême continental, a valu en France cinq francs la livre. La consommation était alors de 14,000,000 de livres par an, maintenant que cette matière est de beaucoup meilleur marché la consomma- tion s "élève à à 80 900,000 de livres. | | - ya trente ans, ba consémniation da cotun wallait pas en France à trois 2silions de kilo- graranres, dont les déut tiers arsivarent du Levans. En 1812 elle s'est élevée à 11,000,00e, et en 1820 à. 23%,500,000.. : A l'égard dés iidchiniés simples, telles que le mécanisnte put” li déntellé et tes issus , il serait peut étré permis, Messieurs, de nié pas partager l'opinion de M." Paris, parce qué cés machires remplaçant en entier’ fe travail de l'homme et oe marche ne elles absor] que soit la pour y n Mais à n° ordre ph celles à + sant, se «ige et « Cravaux : l'exécuti sidérab] hardi à menten dans 1 tenner àlan propr qu'on ne p. vénie LL tures : Pind men d'a Peu. | (205 ) marche ne fesant pas ‘naître d’autres travaux j elles absorbent toute la main-d'œuvre, et, quelle “que soit la consommation, ‘elles. sont suffisantes pour y pourvoir, .sans le secours des ouvriers - Mais il n’en est pas de même des machines d'un ordre plus relevé. telles que, par: exemple, celles à vapeur ; où l'eau et le feu, en se réunis- sant, Se prêtent des forces qui tiennent du pro- «dige et donnent la possibilité d'entreprendre .des travaux auxquels on n'aurait pas songé ,.et dont Lexécution nécessite l'emploi d’un nombre con- “sidérable de bras. Îl ne serait peut-être pas trop hardi de dire que les machines de ce genre aug- mentent la quantité des subsistances de l’homme , dans le sens qu'appliquées à des, manéges elles Aiennent la place d’un grand nombre de chevaux à la nourriture desquels on consacre, des terres propres à produire. des comestibles. L'emploi qu’on fait de ces machines , dans la navigation ; ne peut que présenter des avantages sans incon- | vénient pour les ouvriers. = _ L'éncoinbrement dés ou: es ie -tures en Angleterre, cette espèce, de pééfhore de :Pindustrie britannique , qu'on:aftribue générale- ment à l'introduction des machinhés , : tient -à d’autres :causes ; suivabt l’auteur du mémoire: On peut. ‘considérer : comme l'une.des principales , | | 26 ( 206 } l'espérance des fabricans de cette mation de pour . voir au moment dé la paix, jeter sus le continent, ‘atec avantage , vie quantité immense de mar- ækandises. de leurs fabriques. Leur cupidité fut déçue par les progrès dans les fabrications qui st fesaient partout remarquer. et sirtout en France. €ette casse serait suffisante ; mais on peut y ajouter l’énormité de: l'impôt, la cherté dur pain, soutenue par. la défense de. l'importatin: des grains ,. tant que le quarter de fronrent est at- dessous de qwaire-vingt shiliugs. Enba ke sys- ‘tême de prohibition dont FAnglétesre a donné le dangereux exemple, et qui a réagi sur elle par la réciprocité des prehibitions. | Tel est l’objet de la première partie ‘du mé- moire de M. Paris ; dans la seconde, il tend à | prouver l'utilité, en France, de l'application des ‘machines aux arts industriels , relativement à la ‘richesse. « En moins de trente ans, dit-il, malgré _» la plus terrible crise politique, malgré les » guerres les plus meurtrières , malgré la perte + de nos ‘colonies et la longue privation de tout ‘» conmerce , là France a fait des progrès:si ra- -» pides dans Îles sciences, dams lès atis, que » k population s’est accrue d’un sixième, &t que » Ja fortune publique a plus que doublé par Fac- .» cumulation des capitaux de toute nature. :». : D À 0e fl à nt … | (27) de et le part que les machines ont ea dans l'augmenigtion des richesses et de la pouktion, on pourrait encore indiquer comme . eus d'imérodnction de la vaccine et la grande quantité de tarres rentrées dans le commerce par la suppressien , en France , de presque tous les établissemens de main-morte. . M'.Paris ajoute: d'autres assertions à l'appui de son opimog. de ne pourrais les déduire ici sans outre-passer les bornes que je dois mie prescrire et sans m’exposer à abuser de vosmomens; d’ ailleurs pour le faire avec quelque fruit il faudrait avoir ous les yeux l'ouvrage même. Mais je ne puis résister au desir de faire mention d'une objection importante que M." Paris se fait, et à laquelle il répond d’une manière .aussi juste qu’ingénieuse., en empruntant le langage de la physiologie. © Voici l'objection : la muktiplicité des manufac- tures, dira-t-on, bien que l'établissement .dès machines, pour ‘celles qui en'emploient., réduise de beaucoup ke nombre de bras, prive l'agri- culture d'une grande quantité d'individus, qui préfèrent: ce genre de travaux ,. moins pénibles et plus lucratifs. M: Paris répond que, dans un. État-vaste et poputeux, les intérêts de l’a- griculture, de l’indüstrie et. du commerce se confondeat. H ajouté : « On peut comparer l'in- ». dustrie: générale à une plante, dont l'i industrie ( 508 } » ägricoleest la racine , et les industries manufac- » turières et commerciales , les tiges. Si la racine souffre , les tiges languissent ; si les tiges sont malades , la racine, à qui la circulation ne ra: mène plus qu’une sève appauvrie , dépérit. La plante ne prospère que lorsque toutes les par- ties, jouissant d’une égale vigueur, la sève fournie en abondance par la racine, circule et s’élabore librement dans les tiges qu'elle alimente et grossit, et redescend en partie dans » Ja racine potr la fortifier. Cet organe devenu » plus robuste, remplit ses fonctions avec une » nouvelle énergie , transmet plus d’alimens aux » tiges, qui lui rendent à leur tour plus de sucs » élaborés ; échange de services qui ne s ‘arrêté » qu au terme désigné par la nature ». SL LÉ YO OS OX Ÿ M: Paris rappelle ensuite que la Hérdue et la chimie n'ont pas moins aidé l’agriculture que les arts, $oit par les usines rurales , le per- . fectionnemeut des anciens instrumens d’agricul- ture ,et l'invention des nouveaux ; par l’épuration des hüiles de graines , leur emploi dans la fabri- cation du savon; par la conversion des pommes de terre en alcool et par ses préparations ; par les amélioratiuns dans l’art ce faire le: vin ; par la fabrication du sucre de betteraves et de l’indigo _de pastel ; par le perfectionnement de la teinture de gara clos, la Enfin qu'on p dans Île nier , | cause € dont e _ Lay départ térêt : dans | comm ouvri. MP ce nc sieurs com] libre M. Calc £uss résu têm mis d'u hor ( 209 ) . de garance, la carbonisation du bois en vase clos , la distillation du vinaigre pyro-ligneux , etc. Enfin, le mémoire de M Paris, par l’idée qu’on peut s’en former, sur le compte rendu dans le journal des savans , du mois d’avril der- nier, est digne d'attirer l'attention publique à cause des questions qu'il traite et par la manière dont elles y sont traitées, _ La ville d Arras, et divers autres points du département. du Pas- de-Calais, ont un grand in- térêt à savoir si l'introduction des machines, dans {a fabrication des objets principaux de leur commerce , sera funeste ou favorable à la classe. ouvrière. Suivant ‘ les hypothèses posées par M: Paris , les ouvriers n’ont rien à craindre de ce nouveau systême. Quand on considère, Mes- sieurs , avec quel soin les choses humaines se compensent et, si Jose m’exprimer ainsi, S’équi- librent ; on est pôrté à adopter l'opinion de M." Paris, en mettant mêine: de côté tous.les calculs commerciaux qui entrent dans ses dis- cussions. Mais: si un dérangement momentané, résultat d’une forte impulsion donnée à un sys- tême quelconque, ne peut pas plonger dans:la misère une.partie considérable de la. population d’un royaume ; je ne puis. le garantir comme homme et je dais le craindre comme administrateur, \X (ere) | PROS HR EE RAPPORT NN SUR LES PERFECTIONNÈMENS APPORTÉS DANS LA CONSTRUCTION DES PLANOS, Par M: WVAGNER, Luthiér à Arras. Membres de le Commission nommée par la Sociék royale d'Arras. 5 MM. LazLarT, HALETTE, BERGÉ DE VASSENAU; Terwincx et CoT, rapporteur. . | ES ne a Le Mrsarons. | RS 7 92 M: Wager, domicilié en à œtt ville, Hatier ét facteur de pianos , lequel. a ‘déjà -obtéme un brevet d'invention et un derperfettionnement pour des améliorations qu'il a apportées dims la cons- truction de sés imstrumens , s’est’adressé à vons pa lettre ‘du 25 juillet 1823 , pour vous prier ‘de vouloir bien désigner une commission qui serait chargée d'examiner un piano qu'il vena de terminer et auquél il avait ‘adapté es diverses amkorations consacrées par kes brevets’ qui ti ! ent été rager le. aussitôt ous AY à l'exar ei vous obserr : Bési rédiger brérail connai ET auire | Reral claire: Chance Mani, FXPO: ( 217 ) ent éd accordés. Toujours empressés d’encçu- rager les arts et l’industrie, vous vous êtes rendus aussitôt au desir manifesté par M: Wagner, 6j vons âvez. nermmé une conmission pour procéder à l'examen aitentif des pianos dont H s'agissait, et vous rendre ensuite un corple exact, de ses JosenatDRe: pa ; 1 Désigné L par mes Lo éclléques pour rédiger ce rapport. je ne me suis chargé de ce ttévail qu'avec une extrême défiance. Le pen é connaissances que je possède dans là partie. d'art qui nous PCs, me rende moins. que. toit autre capable de m’en bien acquitter; je me bor- merai donc, Méssreurs ,:ä “vous détailler le plus clairement: qu’il'me- sera- possible , les divers | changemens imaginés par M: Wagner, dans la manière de construire ses pianos, et à vous Fxposer les réshltats que votre commission croit devoir en résulter. RE si e + #8 0 qui à à d'abbrä attiré notre attention dans l'examen du piano achevé”dans les ateliers dé M:'- Wagner; est le moyen aussi sjmple-qu'ingé- pieux , par léqnel ce Inthier.est parvenu à baisser tout Pacçord -du piago. d'un :demi,ion .. et. pour Jequel 31 a obtequ un brevet d'invention. : : ( 212) *" Depuis ‘lonigtems on se plaignait des inconvé» niens que présentait l'accord du piano, à un diapazon élevé, auquel la plûpart des voix ne pouvaient atteindre , et qui rendait souvent très- difficile l'accord avec les autres instrumens. On ‘était alors obligé de baisser les pianos ,..mais par cette opération les sons perdaient beaucoup de leur brillant et de leur force à raison de la “moindre tension dés cordes qüi ne permettait plus aux marteaux” de produire tout leur effet; ‘t il était en outre constaté que ces changemens fréquens nuisaient. beaucoup .à la ,solidité de la table de l'instrument et à l'aptomb -de du. . Le TT imaginé. Fe M: Wagner fait dis. PAP tout ces inconvéniens graves.: TS | . ue - PTE DES ose us . . Un espace vide. de la dimension d’une touche ; sets ménagé à gauche du clavin, pérmet à cetté partie de l'instrument un mouvement de va et vient, qui s'obtient à volonté au moyen d'u petit levier placé dans d'espèce de boite qu ter- mine l'instrument ? à gauche. in | " suffit d'enlever la Jausse iotiche et de faire ‘faireun mouvement au /evier pour fairé descendre le clavier d'üb- deri tori ; de façon qi’en exécu: tant la musique comme ellé‘est notée. il arrive cependan de celui q . fait mouv il à subs avons pa est beauc quelque qui pou nombre Nous à sible obt notes de noles ad Dans marteaux ‘en-desso “Couper, Agnes q da table: Point de ‘$SOn Sec; désagré: Suivar les Marti la Corde un: laqu | { 20ÿ ) cependant qu'on joue un demi ton au-dessous de celui qui est marqué. M." Wagner avait d’abord . fait mouvoir le clavier à l’aide d’une pédale, mais il a substitué à ce moteur le levier dont nous avons parlé. Le mécanisme de ce dernier. moyen “est beaucoup plus simple , moins sujet à éprouver quelque dérangement, et obvie à la confusion qui pouvait quelques fois résulter du trop grand mornbre de pédales. Nous avons ensuite reconnu l'amélioration sen- _sible obtenue par M." Wagner, relativement aux “notes des cinquième et sixième octaves, dites Roles additionnelles. Dans l'ancienne méthode de construction, les marteaux qui attaquent ces notes étaient placés ‘en-dessous de /a table qu'on était obligé de -couper, de manière qu'il ne restait que quelques lignes de creux entre le chevalet et l'assiette de Ja table; dans cet état, les cordes n’avaient présque -point de vibration, et. ne pouvaient rendre qu’un son sec et dur , ce qui occasionnait une inégalité désagréable dans l’harmonie. Suivant le mode adopté par le facteur d’Arras ; les marteaux sont placés en-dessus , et frappent _lk corde de même. Une petite platine de cuivre, sur laquelle viennent s’attacher les cordes , permet 27. { 210 ) de laisser toute son étendue à Za fable, qui se prolonge en-dessous , et conserve par ce moyen aux notes üdditionnelles une force et une harc monie qui les met en rapport avec les basses. Un second brevet a été accordé à M. Wagner, pour ce perfectionnement, dont on a apprécié tout l'avantage, | Une pédale harmonique a. été ait i ima- . ginée par ce luthier ; si cette addition au piano n’est pas une amélioration apportée dans sa cons- truction, elle ajoute au moins de nouveaux charmes à ce bel instrument, en procurant la facilité de varier ses chants, et en produisant une qualité de sons que l’on n'avait pas encore “obtenue. Rien n’est plus simple que le moyen employé. pour obtenir les. sons harmoniques; ane petite tringle. de bois garnie. de peau de buffle, adaptée au-dessous de la fausse fuble, _.st mise eh jeu par une pédale, et vient barrer toutes les cordes dans leur juste milieu, de ma- ‘pière à les hausser d’une octave., et à leur faire rendre Îles sors harmoniques; rien n'est plus doux, plus suave que sons produits par cette pédale. - de dois. du vous Nouie, Messieurs ; d'un autre perfectionnement dont M. WVagner vient d’avoir | employé | légers mai pairement _ cuivre , contre la ricure du vait que forte, gé teaux ; o: les maint petits ma l'instrum M:rv adaptant thes de ] serre pl marteaux l'on juge s'opère ne Sont | ‘ dans lé C agité ave . Mrw le perfec (211) d'avoir l’idée tout nouvellement et qu'il a de suite employé dans la construction de ses pianos. Les légers marteaux qui frappent les cordes sont ordi+ pairement maintenus dans de petites fourches en cuivre, dont les deux branches font ressort contre la goupille qui traverse l'extrémité imfé» ricure du manche des marteaux. Souvent il arri+ vait que ces fourches, opérant une pression trop forte, génaient les mouvemens rapides des mar teaux ; ou bien par un effet contraire elles ne les maintenaient pas assez, de façon que ces petits marteaux s’échappaient quelquefois, lorsque l'instrument. était touché avec Hop de violence: M. Wagner a remédié à ces convénens en adaptant une vis qui, traversant les deux bran- ches dé la fourche en cuivre, vers le bas, les serre plus ou moins à volonté, et maintient les marteaux invariablement au degré de mobilité que l'on jugé convenable de leur donner, sans qu'il s'opère de frottement. Les marteaux ainsi montés ne sont plus sujets à aucün dérangement, même dans lé cas où l'instrument serait HAnspone ou agité avec force. . _. M: Wagner nous a déclaré être dans l'inten on de demander un nouveau brevet qui constate le. perfectionnement que je viens de signaler. . , (212) + : Ïl me.reste, Messieurs, à vous instruire de . l'effet qui nous a paru résulter de ces diverses améliorations. Nous ne pouvons que donner des éloges à M.: Wagner : ses pianos et particulière- ment celui que nous avons examiné, ont une qualité de sons supérieure; une grande égalité entre les notes élevées et les basses ; un moëlleux et une précision rares, et une facilité bien pré- cieuse pour l'exécution. Ainsi que nous: vous l'avons dit au commencement de ce rapport, la faculté de baïsser l'accord d’un demi ton, nous a -paru inappréciable par la facilité qu " donne d'accompagner la voix sans que l’on soit obligé de faire toute la partition, moyen aussi difficile que long et nuisible à l’instrument. Plusieurs artistes et amateurs ont bien voulu nous aider dans notre travail, en exécutant sur le piano qui en était l'objet, différens morceaux qui nous mettaient à même d'apprécier l'instru- ment dans son ensemble et dans les différentes modifications que nous avons décrites, et ces expériences nous ont confirmés dans l'opinion que le piano dont il s’agit est très-bon sous tous les rapports, et parfaitement construit ; les connaissances que M. Wagner possède dans son art, et la rare intelligence que dénotent ses tra- vaux, nous font concevoir. l'espérance qu’il ne | _s'arréter: pourra p. parfaits. : sieurs an plus d'a réputatio vendique Nous miner ce comme 1! perfectio: cipale de lui soit « ( 213 ) _s'arrétera point dans ses lrecherches, et qu'il pourra parvenir à rendre ses pianos encore plus, parfaits. Ses ateliers en activité déjà depuis. plu- sieurs années, prendront sans doute chaque jour plus d’accroissement et lui acquerreront une réputation honorable que notre ville pourra re- vendiquer un jour. | Nous pensons donc, Messieurs, devoir ter- miner ce rapport en vous signalant M. Wagner comme méritant de fixer votre attention par les . perfectionnemens qu’il a ajoutés à la partie prin- cipale de son état, et nous concluons à ce qu'il lui sait décerné une médaille d'encouragement. (214) EA VOIX DES SIÈCLES, POÈME Par M: HARBAVILLE, Membre résident. Le voile de la nuit s'étendait sur Ja plaine; . D'un monument de la grandeur romaine - Les derniers feux du jour éclairaient les débris : Ce silence, ces lieux, portaient dans mes esprits. Une sensation profonde. | | | Ici, me dis-je, ici, César a médité Des attentats contre la liberté De la reine altière du moade : Ici peut être, il a forgé ces fers Qui l'accablant , ont vengé l'univers. Rome n'est plus que l'ombre d'elle-même, Cent peuples ont passé, de leur moment suprême Ils ont subi l'irrévocable loi. . Eh quoi ! pensai-je eu mon secret effroi, Quelle est donc cette force avide de détruire Qui tour à tour élève chaque empire Et sous ses pas les efface bientôt 2 Comme dans la:mer agitée, Par l'effort des vents tourmentée, Ces au Des st Jusqr De | — (215) | Ua flot repousse et chasse dn. #utre flot. Pendant que je cherche à comprendre Ces augustes secrets de la divinité, Des siècles écoulés la voix se.fit entendre. Et m'apporta sa profoude clarté. . Jusques à quand, mortel, d'une plainte importune _. Accuseras-tu la fortune De te rendre jouet d'un caprice, odieux ? Le ciel prévenant tous’ tes vœux, T'avait douné les vrais bieus en partage; Ton malheur est ton propre ouvrage) La cause en est en toi, l'homme. e.fait son destis. Contemple du passé le tableau trop certaia ; Il te montre partout cette terre sacrée : De pleurs et de sang abreuvée ; | _ Ces monumeus pompeux | Qui couvrent les deux 'hémisphères, Ces débris plus fameux . Preuve d’orgueil et-de, misères Qui d'un athme.faible attestent les fureurs Accuses-tu le sort de tent d'hotreuts, . Ou l'homme dont la main entesce les rainés , Funeste résultat des guerres, des fanines, à Suis mei; bous ces:môhceaux épars Tu cherches vainement Babylone et Carthage : Ils ns sont glus leurs céljbres remparts ! - : À | ( 216 ) * Près du Liban, sur ce rivage, . A ces toits désolés livrés à l'abandon Reconnais-tu l'opulente Sidon ? Demande aux bords du Nil, à la Grèce, à l'Asie, Leurs superbes cités, leurs peuples et leurs lois? L'ambition parla, tout périt à sa voix, Où régnaient tous les arts, règne la barbarie, Son bras s'arma de haches, de flambeaux ; En un instant sa rage dévorante Fit succéder à la foule vivante | Le silence effrayant et la nuit des tombeaux, Tu frémis...… De‘ nos jours ne vois-ta päs encore Les tyrans du Bosphore | Décimer lâchement un peuple infortuné Pour prix dé l'héroïsine à périr condamné : De Scio vois tomber les temples, les murailles, . L'hymve des funérailles Retentit seul sur les malheureux bords Qu'Homère a sû charmer ‘par ses divins accords. Ainsi l'homme toujours à l'exemple rebelle - . Se fonde iüne’ gloire cruelle . Dans des triomphes abhorés, Bien plus heureux-.ces siècles ignorés : Qui s'éconlerent en silence : _: + ÆEt'dont.le cours a l'apparence. - : Du paisible: ruisseau qui travérse saris non Not D'un Que d Lo ( 27.) Le .. qu'il a rendu féond, : : Du boñheur ces tems sant l'image ; Sans doute‘ils ‘ent produit des mortels généreux ” L * Dont Fa sagesse égalait le courage, “Et qui par des efforts nombreux : ‘°° . Sûrent se dévouër au bien de lear patrie Et nourrir dans l'état üne ot ee: ne | Pourquoi ‘sont-ils doné i inconnus u Ü | C'est qu ‘ils n ‘avaient que des vertus. LR De | Abh,s ‘ils avaient ensanglanté la terre >, Do Traité le genre humain comme un peuple ennemj, Porté partout et le deuil et. la guerre, Leurs noms auraient triomphe de l'oubli : : Les monumens à à défaut de l'histoire Les auraient ‘signalés | à la. postérité £ : Faut-il ‘hélas + fouler l'humanité . Pour acquérir des titres à la gloire, | | _. Amage.du règne du mal, . 4 Délire trop fatal, Notre âge te repousse, et son expériencè . D'un plus doux avenir nous offre l'espérance, C'est le calme après les autans. Ainsi perdu dans le déert- aride Que dispute aux lions le” féroce Numide , * Le voyageur lassé de ces sables brülans 28 . Lé (218) Recherche avidement es îles de verdure 5° “Que la prévoyante nature ‘: Sème -pour tempérer l'ardeur de ces climats. Mânes vainqueurs des tems.et du trépas, Sages dont les écrits sont brillans de lumière, De nos erreurs secouez la poussière’, Qu'à votre voix le monde abjurant ses forfaits De, la. concorde éprouve les bienfaits. ‘Après tant de malheurs l'Europe se réveille ; ; ‘Le cri de la raison a frappé son oreille, Elle à proscrit de stériles exploits ; 5 Soalevant le bandeau de la rouille gothique ; ‘Pour la félicité publique | Les trônes sont assis sur la base des loiss Enfin l'esprit humain dans sa marche rapide : Géant indomptable , intrépide , si D'une trop longue enfance en Rens la prison Arrive à l'âge de raison : C’est un torrent gônflé par les’ oräges, Qui d'un mont sourcilleux: blanchi par les frimats Se précipite avec ‘fracas | Annoncant des ravages 2 Son -onde à -flots tumultueux Se presse en écumant et déborde sa rive : Eu vain pour le dompter une foule craintive Épuise ses efforts. Son cours impétueux | (279 ) . Renverse en un instant l'impuissante barrière _ Qu'une main téméraire: : Oppose à sa fureur ; | . H sème sur ses ” l'épouvante et l'horreur ”. ÆEntraine les moissons , inonde la: prairie : Et le. vallon n'est plus qu'une mer en furie, Mais si de la prudence empruntant le secours Sans l'arrêter on sait guider son cours , On le voit égalant la Tamise ou la Seine, : Fleuve majestueux nullement redouté, | D'un. limon bienfaisant fertiliser la plaine Y porter l'abondance et la fécondité, (:220 } L PROGRAMME DES FEI POUR 1824. — + EL, Société royale d'Arras propose pour Prix X décerner en 1824 , les sujets suivans : Le SUJET. — AGRICULTURE. Mémoire sur les améliorations dont T'agricul- ture est susceptible dans le département du Pas- de-Calais. Prix : Une médaille d’or de la he de trois cents francs. Ir SUJET. — ÉCONOMIE POLITIQUE. Quelles sont les principales causes de la men- dicité dans le département du Pas-de-Calais, et quels seraient les moyens les plus efficaces d'y remédier. Prix : Médaille d’or de la valeur de trois cents francs. Ar SUJET. — PoËsiE. Pièce de deux cents vers au moins suÿr ce sujet : Epitre qu'un fils , au sorür de ses études, Can) adresse à: son père pour le prier d’être son guide dans le choix d’un état. — Réponse du père. Prix : Médaille d’or de la valeur de deux cents francs PR | IV." SUJET. — PROSE. ” Notice historique sur la vie et les ouvrages | de l'Abbé Proyart ( Liévin-Bonaventure ), né à Bouchÿ - les -Ayette, arrondissement d'Arras, canton de Croisille, en 1743 et mort à Arras, _ le 23 mars 1808. : La Société déternera une médaille d'encous ragement à l’auteur de la meilleure notice V." SUJET. — ÉCONOMIE AURALE. Nouvelle méthode de bornage, pour les terres; qui ne soit pas plus dispendieuse que celle dont on fait aujourd’hui, mais qui rende plus difficile lé déplacement des bornes, ét soit plos simple et plus précise dans ses moyens de vérification, La Société décernera une médaille d’encoura: gement à l’auteur du meilleur mémoire. CONDITIONS GÉNÉRALES. Les ouvrages envoyés au concours, pour 1824; devront être adressés, francs de port, au Se- _crétaire perpétuel de la Société royale d’Arras ( 222 } et être: parvenus avant le 1." juillet, terme de rigueur, | | | ‘Les concurrens né se feront connaître ni direc- tement, ni indirectement ; ils joindront à teur ouvrage un billet cacheté qui contiendra leurs. nom, prénoms, quahtés et domicile . et qui indiquera extérieurement l'Épigraphe- mise en tête de l’ouvrage envoyé au concours, afin. d'éviter toute erreur. | Aux termes des réglemens de la Société, on ne- fera l’ouverture que des billets. applicables aux ouvrages couronnés ou mentionnés hono- rablement, et elle aura lieu en séance publique ; les autres billets seront brûlés sans être ouverts. La Société ne rendra aucun. des ouvrages qui lui auront été adressés. Les membres résidens ou honoraires sont seuls exclus du concours. * MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME. - Page. os d'ouverture, par M." Thellier: de. ,. Sars, Chancelier. . . : . PRIT. À Rapport : sur les Travaux de la Société, pe : M: T. Cornille, Secrétaire perpétuel. . : 8. PR Rapport sur les Concours de l’année 1823 fait à la séance publique du 26 août, par. M: l'Abbé Herbet, membre résident. . 39. CR Noms des Auteurs dont les ouvrages ont été - couronnés ou mentionnés honorablement. 64. Le Duelliste, poëme couronné , par M: N. Chatillon. : . ...... GA aa OD. Essai sur les Romans et le genre roman- tique, par M. H. Come, Avocat à Douai. 95. + Essai sur l'origine et l'antiquité des Com- munes du département du Pas-de-Ca- | lais, par M." Harbaville, membre résident. 116. Lu ( 224 ) Notice sur les Lycoperdon de Linné et sur une nouvelle espèce de Carpobolus de Mich. , genre à ajouter à la Flore Fran- çaise, par J. B. H. J. Desmazières, membre .correspondant. . .…,..,.,, Page: 142. Couvertures de paille incombustibles par . | M. Tillette-Mautort. ........... Rapport sur ne Trombe, par M" Des. .. marquois, membre correspondant. . .. 157. 164. Notice sur la culture du grand-Maïs de Pen- . . sylvañie, par M." Harbaville, membre résident. . .. Re Rousseau et le Duelliste , poëme qui a ob . tenu la 1. mention honorabie, par M’ | ‘Corne, d'Arras di SR Rapport de M." Philis concernant l'industrie. Rapport sur les perfectionnemens apportés dans la. construction des Pianos par M: Wagner, luthier à Arras. ...... La voix des Siècles, poëme par M Har- baville, membre résident... .....:: Programme des Prix pour 1824 7 a D CD EEE Le: Lé,; de la Viande et la taxé du Pain. 4 /X Tocrs PE LA VIANDE TAXE DU PAIN ntriqueP KILOGRAMME. AU KILOGRAMME 1/2. de Mouton.[Cochon.f Blanc. Bizet. mecs À M'' #7 "€, 0 n 48 114] » 38 3, 1, 48 34» 38 314 dE: ” 5y 1[4l» 45 9° ». 57 1141» 45 4 60 EE Gi, 60 » 47 Fe I 6o » 47 ob. t Gt » 49 PL | 54 38» 45 74% 54 38 43 314 ° 0h 48 34» 40 sd. L 52 1[2ln 42 25. Se gr qe 8900u1?7e8c7 b890041/72227a Digitized by Google